Des quotas pour forcer les partis politiques à présenter davantage de candidatures féminines? Mauvaise idée. La nouvelle ministre de la Condition féminine, Stéphanie Vallée, a soulevé la question, en indiquant toutefois qu'elle préfèrerait des mesures incitatives aux contraintes législatives, comme l'octroi de primes aux partis qui feraient plus large place aux femmes.

Il faut se méfier de ces solutions miracles. Lors de la formation de leur premier gouvernement, en 2012, le président Hollande et le premier ministre Ayrault avaient tenu à assurer la parité au conseil des ministres. La photo était belle: moitié hommes, moitié femmes. Mais c'était une avancée purement cosmétique, car à part Christiane Taubira (Justice) et Marisol Touraine (Affaires sociales), les femmes héritaient presque toutes de ministères secondaires et de responsabilités déléguées.

Quand Jean Charest a instauré la parité, en 2007, la députation libérale comptait 44 hommes et 22 femmes, ce qui veut dire qu'un député masculin avait deux fois moins de chance d'accéder au conseil des ministres, et que la députation féminine constituait un bassin de compétences deux fois plus petit. N'importe, le symbole passait avant tout. Mais c'était, là aussi, de la poudre aux yeux, car M. Charest avait morcelé les responsabilités pour augmenter artificiellement le nombre de femmes ministres.

Les gouvernements Marois et Couillard ont rompu avec cette formule, d'autant plus que leurs députations respectives comptaient une plus faible proportion de femmes que le gouvernement Charest.

Évidemment, c'est en amont - à l'étape des candidatures aux assemblées d'investiture - que la question de l'absence des femmes se pose. Or, le fait est que beaucoup de femmes ne ressentent pas l'envie de se lancer en politique, pour toutes sortes de raisons légitimes, dont la principale est la priorité qu'elles donnent à la maternité et à la vie de famille.

Malgré les encouragements et les pressions, nombre d'entre elles résistent, comme elles résistent à postuler des emplois de direction dans l'entreprise privée. Il faudra peut-être un jour cesser de se fermer les yeux sur cette réalité et se résoudre à conclure que beaucoup de femmes - pas toutes, bien sûr - auront toujours des réflexes différents d'une bonne partie des hommes. Est-ce un drame qu'elles préfèrent, comme d'ailleurs bon nombre d'hommes, être médecin que directeur d'hôpital? Travailler de 9 à 5 plutôt que de se consacrer sept jours sur sept à la politique?

Il faudrait aussi se résoudre à cesser de considérer l'absence de parité comme un problème majeur. Ce qui fait avancer la cause des femmes, c'est la nomination de femmes compétentes à des postes-clés. Ce n'est certainement pas la promotion de femmes-alibis qui doivent leur poste au fait qu'elles portent une jupe. On devrait pourtant savoir que la conscience sociale, les préoccupations morales et la compassion ne sont pas le monopole des femmes, et que des gouvernements formés en majorité d'hommes peuvent fort bien adopter des mesures bénéfiques aux femmes, aux familles et aux groupes défavorisés.

Les Québécoises n'ont pas besoin de cette béquille artificielle que constituerait l'intervention de l'État pour forcer la main des partis politiques, qui se dépensent déjà en vains efforts pour dénicher des candidatures féminines.

Chose certaine, la parité, ou ce qui s'en rapproche, n'a pas nécessairement pour effet d'augmenter la confiance des citoyens envers les institutions politiques, comme certains l'affirment sans l'ombre d'une preuve. Le gouvernement Hollande-Ayrault, malgré la parité de son conseil des ministres, a été le plus impopulaire de toute l'histoire de la Ve République. Quant au gouvernement «paritaire» de Jean Charest, qui peut dire qu'il aurait plus que d'autres inspiré confiance aux citoyens?