Elle ne viendra pas. Lundi soir déjà, à 48 heures de l'ouverture officielle du Festival de Cannes, ils étaient pourtant plusieurs à l'attendre devant les marches du Palais des festivals.

 

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Campeurs atypiques, agglutinés sur un terre-plein exigu au milieu du boulevard de la Croisette, autour de leurs «lits» de fortune: chaises pliantes et escabeaux de photographes. Une douzaine de badauds qui espéraient encore, hier matin, la venue sur le tapis rouge de Carla Bruni-Sarkozy, à l'affiche du nouveau film de Woody Allen. Midnight in Paris ouvre ce soir le Festival, hors compétition.

«Vous savez qu'elle ne viendra pas...», leur ai-je lancé, de manière insouciante.

- Ce n'est qu'une rumeur! m'a répondu du tac au tac une dame dans la quarantaine, qui avait l'air peu encline à la blague. À ses côtés, un homme dormait sur sa chaise de métal, une serviette de plage multicolore lui recouvrant le visage.

Ce n'était pas qu'une rumeur. Au même moment ou presque, la célèbre femme du président français confirmait, sur les ondes de la radio RTL, qu'elle ne serait pas de la fête: «J'en rêvais (...) et je le regrette, je ne peux pas le faire pour des raisons personnelles, pour des raisons professionnelles, malheureusement.»

Pourquoi autant d'intérêt pour la première dame de France? Parce que Carla Bruni est une star, contrairement, disons, à Laureen Harper. Mannequin devenue chansonnière à succès, elle joue dans le plus récent film de Woody Allen, tourné à Paris, une guide de musée. Un «très petit rôle», de son propre aveu.

On s'intéresse aussi beaucoup à Carla Bruni, ces jours-ci, parce que la rumeur persistante, née dans la presse à potins puis relayée dans les médias dits «sérieux», veut que Mme Sarkozy, 43 ans, soit enceinte. La principale intéressée ne confirme ni ne dément la nouvelle, contribuant bien sûr à nourrir toutes les spéculations. Des jumeaux? se demande le magazine Elle. Pourquoi pas des triplets? Qui dit mieux...

Bref, ça potine à qui mieux mieux aux quatre coins de la France. Les publicitaires français ont d'ailleurs saisi la balle au bond. Lundi, à la une de Libération, dans un encadré rose bien en vue, une entreprise de vêtements de maternité (enviedefraise.fr) demandait: Alors Carla, envie de fraises ou pas?

Je lui aurais plutôt demandé: Alors Carla, envie de presse ou pas? L'auteure de Quelqu'un m'a dit évite-t-elle la Croisette en raison de sa meute de journalistes et leur lot de questions indiscrètes? Ou encore parce que le Festival a programmé, en sélection officielle, La conquête de Xavier Durringer, qui raconte l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy?

Who knows, comme dirait l'autre. La conquête s'annonce déjà comme l'un des événements du Festival. Même si personne n'a vu ce film que tout le monde commente, en particulier dans l'entourage du président. Le film, qui «inquiète» et intrigue à la fois Carla Bruni-Sarkozy - elle a déclaré hier être intéressée à le voir -, sera présenté hors compétition le 18 mai. Denis Podalydès incarne M. le président.

En l'absence de la première dame de la République, les badauds devront se rabattre sur d'autres stars, ce soir. Celles du film d'ouverture, notamment: Owen Wilson, Adrien Brody, Rachel McAdams et Michael Sheen. Marion Cotillard, aussi au générique, ne sera pas de la soirée, avec son amoureux Guillaume Canet, pour gravir les 24 marches du Palais. Elle est enceinte jusqu'aux oreilles.

Des «pipoles», comme on dit au pays de Maupassant, ce 64e Festival de Cannes nous en promet en masse. À commencer par le président du jury de la compétition, Robert De Niro, et ses jurés Uma Thurman et Jude Law. (Permettez à ce sujet un message privé à ma blonde: ben oui, je vais lui dire à Jude que tu le trouves beau. Hey Jude! T'en reviendras pas: ma blonde te trouve beau...)

À la tombée du jour, on attend aussi Johnny Depp (avec ou sans Vanessa Paradis?), Sean Penn (avec ou sans Scarlett Johansson?), Penélope Cruz (avec ou sans Javier Bardem?), Brad Pitt et Angelina Jolie (ces deux-là arrivent en paire) et bien d'autres acteurs de la trempe de Charlotte Gainsbourg, Charlotte Rampling et Catherine Deneuve.

Certains curieux, rencontrés hier devant le Palais, n'attendaient pas du tout Carla. Ils attendent Lady Gaga, également annoncée à Cannes aujourd'hui. Elle doit venir chanter sur le plateau du Grand Journal de Canal Plus, installé en bordure de mer, et repartir aussitôt faire ailleurs la promotion de son prochain disque. Parions qu'il y aura un sérieux attroupement là aussi. Pis ben des jeunes femmes habillées bizarre.

Du plywood 3/4

Ça m'étonne chaque fois, mais à 24heures du coup d'envoi, il n'y a toujours pas de tapis rouge sur les marches du Palais des festivals. On installe la prestigieuse moquette à la dernière minute; pour ne pas la salir, il faut croire.

L'accès au Palais avait toujours l'air, hier soir, d'un nouveau projet de condos à Rosemont. À l'oeil nu, je dirais qu'on n'a pas «cheapé» sur le plywood cette année. Du 3/4 de pouce plutôt que du 5/8. Pas pu vérifier: le gars des clous n'accordait pas d'entrevue.

Heureusement, le bunker de béton nommé Palais a été élégamment drapé pour la grande occasion de 3 toiles noir et or, de 25 mètres sur 11 mètres, en PVC (pour rester dans le détail de cour à bois).

Sur la toile, à l'honneur, les jambes gracieuses et le visage anguleux de Faye Dunaway, magnifique, photographiée en noir et blanc, en 1970, par Jerry Schatzberg (Grand Prix à Cannes en 1973 pour Scarecrow). Une image qui fait rêver. Comme le menu de ce festival, qui roulera jusqu'au 23 mai...