Est-ce la fin de Nicolas Sarkozy ? Bien sûr, il ne faut jamais sous-estimer les extraordinaires capacités de rebondissement de cet homme qui ne vit que pour reprendre le pouvoir.

Il reste que sa candidature aux élections présidentielles de 2017 se trouve sérieusement compromise par cette autre catastrophe judiciaire qui s'abat sur lui.

L'ancien président vient d'être « mis en examen » (inculpé) pour le financement illégal de sa dernière campagne de 2012.

Il a déjà été blanchi d'une accusation insensée, celle d'avoir profité de la dégénérescence mentale de Liliane Bettencourt, l'héritière de L'Oréal, pour lui soutirer des dons. Mais il traîne encore une autre casserole, étant soupçonné d'avoir tenté de corrompre un magistrat dans le but d'obtenir des informations secrètes sur une cause le concernant.

Dans les deux cas, une condamnation le disqualifierait automatiquement de la course à l'Élysée. Même s'il était acquitté, sa réputation aurait été abîmée. Mais le pire, c'est que la justice est lente, et que nul ne sait quand surviendront les prochaines étapes du double processus judiciaire qui l'attend.

M. Sarkozy - de même que Les Républicains, le parti qu'il préside - devra donc vivre avec une épée de Damoclès. Les rebondissements du double processus judiciaire pourraient survenir au beau milieu des primaires que LR (anciennement l'UMP) doit tenir l'automne prochain, ou pire, en pleine campagne présidentielle... De quoi faire dérailler complètement sa candidature et semer la panique au sein de la droite républicaine.

Cela, c'est à supposer qu'il réussisse à remporter l'investiture aux primaires. Or, rien n'est moins sûr.

Il y a des mois qu'Alain Juppé, le maire de Bordeaux qui fut le premier ministre de Chirac, le surpasse, et de loin, dans les sondages. La cote de « Sarko » est plus basse qu'elle ne l'a jamais été dans la population et même parmi les militants de droite.

Il y aura pléthore de candidats aux primaires, dont l'ancien premier ministre François Fillon, Jean-François Copé, Bruno Le Maire, Nadine Morano et Nathalie Kosciusko-Morizet, qui diviseront le vote anti-Juppé au premier tour.

Nicolas Sarkozy misait sur le fait qu'il contrôle le processus des primaires à titre de président du parti, mais cette supériorité technique ne lui vaudra pas grand'chose si sa cote de popularité ne remonte pas. Les primaires, en effet, sont comme les congrès de leadership : les militants optent pour celui qui les portera au pouvoir et votent avec l'oeil sur les sondages.

La tension, visiblement, le ronge. Amaigri, plus agité que jamais, Nicolas Sarkozy semble être devenu la caricature de lui-même.

Dans ses discours, il multiplie les gestes, les mimiques et les grimaces, sautille d'une jambe à l'autre, comme un pantin désarticulé. Ses phrases sont saccadées, chargées d'une agressivité contenue.

Ce qui, en 2007 (à l'époque de sa victoire présidentielle), passait pour du dynamisme, une saine impétuosité et une énergie sans borne, et qui présentait un contraste si bienvenu par rapport à l'indolence de Jacques Chirac, est perçu aujourd'hui comme des manifestations énervantes d'agitation et de surexcitation.

Son discours s'est « droitisé », son calcul étant qu'il doit aller chercher des votes à l'extrême droite, parmi tous ces anciens électeurs de l'UMP qui sont passés dans le camp du Front national. Mais ce faisant, il se prive des électeurs de gauche modérés qui avaient été nombreux à voter pour lui en 2007.

En comparaison, Alain Juppé, qui propose des politiques susceptibles de plaire aux centristes et à la gauche modérée, projette une image de calme rationalité et de pondération.

Il rallie les déçus du « hollandisme », qui sont légion. Son âge (70 ans), d'abord vu comme un handicap, a fini par le servir, car dans ce pays secoué par une crise économique jamais résolue, l'augmentation du chômage et l'insécurité découlant des attentats de 2015, l'expérience, le sang-froid et la maturité deviennent des atouts recherchés.