Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Hollywood découvre depuis le début de l'année des bienfaits à la crise économique qui secoue les États-Unis et le reste de la planète. Bien des gens, plus prudents dans leurs dépenses de voyages et de vacances, plus limités dans leurs choix d'activités, vont davantage au cinéma.

Pendant le premier trimestre de 2009, les salles de cinéma nord-américaines ont connu leur plus forte augmentation de fréquentation depuis 10 ans. Un effet direct de la crise, selon plusieurs observateurs qui ont remarqué un lien de cause à effet entre les périodes d'instabilité économique et la bonne santé du box-office nord-américain.

 

Il y a un an, Hollywood se demandait si le piratage, le téléchargement et la popularité du cinéma maison n'allaient pas sonner le glas des salles obscures. Aujourd'hui, les propriétaires de salles se frottent les mains avec de l'argent sonnant, en se disant qu'il y aura toujours un public prêt à payer quelques dizaines de dollars pour sortir, se changer les idées, s'évader et rêver un peu - en oubliant ses soucis économiques -, devant un Brad Pitt et une Angelina Jolie magnifiés par un écran de 50 pieds.

Fin février, la société Media By Numbers, spécialiste du box-office nord-américain, a constaté une augmentation sans précédent de 17,5% dans la vente des billets (en comparaison avec 2008), ainsi qu'une hausse de fréquentation de 16% des salles de cinéma. La fréquentation pendant le premier trimestre de 2009 a aussi bondi de 10%, ce qui ne s'était pas vu depuis 1999.

La crise économique n'explique pas à elle seule ces résultats inespérés. Hollywood semble avoir fait un effort concerté pour contrer le box-office morose de 2008, en proposant en ce début d'année des films populaires en tous genres: comédies légères, films d'action, d'horreur ou d'animation.

L'hiver a toujours été plus propice à la mise en marché de blockbusters que l'automne, période traditionnellement réservée à davantage de films au potentiel «oscarisable», souvent moins prisés par le grand public. Or, les premiers mois de 2009 de la cuvée hollywoodienne semblent avoir été particulièrement marqués par le divertissement léger.

Le week-end dernier, Fast and Furious, fort d'un impressionnant 71 millions de dollars à son premier week-end d'exploitation, a fait des entrées de 1,4 million de dollars au Québec seulement. Chacun des 94 écrans où le film était présenté ici a rapporté en moyenne 15 561$ à son propriétaire, une rentabilité exceptionnelle.

Bien sûr, l'augmentation marquée de la fréquentation des cinémas n'est pas exclusivement liée aux périodes de crise économique. Mais c'est une tendance qui a déjà été observée en Amérique du Nord, comme l'a rappelé récemment le New York Times. Au début de la récession des années 80, alors que le taux de chômage avait subitement franchi les 10%, la fréquentation des salles de cinéma a grimpé de 10% en 1982. Trois ans plus tard, lorsque la situation économique a commencé à s'améliorer, la fréquentation des cinémas a chuté brusquement de 12%.

C'est dire comment certains redoutent, non pas la récession elle-même, mais bien la fin de la récession...

Cinéma d'actrices

Les actrices fascinent. On dit qu'elles sont plus fragiles, qu'elles ont davantage besoin d'amour et d'attention que la plupart des femmes. Ce n'est peut-être pas qu'un cliché. Mais c'est le cliché qui se dégage volontairement du faux documentaire Le bal des actrices, deuxième long métrage de fiction de la comédienne, scénariste et réalisatrice française Maïwenn.

La cinéaste a suivi 12 personnages, plus ou moins inspirés par leurs interprètes (dont Karin Viard, Charlotte Rampling et Julie Depardieu) afin de dresser autant de portraits d'actrices rongées par leurs doutes et leurs angoisses. Le film joue habilement la carte du malaise et de l'autodérision, pour un résultat forcément inégal, échevelé mais sympathique, référentiel mais souvent comique.

Maïwenn Le Besco pose un regard à la fois caustique et amoureux sur le métier d'actrice, en évitant toute forme de complaisance. On s'étonne de voir jusqu'où certaines comédiennes ont accepté de jouer le jeu. Romane Bohringer, entre autres, fait remarquer avec tristesse et lucidité qu'elle est passée, presque instantanément (et très injustement) de jeune espoir du cinéma français à has-been prématurée.

On regrettera une fin en queue de poisson, hâtive et bancale. Mais pour le reste, et pour les amoureux du cinéma français surtout, ce film reste un bonbon acidulé comme on les aime, dans un emballage scintillant.

À l'affiche aussi ce week-end, le nouveau film d'une autre actrice, scénariste et cinéaste française, Parlez-moi de la pluie d'Agnès Jaoui. De nouveaux portraits psychologiques brossés brillamment par le duo Jaoui-Bacri, qui trouve toujours son inspiration dans les aspérités, les espoirs et les désespoirs de ses personnages, pour un résultat rempli d'humanisme. Un film sans esbroufe, peut-être moins percutant que Le goût des autres ou Comme une image, mais tout aussi singulier et abouti. Une oeuvre d'une rare finesse.

Courriel Pour joindre notre chroniqueur: marc.cassivi@lapresse.ca