Quel est l'avenir du Parti libéral? Y a-t-il encore de la place pour un parti de centre? Faut-il, alors, espérer une fusion PLC-NPD?

Quel est l'avenir du Parti libéral? Y a-t-il encore de la place pour un parti de centre? Faut-il, alors, espérer une fusion PLC-NPD?

Réglons vite la troisième question: de fusion il n'y aura pas. Non pas que ce serait illogique. Tout comme la droite a pu battre le gouvernement Martin grâce à la fusion de l'Alliance et des anciens tories, la conjugaison des forces néo-démocrates et libérales constituerait théoriquement un puissant obstacle à la réélection des conservateurs.

Mais la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas. Le NPD, qui n'était pas hostile à cette idée il y a un an, ne veut plus en entendre parler, maintenant qu'il est devenu le plus gros des deux. La plupart des libéraux hésiteraient aussi à faire une croix sur leur longue histoire, d'autant plus qu'une alliance avec le NPD ne les aiderait pas à regagner l'Ontario, où l'on garde un très mauvais souvenir du gouvernement néo-démocrate de Bob Rae.

La fusion des deux partis de droite a été facilitée par le fait qu'en 2003, le Parti conservateur de Brian Mulroney n'était plus que l'ombre de lui-même. L'Alliance, qui avait le vent dans les voiles, n'en a fait qu'une bouchée. Le PLC, aussi abîmé soit-il, n'est pas prêt à se faire avaler.

Surtout, il y a d'énormes différences entre le PLC et le NPD, qu'il s'agisse du libre marché (le NPD, beaucoup plus étatique, s'en méfie), de l'engagement militaire (le NPD est resté accroché au pacifisme des années 70) ou des rapports avec les États-Unis (la base néo-démocrate est férocement anti-américaine). Le PLC est un parti fondamentalement bourgeois, et beaucoup plus élitiste que le NPD, qui est un parti populiste en symbiose avec le mouvement syndical.  

Cela dit, y a-t-il encore de la place au centre? On peut prévoir qu'avec le temps, tant le NPD que le Parti conservateur glisseront vers le centre. L'espace restant au milieu sera bien ténu... C'est la thèse de Tom Flanagan, l'économiste respecté qui a été l'un des mentors de Stephen Harper, mais a pris ses distances de la politique active. Il estime que dans les démocraties modernes, la polarisation diminue parce que les grands partis de gouvernement se rapprochent du centre, les partis qui occupaient naguère le centre disparaissant ou devenant de tiers partis, comme les «Libs Dem» en Angleterre.

Or, la particularité du PLC était de loger au centre, quitte à pencher, selon les périodes et les chefs, tantôt un peu à droite, tantôt un peu à gauche. Dans un paysage où le PC et le NPD se seront recentrés, le PLC aura du mal à faire entendre un message distinct.

L'autre particularité historique du PLC était d'être le point de jonction entre l'Ontario et le Québec - le parti qui unissait francophones et anglophones, et les deux provinces les plus puissantes... Cette époque est révolue.

Les libéraux ont perdu le Québec et viennent d'être décimés en Ontario. Et l'échiquier politique, suivant l'économie, se déplace aujourd'hui vers l'Ouest, la région qui monte, celle qui attire les capitaux et les immigrants et qui assure la prospérité du Canada. Or, il se trouve que c'est là le fief des conservateurs de Harper, et que les libéraux n'existent plus dans l'Ouest depuis les années Trudeau...

Or, un parti sans base régionale n'a pas d'avenir. Le PLC n'en a plus, alors que le PC est présent partout (sauf au Québec) et que le NPD, même avant de déferler sur le Québec, était déjà relativement présent dans toutes les régions du Canada anglais. Dans ce contexte, la question du leadership devient presque secondaire. Changer de chef, oui, mais pour dire quoi?