Joli, très joli, le logo de Coalition avenir Québec. Le C de Coalition se confond avec le Q de Québec, le demi-cercle bleu est lumineux avec ses touches de rouge et de jaune, on dirait qu'il bouge. Ça fait «Québec», comme il se doit, mais aussi moderne et dynamique.

Ce logo très «arty» était bien le seul élément sophistiqué dans le lancement, hier matin, du nouveau parti de François Legault. C'était une affaire simple, à la bonne franquette pour ne pas dire à la va-comme-je-te-pousse, un événement qui avait l'air improvisé. On se serait cru à l'inauguration d'un club de golf de banlieue, ou à l'ouverture d'un St-Hubert BBQ. Pas la moindre trace de l'influence d'un gourou du marketing, d'un faiseur d'image ou d'un communicateur professionnel.

Si tel avait été le cas, on aurait placé la brochette des fondateurs sur la scène, on aurait fait répéter son texte à Charles Sirois pour l'empêcher de buter sur les mots, on lui aurait conseillé de dire «vingt-t-actions» plutôt que «vingt-s-actions», on lui aurait appris que l'expression «adresser les problèmes» est un vilain anglicisme. Et on aurait enseigné à François Legault comment respirer, et où mettre l'emphase dans un texte qui se voulait emballant.

Mais vous savez quoi? J'ai trouvé qu'au final, tout cela était plutôt sympathique et pas désagréable, vraiment pas désagréable du tout.

Cela tranchait avec les mises en scène élaborées qu'on n'a que trop vues dans notre paysage politique. On nous a épargné les flaflas prétentieux et coûteux, la musique de cirque, les drapeaux et les envolées tartinées de voeux pieux.

Pas de langue de bois, ici. Que du concret. Des propositions avec lesquelles on peut être en accord ou en désaccord (là n'est pas la question), mais des propositions terre à terre, réalisables. Rien de vague, rien de «songé», rien de tiré par les cheveux.

Une simplicité volontaire qui fait du bien... Personnellement, j'en ai soupé du romantisme politique, et je ne veux plus entendre parler de «vision», un mot qui a fait assez de dommages et provoqué assez de déceptions, la dernière en date étant celle qui a suivi les beaux discours de Barack Obama.

Mes émois, je vais les chercher dans les romans et dans ma vie personnelle, je n'ai pas besoin des émotions préfabriquées par les politiciens. Je leur demande, à eux, de bien gérer la société, avec intelligence, talent et efficacité.

Dans la même optique, c'est très succinctement, et sans s'écouter parler, que M. Legault a répondu aux questions. Avec une ouverture d'esprit manifeste, aussi, qui compense  la légèreté de son programme d'action. Ainsi, à celui qui demandait s'il envisageait une participation accrue du privé dans le secteur de la santé, il a dit que ce n'était pas sa priorité mais qu'on en discuterait et qu'on pourrait penser éventuellement à des projets-pilotes.

Il y avait de la bonhommie dans l'air. M. Legault n'a pas une once de charisme, si l'on entend par là des dons d'orateur susceptibles de faire rugir les foules de plaisir. Mais que dire d'Angela Merkel? De Stephen Harper ou de François Hollande? Et qui, au Québec, a eu la carrière politique la plus réussie? Le flamboyant Bouchard ou le terne Bourassa?

Je ne suis pas devenue «caquiste», loin (très loin) s'en faut! Mais pourquoi lapider ce nouveau parti à peine sorti de terre? Y a-t-il tant de gens qui ont le courage de se lancer en politique? Donnons-leur, pour l'instant, le bénéfice du doute...