La culture ethnocentriste du Bloc a tellement imprégné le Québec que nombreux sont ceux qui s'imaginent que le NPD en sera le clone. À TLMP, l'animateur demande naïvement à Layton s'il va défendre «d'abord et avant tout les intérêts du Québec». À la radio, Christiane Charrette s'exclame joyeusement: «Le NPD sera un nouveau Bloc québécois!», pendant que La Presse titre: «Layton, le nouvel homme fort du Québec».

La culture ethnocentriste du Bloc a tellement imprégné le Québec que nombreux sont ceux qui s'imaginent que le NPD en sera le clone. À TLMP, l'animateur demande naïvement à Layton s'il va défendre «d'abord et avant tout les intérêts du Québec». À la radio, Christiane Charrette s'exclame joyeusement: «Le NPD sera un nouveau Bloc québécois!», pendant que La Presse titre: «Layton, le nouvel homme fort du Québec».

C'est vraiment vivre sur la lune! Grosse nouvelle, le NPD est un parti pancanadien! Les députés «instantanés» du Québec vont se greffer à une formation qui existe depuis 50 ans au Canada, qui a de fortes racines en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et au Manitoba, et qui a, au surplus, une forte tradition centralisatrice que ses militants ne sont pas prêts d'abandonner, parce que la centralisation est nécessaire pour créer et préserver les programmes sociaux qui sont la raison d'être du NPD.

Croit-on que les néo-démocrates hors Québec laisseraient leur parti trancher systématiquement en faveur du Québec, dans les multiples différends qui surviendront dans une fédération de régions aux intérêts parfois contradictoires?

«Smilin'Jack» a promis mer et monde aux Québécois tout en disant autre chose ailleurs, mais la fête est finie, et le premier devoir du chef néo-démocrate, s'il veut prendre un jour le pouvoir, sera d'étendre ses appuis dans l'Ouest et en Ontario. Même si la moitié de son caucus est québécoise, il ne pourra jamais s'appuyer sur un électorat à l'humeur aussi volatile que celui du Québec, d'autant plus que le discours nationaliste dominant, amplifié par des médias à la fibre chauvine, fera en sorte que les douceurs consenties au Québec par le NPD ne pourront jamais répondre à la commande. Les Québécois, déçus, iront voir ailleurs...

Déjà, un certain Québec, modelé par 20 ans de rhétorique bloquiste, s'est installé dans son rôle préféré : celui de la victime. Quelques éditorialistes du Canada anglais se réjouissent de voir que le Bloc est mort et que le Québec - cette insatiable province qui demande toujours plus et ne donne jamais rien - a perdu son influence? Oh les vilains! Oh les méchants!

Non, mais sérieusement, fallait-il en plus exiger du Canada anglais qu'il pleure la mort d'un parti dont l'objectif était de scinder le pays en deux, et qu'il éprouve de la sympathie pour Gilles Duceppe, qui a fait de son mieux pour se faire détester lors du débat anglais? Des millions de Canadiens anglais ont vu sa prestation hargneuse et arrogante, et l'ont entendu répéter que lui, il ne vote que «pour ce qui est bon pour le Québec» (sous-entendu, le reste je m'en fous).

Désolée, mais le «nouvel homme fort» du Québec à Ottawa ne sera pas Jack Layton. Ce sera Maxime Bernier ou Christian Paradis, deux hommes qui siègeront vraisemblablement au conseil des ministres et qui, eux, auront le pouvoir d'agir, alors que le NPD, réduit au pouvoir illusoire de la parole et de l'indignation, aura perdu complètement perdu l'influence qu'il avait sous un gouvernement minoritaire.

Paradoxalement, l'appui massif des Québécois pour le NPD aura permis à Stephen Harper d'obtenir cette majorité à laquelle le Québec prétendait s'opposer!

Une fois de plus, le Québec s'est exclu du pouvoir. Le PCC n'y compte maintenant que six députés, peut-être cinq, Bernard Généreux étant en ballotage. Une représentation minime dans un gouvernement en place pour cinq ans et peut-être plus...

C'est ça qu'on aura parce que c'est ça qu'on a voulu. Au moins, ayons la dignité de ne pas jouer les vierges offensées.