Parmi les candidats à la direction du Parti québécois, seuls Martine Ouellet et Jean-François Lisée ont des positions claires sur le référendum - une étape qui, loin d'être de l'ordre de la « plomberie », est indissociable de la souveraineté, car il en est le passage obligé.

Alexandre Cloutier et Paul St-Pierre Plamondon, quant à eux, ont concocté des plans flous et difficiles à mettre en oeuvre.

Tous les quatre, faut-il dire, ont en commun de se trouver dans la situation d'un vendeur qui a lié son sort à un produit qu'à peu près personne ne veut acheter. La souveraineté est à son plus bas, autour de 30 %, et cette course à la direction n'a pas réussi à débloquer le mur d'indifférence qui sépare la population d'un PQ enchaîné à une cause impopulaire.

Comme le PQ ne peut renoncer à l'indépendance sans se suicider (il ne resterait plus à ses membres qu'à choisir entre la CAQ et Québec solidaire), la seule porte de sortie des aspirants chefs est d'improviser des stratégies plus ou moins laborieuses sur le référendum.

Celle d'Alexandre Cloutier consiste à reporter la décision à six mois de la prochaine élection. M. Cloutier se livrerait à divers efforts de mobilisation, après quoi il « sentirait » (sic) le vent, et recommanderait au conseil national du PQ de tenir un référendum (ou non) dans un premier mandat. Les militants en décideraient. (M. Cloutier songe encore à exiger que l'idée d'un référendum recueille l'adhésion de 1 million de signataires... sans penser que les fédéralistes pourraient produire une pétition deux fois plus longue !)

Grosso modo, c'est la stratégie classique de la temporisation et de l'attente des « conditions gagnantes », à cette différence près que M. Cloutier se décharge de ce qui devrait être sa responsabilité première sur les délégués du conseil national.

La « solution » de Paul St-Pierre Plamondon est encore plus alambiquée. PSPP ressort lui aussi l'idée d'un registre. Si 20 % des électeurs réclament un référendum et si l'appui à la souveraineté se maintient autour de 45 %, il ferait un référendum. Aussi bien dire qu'il n'en fera jamais, car la souveraineté, même dans ses meilleures années, n'a jamais récolté 45 % d'appui au départ d'une campagne référendaire. Et que penser d'un aspirant leader qui renonce à exercer son leadership sur une question aussi cruciale, en demandant aux électeurs de décider pour lui ?

Jean-François Lisée, lui, a pris acte de la réalité politique actuelle : pas de référendum dans un premier mandat. Cette position a le mérite de la clarté et du réalisme, mais ne calmera pas nécessairement les appréhensions des électeurs réticents envers l'indépendance, car nul n'ignore qu'un « gouvernement Lisée » ferait tout, durant ce premier mandat, pour réactiver la ferveur souverainiste, notamment en multipliant les affrontements avec le fédéral. M. Lisée, si l'on se fie à ses écrits, fera tout pour revenir à une situation à la Meech, alors que la rebuffade du Canada anglais avait fait monter temporairement l'appui à la souveraineté.

Quant à Martine Ouellet, elle s'inscrit dans la lignée de Jacques Parizeau, celle du militantisme volontariste. Sa position est limpide : un référendum dans un premier mandat. Mme Ouellet ne prévoit même pas de négociations avec les autres partenaires de la fédération canadienne. Sous son règne, l'indépendance serait proclamée un an après un référendum « gagnant » !

Cette position, que d'aucuns jugeront suicidaire, repose sur la conviction que tous les efforts de mobilisation ne servent à rien si l'on n'a pas une échéance à court terme pour galvaniser les militants et remettre l'indépendance au coeur du débat.

Comme Jacques Parizeau, Mme Ouellet mise sur la fierté, l'audace et la foi du missionnaire - une dynamique qui n'a pas empêché Parizeau d'être élu en 1994. Il aurait continué sur la même lancée s'il n'avait été entravé l'année suivante par les Bouchard et les Landry, qui lui ont imposé une stratégie tortueuse et ambigüe visant à camoufler l'objet réel du référendum.

Mais pourquoi s'attendre à ce que la population adhère à un projet que ses propres promoteurs tentent de masquer comme si c'était une maladie honteuse ?

Ne vaut-il pas mieux avancer à visage découvert puisque de toute façon, le PQ subira toujours les contrecoups de son option indépendantiste ?

Il y a bien des périls dans le pari casse-cou de Martine Ouellet, mais il y a aussi de la bravoure et un sens de l'honneur que Jacques Parizeau ne désavouerait pas.