Arcade Fire donnera un concert gratuit à Place Longueuil ce soir. Le groupe montréalais, qui ne voulait pas ébruiter la chose, a fait parvenir une demande de permis à la Ville le 28 mai dernier pour jouer dans l'immense stationnement de ce centre commercial, tout près du restaurant St-Hubert.

Le conseil d'arrondissement de Longueuil a approuvé la demande du groupe hier soir. Le spectacle commencera à 20 h 30, mais ne pourra se terminer passé 21 h 45. Après un concert privé à Montréal au cours du week-end et deux concerts au théâtre à Sherbrooke hier et lundi, Win Butler, Régine Chassagne et les autres souligneront donc la parution le 3 août (en Amérique de Nord) de leur album The Suburbs en se produisant justement en banlieue de Montréal.Arcade Fire ira très bientôt chanter en Europe avant de revenir jouer à Québec, à Ottawa et au festival Osheaga du parc Jean-Drapeau le 31 juillet. Lundi soir, à Sherbrooke, Win Butler avait le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Régine Chassagne itou. De retour sur les planches québécoises après trois ans d'absence, le couple rayonnait sur la scène du théâtre Granada où Arcade Fire a choisi de lancer sa nouvelle tournée mondiale.

Une soirée électrique qui s'est conclue par une version acoustique du désormais classique Wake Up, choeurs du public en prime. Le nouvel album du célèbre «groupe des sept» montréalais, The Suburbs, ne devant paraître que le 3 août, l'occasion était belle, dans une magnifique salle intimiste, de découvrir les pièces inédites de l'un des chouchous de la scène indie rock mondiale.

Au total, sept nouvelles chansons sur quinze, à commencer par The Suburbs, sculptée dans le pop orchestral, avec un refrain accrocheur modulé dans les suraiguës par Win Butler. À la batterie, Régine Chassagne appuyait Jeremy Gera, pour le double d'intensité rythmique.

Attentif au répertoire inédit, le public a découvert une autre nouveauté vitaminée, Ready To Start. Hymne mélodique au parfum new wave, avec une finale répétitive et incantatoire, comme seul Arcade Fire en a le secret.

Mur de musiciens à l'avant-scène, Keep the Car Running, tiré du précédent album Neon Bible, a enflammé un public conquis d'avance, venu de l'Estrie, de Montréal, des États-Unis, de l'Ontario et même du Japon. Quelque 1200 spectateurs au total (autant sont attendus ce soir, au même endroit) pour une salle archicomble. Dans la foulée, une autre nouveauté, We Used to Wait, empreinte de l'esthétique rock des années 80 - à l'instar des coupes de cheveux asymétriques des musiciens -, puis No Cars Go, pièce des premiers jours au rythme militaire, reprise sur Neon Bible.

Régine Chassage est réapparue derrière son accordéon - les instruments ont, comme toujours, souvent changé de mains -, avant de se lancer, avec sa gestuelle théâtrale, dans une interprétation sentie d'Haïti. Charmants déraillements d'une voix qui a pris bien de l'assurance depuis six ans. Après Intervention et son intro d'orgue d'église, on a découvert trois autres nouveautés, dont Rococo, avec son crescendo brumeux au rythme lourd, sombre, presque baroque. Tranchant ensuite avec un bref duo Win-Régine sur fond de guitares tonitruantes, la très pop Modern Man a une nouvelle fois évoqué une parenté «eighties», façon Talking Heads.

Le spectacle d'hier à Sherbrooke avait beau être leur premier depuis des lustres (exception faite d'un concert privé pour 75 personnes à Montréal, le week-end dernier), les sept musiciens d'Arcade Fire (Régine Chassagne, les frères Win et Will Butler, Jeremy Gera, Tim Kingsbury, Richard Reed Parry et Sarah Neufeld, accompagnés d'une seconde violoniste), ont paru soudés comme s'ils étaient en tournée depuis des mois. L'énergie était constante, renouvelée et contagieuse.

À l'heure de jeu, les hymnes de Funeral, Neighborhood #1 (Tunnels) et #3 (Power Out), dont Win Butler a eu l'air d'oublier momentanément les paroles, ont fait vibrer de plus belle une foule déjà en liesse. «Merci d'être venus. Ça fait du bien d'enfin donner un spectacle», a déclaré le chanteur, que je n'avais jamais vu plus heureux d'être sur scène, serrant des mains, tout sourire.

Au rappel, la punkisante Month of May s'est fondue dans un brouillard de notes avant de se muer en Rebellion (Lies), émouvante de puissance, prolongée par le «oooh-ooooh-oh-oh-oh-oh-ooooh-oooh» collectif du public. Au dessert, Wake-Up, pour des spectateurs qui n'avaient besoin d'aucun remontant.

Seul regret: la trop courte durée (1 h 20) du spectacle, impressionnant de maîtrise, d'un groupe arrivé à pleine maturité (après trois albums et un EP), puisant à de multiples sources musicales en imposant une signature unique et irrésistible.

Arcade Fire sera au Festival Osheaga le 31 juillet à Montréal, avant de s'attaquer, en tête d'affiche et sans complexe, au Madison Square Garden de New York le 4 août. Une consécration pleinement méritée.

Avec la collaboration d'Alain de Repentigny

Photo: La Tribune

Lundi soir, à Sherbrooke, sur la scène du théâtre Granada où Arcade Fire a choisi de lancer sa nouvelle tournée mondiale, Win Butler avait le sourire fendu jusqu'aux oreilles.