Cela en surprendra plusieurs, mais le terrorisme en Europe de l'Ouest a considérablement diminué depuis les années 70 et 80.

C'est ce qui ressort d'un tableau dressé par Statista pour le Huffington Post.

On a l'impression d'être plus menacés que jamais par le terrorisme, mais ce n'est pas ce que disent les chiffres.

Ce qui cause l'effroi n'est peut-être pas le nombre d'attentats, ni même leur ampleur, mais surtout la présence nouvelle et terrifiante des kamikazes islamistes contre lesquels il n'y a pratiquement rien à faire.

On aura beau planter des soldats armés devant toutes les cibles imaginables, que pourraient-ils contre un type ceinturé d'explosifs résolu à mourir avec ses victimes ?

Même 2015, avec ses 147 morts dans les attentats de Paris, a un bilan moins lourd que les années 70 et 80. En fait, la diminution des actes terroristes est notable depuis 1995, exception faite de la tuerie dans les trains de banlieue de Madrid en 2004 et des attentats commis l'année suivante dans le métro de Londres.

L'année 2011 détonne dans une période relativement calme, à cause des 77 morts dues à un seul homme - Anders Behring Breivik en Norvège, un attentat qui relevait du fanatisme d'extrême droite.

La nature du terrorisme a changé au cours de ces 45 ans.

Les années 70 et 80 ont été marquées par des attentats inspirés par des idéologies politiques que l'on pourrait qualifier de « classiques » : le marxisme (Action directe en France, Brigades rouges en Italie), l'extrême droite (explosions à Munich en 1980 et à Bologne en 1981).

Le terrorisme palestinien a été responsable d'une bonne partie des attentats des années 70 et 80, notamment ceux de Paris (restaurant Goldenberg, synagogue de la rue Copernic, etc.), mais c'est à Munich, en 1980, qu'il a été le plus meurtrier, avec les 17 morts dans l'attaque visant les athlètes olympiques israéliens.

À plus petite échelle, se distinguent le terrorisme basque (21 morts dans un supermarché de Barcelone en 1987) et celui de l'Armée républicaine irlandaise (28 morts à Omagh en 1998).

À vue d'oeil, l'année 1988 a été la plus meurtrière mais c'est essentiellement à cause de l'explosion, fomentée par des Libyens, d'un avion de la Pan Am qui s'est écrasé dans le village écossais de Lockerbie avec 270 passagers et membres d'équipage.

À partir des années 2000, les attentats sont de plus en plus le fait du fanatisme islamiste.

Le tableau ne mentionne que ceux qui se sont produits en Europe de l'Ouest, d'où l'omission du 11-Septembre à New York, dont l'horreur spectaculaire a été inégalée. Idem pour les 13 explosions d'origine pakistanaise à Bombay en 2008, dont les 257 morts atteignent presque le terrible bilan des attaques du World Trade Center.

Curieusement, Statista mentionne qu'aucune donnée n'est disponible pour 1993. Pourtant, cette année-là a vu sa part d'actes terroristes en Europe de l'Ouest :  trois attaques de l'IRA en Grande-Bretagne, 18 morts ; un attentat à Florence, devant la galerie des Offices, d'origine mafieuse celui-là, 10 morts ; une attaque de l'extrême droite contre un foyer turc en Allemagne, cinq morts ; un autre attentat basque, avec sept morts...

La bonne nouvelle : le XXIe siècle a vu la fin du terrorisme irlandais et basque. C'est toujours ça de pris, pourrait-on dire... même s'il faudrait tenir compte, pour dresser un bilan meurtrier vraiment représentatif, des centaines de milliers de morts que le fanatisme islamiste, pur produit du XXIe siècle, a causées en dehors de l'Occident, au Proche-Orient, en Afrique, sur le pourtour méditerranéen...

Chaque mort compte, et celles que le terrorisme a arrachées à l'Occident sont somme toute fort peu nombreuses en comparaison.