N'en doutons plus, ces prochaines semaines, François Hollande se présentera en célibataire dans les cérémonies officielles, tout comme d'ailleurs Angela Merkel et bien d'autres chefs d'État.

Exit la «première dame de France», dont Valérie Trierweiler aura été la dernière représentante.

C'est le sénateur François Rebsamen qui l'a en quelque sorte annoncé, mardi: «Il n'y a pas de première dame en France, c'est une pratique surannée, désuète, qui doit être bannie.»

Le choix de M. Rebsamen comme porte-parole officieux n'était pas fortuit: c'est l'un des plus vieux amis du président Hollande et ses relations avec Valérie Trierweiler sont depuis longtemps exécrables.

D'ailleurs, M. Hollande allait plus tard marteler qu'il n'y a pas de «statut légal» pour la conjointe du chef de l'État, en assurant à ses proches qu'il clarifierait les choses avant sa visite officielle à Washington, à laquelle Mme Trierweiler devait participer.

Pauvre Valérie, doublement trahie! Publiquement humiliée par la révélation de la liaison du président avec Julie Gayet, elle devra, telle une favorite en disgrâce, abandonner les privilèges dont elle disposait à l'Élysée.

Peut-être y aura-t-il réconciliation, mais c'est douteux. Apparemment, le couple Hollande-Trierweiler était déjà défait, et la rumeur courait depuis des mois à Paris que le président avait une seconde maîtresse.

Le feuilleton s'est ouvert comme un vaudeville (image grotesque d'un chef d'État caché sous un casque de moto, s'échappant pour aller retrouver sa belle dans un nid d'amour appartenant à une actrice reliée à la mafia corse!)... pour se transformer rapidement en tragédie intime, Mme Trierweiler étant, sous le choc, hospitalisée pour une période de «repos» indéterminée.

Cette affaire est-elle d'intérêt public? Mais bien sûr que oui! La classe politique française et les vétérans masculins du journalisme, comme Bernard Pivot et Alain Duhamel, ont beau crier au scandale dans ce qu'ils voient comme une atteinte à la «vie privée», un chef d'État ne peut être jugé, à ce chapitre, comme n'importe quel quidam.

Réaction sensée de Gérard Courtois, du Monde: «Comment François Hollande a-t-il pu se fourrer dans pareil pétrin? Se comporter avec une telle insouciance, une telle imprudence? Comment n'a-t-il pas mesuré le risque qu'il prenait?»

Le risque, en effet, de mettre en jeu sa propre sécurité, de s'exposer au chantage, de dégrader la fonction présidentielle et de couvrir son pays de ridicule... sans compter le risque de faire subir à la femme qui partageait sa vie depuis près de dix ans une humiliation d'une cruauté inouïe!

Soit il a cru pouvoir se permettre n'importe quoi, comme les monarques d'antan, soit il a été incroyablement immature et naïf, ce qui est encore pire chez un chef d'État.

Un micro de France 2 inopinément ouvert a enregistré le jugement spontané de la journaliste Michèle Cotta sur le comportement du président: «Moche et minable!» Dur, mais mérité.

M. Hollande n'était pas condamné à passer le reste de son mandat avec une femme qu'il n'aimait plus. Mais il y avait une solution humaine et adulte. Simplement, il aurait dû mettre fin à sa relation avec Valérie Trierweiler avant d'officialiser graduellement sa nouvelle liaison. Au lieu de quoi, il s'est installé dans une double vie sans penser qu'elle allait nécessairement finir par s'ébruiter.

Il y avait des mois que cela durait, mais François Hollande ne se résolvait pas à se brancher... Ce politicien congénitalement velléitaire, connu pour son incapacité à prendre des positions fermes, et qui a passé la première moitié de son mandat à tergiverser entre des orientations contradictoires, aura donc été fidèle à lui-même dans sa vie privée comme dans sa vie publique.