Avril, le mois le plus doux et le plus déplaisant de l'année! Le mois du printemps (en principe...), mais aussi le mois des impôts.

Devant cette corvée, la seule consolation est d'avoir, en contrepartie d'un portefeuille allégé, la conscience tranquille... Une satisfaction accessible, fut-elle imposée, aux salariés fichés sur des T-4!

Imagine-t-on la honte dans laquelle croupit Jérôme Cahuzac, l'ancien ministre français du Budget qui vient d'avouer - lui, le ministre chargé de sévir contre l'évasion fiscale! -, avoir eu un compte en Suisse, jetant le gouvernement socialiste dans une crise dévastatrice?

Une crise qui a rebondi avec cette autre nouvelle révélée par «Offshore Leaks»: le trésorier de la campagne présidentielle de François Hollande, Jean-Jacques Augier, possède deux sociétés dans des paradis fiscaux...

Mauvais, très mauvais pour l'image des socialistes, qui aimaient tant donner des leçons de morale à tout le monde.

Il paraît que le fait d'investir dans des paradis fiscaux n'est pas illégal en soi... Non mais voulez-vous bien me dire pourquoi l'on ouvrirait des comptes bancaires à l'autre bout du monde, si ce n'est pour frauder le fisc?

Je ne voudrais pas être dans les petits souliers des investisseurs «offshore» dont les médias publieront bientôt l'identité goutte à goutte pour faire durer le supplice. Mais l'avouerais-je? Leur malheur me réconforte à l'heure où j'en suis à ramasser la paperasse nécessaire à mon devoir de citoyenne.

Je ne joue pas les vertueuses. L'aurais-je voulu que jamais je n'aurais pu ouvrir un compte au pied des Alpes ou dans une île tropicale. Primo, l'essentiel de mes revenus proviennent d'un salaire et de sources très visibles. Secundo, je n'ai jamais eu assez d'argent pour investir sur le marché noir de la finance internationale. Tertio, ce genre de montages financiers serait une aventure bien trop compliquée pour moi, qui n'ai jamais pu ni voulu déchiffrer les relevés d'honnêtes gestionnaires de fonds ayant pignon sur rue à Montréal.

Non pas que je sois totalement sous-douée. L'économie politique, les finances publiques (dans les grandes lignes), ça va. Mais la comptabilité? Alors ça, non! Même les opérations les plus faciles, comme la vérification des factures et des prélèvements bancaires, me plongent dans l'ennui et l'impatience.

Je n'ai jamais regardé un formulaire d'impôt. Comme j'ai commencé à travailler très jeune, au début, c'est mon père qui faisait ma déclaration de revenus. Suivit une succession de comptables amateurs ou professionnels, jusqu'à ce que j'aie l'idée géniale de confier cette tâche à un retraité de La Presse (pas un journaliste, vous pensez bien, mais un ancien cadre des services comptables).

Je lui apporte tous les documents sans même les lire. Puis je retourne chez lui et tout est prêt, il y a même des Post-it jaunes pour m'indiquer où signer. Comme mon «cas» est fort simple, nous parlons peu d'argent, préférant bavarder sur ce qui se passe au journal ou dans nos vies.

Le seul geste personnel que je dois poser est de transcrire à son intention les honoraires versés par une publication qui, Dieu sait pourquoi, n'envoie pas de T-4 à ses collaborateurs extérieurs. Or, durant les années où je faisais plus de «piges» qu'aujourd'hui, mes revenus non salariaux dépassaient de peu le seuil à partir duquel je devais collecter la TPS et la TVQ pour le compte de nos chers gouvernemamans.

Le croiriez-vous, je n'ai jamais pensé à soustraire les taxes de vente de mes gains, et je me suis moi-même surimposée pendant des années, ce qui est bien le comble de la stupidité.

Mais bon, j'espère que cet argent perçu en trop aura été utilisé à bon escient... Pas sûr...