Barack Obama a trouvé en Sandy une alliée imprévue: la catastrophe lui a permis de retrouver sa stature présidentielle, tout en lui apportant deux nouveaux appuis de taille.

Le gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie, a loué le comportement du président durant la crise, et le populaire maire de New York, Michael Bloomberg, sortant de sa neutralité des dernières années, s'est carrément engagé derrière Obama pour la présidentielle.

Le maire Bloomberg, qui lui-même s'est révélé une fois de plus un formidable leader avant, pendant et après le passage dévastateur de Sandy, a déclaré qu'il a constaté, durant la crise, que le président sortant est le candidat le plus apte à relever les défis environnementaux que l'ouragan a mis en relief.

Ces derniers jours, donc, Barack Obama a quitté ses habits inconfortables de candidat aux prises avec un adversaire plus fort que prévu, pour endosser le rôle qu'il joue à merveille: celui du leader responsable et dynamique, au-dessus de la mêlée politicienne.

Alors que Mitt Romney, privé de fonction officielle et de visibilité, en était réduit à s'agiter dans les coulisses des soupes populaires sans pouvoir critiquer directement son adversaire - l'heure étant bien sûr à l'unité -, Obama s'activait sans répit sur la ligne de front, aux commandes de la FEMA, l'agence fédérale chargée de réagir aux situations d'urgence.

Le message était clair: contrairement à l'État minimal souhaité par les républicains, le pays a besoin d'un gouvernement fédéral fort, seul capable d'intervenir dans les catastrophes à dimension nationale.

D'ailleurs, tous les post-mortem suivant l'ouragan apportent de l'eau au moulin de la philosophie démocrate en mettant en lumière non seulement la nécessité d'un État fédéral doté de larges pouvoirs, mais aussi celle de mesures énergiques contre le réchauffement climatique, auquel on attribue une part de responsabilité dans la catastrophe.

Si Obama est resté plutôt réservé sur les thèmes environnementaux durant sa campagne, les républicains affichaient sur ces questions une souveraine indifférence. La montée furibonde des eaux de l'Atlantique leur a donné tort, d'autant plus que certains climatologues prévoient que le niveau de l'océan, aux abords de la côte est, pourrait s'élever de deux pieds d'ici une quarantaine d'années.

Le coup de pouce de Sandy ne sera pas de trop pour la campagne démocrate. Tous les sondages réalisés dans le grand public à la fin d'octobre indiquaient que les candidats étaient nez à nez, l'écart qui les séparait étant dans tous les cas inférieur à la marge d'erreur.

Toutefois, selon la plupart des analystes, les intentions de vote dans les «swing states» susceptibles de faire pencher la balance donnent à l'heure actuelle un léger avantage au président sortant.

Les dernières statistiques du travail, publiées hier, montraient une hausse de l'emploi... mais un taux de chômage stable: des chiffres dont chacun des deux candidats peut faire son beurre, Obama se félicitant d'avoir favorisé la création d'emplois, alors que Romney lui reproche d'être le premier président sortant depuis Franklin Roosevelt à présenter un aussi mauvais bilan quant au taux de chômage.

Jusqu'à ce que Sandy frappe le nord-est du pays, Mitt Romney avait assez bien manoeuvré. Relancé par sa nette victoire au premier débat, il s'était convenablement tiré des deux autres épreuves télévisées, acquérant une certaine crédibilité en tant que chef d'État potentiel après un été marqué par des gaffes retentissantes, en même temps qu'une image de modéré.

Il avait pris ses distances de l'extrême droite de son parti, pour ressembler davantage au gouverneur relativement libéral qu'il avait été dans une vie antérieure. Mais sa remontée semble avoir atteint un plafond, et Obama semble se diriger vers une victoire qui n'aura cependant pas l'ampleur de celle de 2008.