Bien sympathique, ce pape-là, avec ses atours blancs, ses manières affables, sa simplicité volontaire... C'est aussi un as du marketing, qui a réussi à rendre la papauté populaire sans changer d'un iota la politique de l'Église.

L'avortement ? Il absout la femme qui a interrompu sa grossesse... si elle « se repent sincèrement ». Qu'y a-t-il de nouveau là-dedans ? Les curés ont toujours donné l'absolution aux pécheurs coupables des pires crimes, s'ils s'en repentent et promettent de ne pas recommencer ! L'avortement reste un crime aux yeux de l'Église.

Les homosexuels ? Même hypocrisie. « Qui suis-je pour les juger ? », s'est-il un jour pieusement écrié, suscitant un grand émoi chez les badauds et les naïfs. Mais attention ! On peut, aux yeux du pape, être gai ou lesbienne dans sa tête... à condition que cela reste dans la tête !

D'ailleurs, pas plus tard qu'en avril dernier, le pape a personnellement refusé d'accréditer comme ambassadeur de France au Vatican le candidat de l'Élysée et de l'archevêque de Paris. La raison ? Laurent Stefanini est gai !

Les médias, ravis d'avoir sous la main ce personnage télégénique (car le pape est devenu un « people », une célébrité), s'extasient sur les moindres propos de celui qu'ils appellent tendrement « François ». Ils ont donc fait grand état de ses commentaires sur les divorcés remariés. « Ils ne sont pas excommuniés », de dire le pape, « ils font toujours partie de l'Église ». 

Petit détail : les divorcés remariés n'ont pas accès à la communion... un sacrement qui est pourtant au coeur de la pratique catholique !

Remarquez, ceux qui tiennent à se conformer aux préceptes papaux ont un recours : le Vatican peut annuler leur premier mariage, contre argent sonnant. N'importe quel prétexte suffit si l'on est capable de bien s'exprimer et de s'arranger avec la vérité (je connais une personne qui a pu « acheter » pour quelque 1 500 $ l'annulation de son premier mariage... même si ce mariage apparemment nul avait duré vingt ans et produit cinq enfants !).

La différence d'avec ses prédécesseurs, c'est que ce pape-ci en rajoute sur la sentimentalité. Ainsi, François engage l'Église à « accompagner avec miséricorde » les homosexuels (qu'il ne nomme jamais, pas plus d'ailleurs qu'il ne nomme les « divorcés » : même les mots sont tabous), parce qu'ils sont « des blessés de la société ». Ah oui ? Les homosexuels que je connais m'ont l'air plutôt bien dans leur peau. Les blessés, ce sont les victimes de l'homophobie, ce fléau que l'Église encourage en condamnant les pratiques homosexuelles.

L'ordination des femmes ? Ce pape si « progressiste » ne souhaite qu'« agrandir l'espace pour une plus grande présence féminine ». Le mariage des prêtres ? Vous voulez rire ! L'Église catholique romaine reste la seule religion dont les pasteurs sont forcés au célibat et privés de la possibilité d'avoir une famille. Le pape pourra bien, après, faire acte de contrition pour les agressions sexuelles commises par ses hommes de Dieu, il devrait plutôt s'interroger sur le rapport entre la pédophilie et les conditions de vie inhumaines imposées aux prêtres.

En bon émule de la théologie de la libération, François s'est lancé récemment dans de féroces diatribes contre le capitalisme, au mépris du fait que cet odieux système a tiré des millions d'êtres humains de la misère... une misère en partie causée par l'Église elle-même. Dans les pays développés, personne - même pas les catholiques pratiquants - ne prend au sérieux les absurdes préceptes de l'Église sur la contraception. Mais dans nombre de pays africains, l'Église a encore de la crédibilité. Or, la natalité galopante, qui va de pair avec l'analphabétisme des femmes, reste l'une des grandes causes du sous-développement. C'est une réalité sur laquelle le pape devrait méditer, s'il en a le temps entre ses bains de foule.