C’est entendu, le milieu du cinéma accorde beaucoup trop d’importance aux prix que remet la Hollywood Foreign Press Association (HFPA). Au regard de sa signification réelle, la cérémonie des Golden Globes ne devrait pas attirer plus d’attention que celles tenues par les autres associations de journalistes.


À vrai dire, on prête même habituellement aux différents cercles de critiques, qu’ils siègent à New York, Los Angeles ou ailleurs, une crédibilité professionnelle beaucoup plus grande que celle dont jouissent (ou plutôt ne jouissent pas) la plupart des membres de la HFPA. Au nombre d’environ 90, ces scribes travaillant pour des médias étrangers (souvent obscurs) ne sont pas obligatoirement spécialisés en cinéma ou en télévision, ni même associés au domaine culturel parfois.


Il se trouve pourtant qu’à tort ou à raison, la cérémonie des Golden Globes est devenue incontournable aux yeux des gens de l’industrie du cinéma à Hollywood. Même si ce n’est plus le cas depuis longtemps dans la pratique, les GG servent encore de « baromètre à Oscars » dans l’esprit de certains intervenants et des médias. Puisque c’est toujours à la soirée des Golden Globes qu’a lieu le plus beau party de l’année à Hollywood, l’effet est trompeur. Les artisans du cinéma et de la télévision y étant célébrés ensemble, la salle de bal de l’hôtel Beverly Hilton constitue probablement l’unique endroit du monde où l’on retrouve autant de vraies stars au pied carré.

Seulement dans les catégories d’interprétation du volet cinéma, les présences de Jodie Foster, Kate Winslet, Charlize Theron, Meryl Streep, Glenn Close, Michelle Williams, George Clooney, Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Ryan Gosling et Jean Dujardin sont pratiquement assurées. S’ajoutent ensuite les noms des acteurs qui se sont distingués dans des œuvres conçues pour la télé : Diane Lane, Emily Watson, Jessica Lange, Maggie Smith, Evan Rachel Wood, William Hurt, Paul Giamatti, Guy Pearce, Tim Robbins.

Les membres de la HPFA auront même l’honneur d’accueillir le couple princier d’Hollywood. In the Land of Blood and Honey, une réalisation d’Angelina Jolie, a en effet été retenu dans la catégorie du meilleur film de langue étrangère. À ceux qui demandent comment la chose est possible, soulignons que la langue entendue dans ce premier long métrage de fiction de la conjointe de Brad Pitt est le bosnien.


Il convient d’ailleurs de souligner que le processus de sélection dans cette catégorie n’a strictement rien à voir avec celui des Oscars. On aurait ainsi tort d’y voir un quelconque présage au chapitre des finalistes. Des cinq films de langue étrangère sélectionnés par la HFPA, seulement deux d’entre eux ont des chances réelles de participer à la « vraie » course en février prochain : The Flowers of War (Zhang Yimou) et Une séparation (Asghar Farhadi). Le gamin au vélo et La peau que j’habite, ignorés par leur comité national respectif, sont d’ores et déjà écartés. Quant au film d’Angelina Jolie, il ne répond pas aux critères de l’Académie (les films américains de langue étrangère ne sont pas admissibles). Il n’y a ainsi pas lieu de se désoler de l’absence de Monsieur Lazhar, très beau film de Philippe Falardeau, dans la liste des nommés. Rien n’est encore joué.


L’heure juste

Au-delà des ratés, des omissions (aucune nomination pour The Tree of Life ?), des trafics d’influence dont s’était allègrement moqué l’animateur Ricky Gervais l’an dernier à la face même des membres de la HFPA, il reste qu’on ne peut manquer cette soirée. Qui se distingue beaucoup plus par la qualité du spectacle que par les prix qu’on y attribue.
Depuis maintenant plusieurs années, il vaut d’ailleurs mieux se tourner vers les syndicats professionnels pour obtenir l’heure juste sur les Oscars. La veille de la conférence de presse des Golden Globes, la Screen Actors Guild, dont les membres sont les plus nombreux au sein de l’Académie, a annoncé ses nominations en vue de son propre gala (le 29 janvier). Même en se limitant à cinq sélections plutôt que 10 dans les catégories dévolues aux rôles principaux, les acteurs ont trouvé le moyen de distinguer quelques performances plus inattendues. Dans votre pool à Oscars, il vaudra probablement mieux miser sur Demian Bichir (A Better Life) pour décrocher une nomination dans la catégorie du meilleur acteur, et sur Nick Nolte (Warrior), Arnie Hammer (J.Edgar) et Melissa McCarthy (Bridesmaids) pour les rôles de soutien. Ces noms ne seront pourtant pas mentionnés aux Golden Globes.