L'administration municipale n'a-t-elle rien d'autre à faire que de s'en prendre aux commerçants qui veulent rendre la vie plus agréable à leurs clients ?

Le cas du restaurant Chez Alexandre, rue Peel, est emblématique. Il avait installé sa terrasse le long de sa devanture, sous son auvent, comme cela se fait partout à Paris. Ainsi, les clients pouvaient s'abriter du soleil, et la proximité du restaurant et de la terrasse simplifiait le service. 

La Ville lui a ordonné de déménager sa terrasse sur le trottoir, en bordure de la rue... pour que les consommateurs soient encore plus près des gaz toxiques qui émanent des autos ! 

Pourquoi ? Soi-disant pour faciliter le passage des fauteuils roulants. Pourtant, avec une rangée de tables sous l'auvent, il reste bien assez de place pour un fauteuil roulant. Le cas des aveugles est certainement plus délicat, car le mobilier pourrait leur faire obstacle. D'où le décret municipal, qui interdit de briser la ligne droite du passage piétonnier. 

C'est un argument qui me paraît surtout destiné à masquer l'esprit tatillon qui préside à nos règlements municipaux, car je défie n'importe qui de marcher en ligne droite sur les trottoirs du centre-ville de Montréal. C'est impossible ! 

On se bute tantôt à un chantier de construction, tantôt à un nid-de-poule, tantôt à du béton crevassé, tantôt au grillage qui entoure un trou d'homme, tantôt à un sans-abri, tantôt à un groupe de gens qui bavardent au beau milieu du trottoir, tantôt à des piétons attardés devant une vitrine, sans compter les cyclistes qui roulent sur le trottoir. Quelques chaises et quelques tables sur un emplacement bien délimité ne constituent pas un pire obstacle que les grilles qui bloquent les trottoirs et une partie de la chaussée pour encadrer les chantiers qui poussent partout comme des champignons. 

De toute façon, les non-voyants sont des gens prudents. On en voit très peu qui se promènent seuls dans les rues les plus congestionnées du centre-ville, et ceux qui s'y risquent savent se protéger grâce à leur canne ou leur ouïe, plus fine que celle des voyants. Tout cela sans compter les chiens-guides qui peuvent évidemment contourner tous les obstacles. 

Pourquoi ce qui est permis dans tant d'autres villes serait-il illégal à Montréal ?

À Paris - la capitale des terrasses, car on peut y manger en plein air presque toute l'année -, il y a des contre-terrasses (côté rue), mais il y a surtout des terrasses collées aux devantures, et cela même dans les petites rues où les trottoirs sont étroits. 

Les Français seraient-ils plus aventureux, moins soucieux de la protection des personnes handicapées ? Cela m'étonnerait, car ce sont les champions mondiaux du « principe de précaution ». Ce principe est même enchâssé dans la constitution de la République ! 

Puisque l'on parle de Paris, voici une idée que la STM pourrait lui emprunter. Une idée dictée par le bon sens le plus élémentaire. Pourquoi pas des panneaux indiquant l'itinéraire et les arrêts dans les autobus ? Souvent, on entend des passagers s'interroger anxieusement : est-ce qu'on est près d'Ontario ? Est-ce qu'il y a un arrêt rue Laurier ? Quand le bus est bondé, même ceux qui connaissent la ville et font toujours le même parcours ont du mal à voir où ils sont rendus. 

Parfois, le chauffeur a la gentillesse d'indiquer à haute voix les arrêts, mais c'est rare. Des panneaux fixés dans la partie supérieure du véhicule, visibles où que l'on soit dans le bus, simplifieraient la vie des usagers. 

Les terrasses, les bus... oui, je sais, ce sont de tout petits détails. Mais c'est d'une foule de détails qu'est faite la vie urbaine.