On ne sait pas exactement pourquoi - peut-être tout bêtement à cause de l'économie, comme dans «it's the economy, stupid!» - mais les conservateurs de Harper semblent avoir le vent dans les voiles. Selon deux tout récents sondages, ils se rapprochent du seuil qui leur assurerait un gouvernement majoritaire. Angus Reid, pour le Toronto Star, leur donne 39% d'appuis (13 points d'avance sur les libéraux), et Ipsos Reid, pour le National Post, leur donne 43% d'appuis.

On ne sait pas exactement pourquoi - peut-être tout bêtement à cause de l'économie, comme dans «it's the economy, stupid!» - mais les conservateurs de Harper semblent avoir le vent dans les voiles. Selon deux tout récents sondages, ils se rapprochent du seuil qui leur assurerait un gouvernement majoritaire. Angus Reid, pour le Toronto Star, leur donne 39% d'appuis (13 points d'avance sur les libéraux), et Ipsos Reid, pour le National Post, leur donne 43% d'appuis.

C'est leur meilleur score depuis l'hiver 2008-2009, alors que le projet de coalition PLC-NPD appuyé par les «séparatistes» du Bloc avait provoqué, par réaction, une énorme flambée de la popularité des tories au Canada anglais.

Pendant ce temps, les libéraux traînent assez loin derrière, avec 27% d'appuis, et le NPD dégringole, à 13%. Au Québec, le Bloc continue de dominer le tableau, ce qui n'a rien de nouveau, et si les libéraux, avec 27% d'appuis (toujours selon Ipsos Reid), y font meilleure figure que les conservateurs, il faut toujours se rappeler que les votes libéraux, au fédéral, sont en quelque sorte «gaspillés» dans la poignée de comtés montréalais à forte population anglophone et allophone.

De toute façon, ce n'est pas - ce n'est plus - le Québec que les conservateurs ont dans leur mire. C'est l'Ontario, ses villes de banlieue populeuses et même Toronto, où ils ont commencé l'an dernier à faire des brèches significatives. Et c'est l'électorat urbain de la Colombie-Britannique, traditionnellement proche des libéraux et des néo-démocrates.

Il appert en effet que les tories ont réussi à élargir considérablement leur base: ils attirent davantage les femmes, alors que traditionnellement le parti «parlait» surtout aux hommes; ils attirent davantage les  nouveaux citoyens, alors que ces derniers avaient constitué pendant des décennies la clientèle captive des libéraux.

Et enfin, le parti qu'on s'amuse à caricaturer comme celui des «red necks» attire de plus en plus, selon Darrel Bricker, l'analyste d'Ipsos Reid, les classes moyennes éduquées... qui pardonnent au gouvernement ses politiques excessives et revanchardes (comme cette insistance absurde sur la répression du crime et la construction de prisons alors que la criminalité diminue) parce que, tout compte fait, l'économie du pays est relativement florissante: une prospérité et une stabilité que rehausse le contraste avec les États-Unis et l'Europe, qui eux n'ont pas réussi à sortir de la crise financière et s'enfoncent dans une maussade déprime.

L'autre facteur est évidemment la faiblesse de l'opposition officielle, un facteur sur lequel s'acharnent avec un méchant plaisir les publicités conservatrices négatives. Michael Ignatieff n'arrive toujours pas à susciter de l'enthousiasme. Question de chimie? Question d'alchimie? Stephen Harper non plus ne suscite pas d'enthousiasme, mais de toute évidence, les électeurs sont beaucoup plus nombreux à lui faire confiance. Et c'est précisément le facteur «confiance» qui compte en période électorale.

Reste à savoir s'il y aura ou non des élections... La décision est entre les mains des partis de l'opposition, car à défaut d'un enjeu majeur, le gouvernement serait malvenu de les déclencher de lui-même seulement deux ans et demi après les dernières.

C'est le 22 mars que l'on verra si l'opposition ose faire tomber le gouvernement. Tout dépend actuellement du NPD, qui veut désespérément éviter d'aller aux urnes dans l'état de faiblesse où il se trouve - d'autant plus que leur chef Jack Layton, déjà frappé par le cancer, doit subir en plus une opération à la hanche. Le NPD a essayé de négocier son appui au budget en réclamant des politiques pour les aînés, mais le ministre Flaherty refuse de lui faire des cadeaux. Pourquoi le ferait-il alors que les chiffres favorisent les conservateurs?