Faire payer les automobilistes pour financer le développement des transports en commun?

Faire payer les automobilistes pour financer le développement des transports en commun?

Bien d'accord. Quand on a les moyens d'acheter une auto, on a les moyens de payer plus que 30$ par année à cette fin. Quand on a les moyens d'acheter une maison unifamiliale en banlieue, on a aussi les moyens de payer un droit de passage sur les ponts.

De telles mesures - hausses des taxes dédiées à l'amélioration des transports en commun et péage aux heures de pointe - seraient beaucoup plus intelligentes que celles qui consisteraient à  réduire les voies du futur échangeur Turcot ou à rendre le stationnement quasiment impossible à Montréal. Bref, il faut viser le portefeuille plutôt que de multiplier les coups de force proposés par les zélotes de l'écologie.

Premier principe: tout ce qui rend plus difficile le transport routier nuit au progrès économique de Montréal, ville de commerce portuaire et aéroportuaire. D'où la nécessité de grandes voies de circulation capables d'accommoder le flux routier qui est appelé, qu'on le veuille ou non, à croître... sauf si la métropole dépérit, ce qui est bien la pire des hypothèses. Remplacer Turcot par un échangeur à capacité réduite, ce serait du masochisme économique.

Second principe: tout ce qui dissuade les banlieusards de venir «magasiner» et se divertir à Montréal, le soir et le week-end, nuit à l'activité culturelle et commerciale de Montréal. D'où la nécessité de ne pas leur empoisonner la vie en rendant le stationnement impossible ou ridiculement onéreux dans les quartiers centraux. D'où, également, la nécessité de limiter aux heures de pointe une éventuelle imposition du péage sur les ponts.

Les banlieusards auront le choix: ils paieront un peu plus pour avoir le privilège d'aller travailler dans la confortable solitude de leur auto ; ou ils s'initieront au covoiturage, ce qui répartira les coûts du péage entre voisins; ou alors, ils utiliseront les transports en commun, qui devraient normalement devenir plus performants s'ils bénéficient d'un financement accru.

Notre collègue François Cardinal signalait cette semaine que les droits prélevés sur les immatriculations pour développer les transports en commun sont restés fixés à 30$ depuis 1996... alors que le coût des transports en commun, à Montréal, a augmenté de 40% depuis 2002! Ce n'est pas normal et ce n'est plus acceptable.

Cardinal suggère une hausse rapide et immédiate des droits sur l'immatriculation (lesquels sont de 72$ en Nouvelle-Écosse), de même que la hausse de la taxe sur l'essence, l'important étant que ces sommes n'aillent pas se perdre dans les méandres du fonds consolidé de la province, mais servent au développement des transports collectifs. Des taxes dédiées sont toujours plus faciles à accepter.

Parallèlement, on apprend que l'administration Tremblay songe à imposer une taxe spéciale aux propriétaires de véhicules. Il faut attendre les détails de cette politique avant d'en juger, mais en principe, il n'y aurait rien là de fâcheux... à condition, encore une fois, que le produit de cette taxe soit dirigé vers le transport collectif.

À ce sujet, je veux ici faire l'éloge de nos autobus. Je n'ai pas une connaissance exhaustive du réseau, loin s'en faut. Mais la pluie aidant, j'ai récemment redécouvert l'autobus, que j'avais abandonné pour la marche et le métro... et constaté avec joie que les autobus montréalais sont pilotés par une nouvelle génération de chauffeurs: des gens courtois et serviables, qui vous saluent et vous renseignent très gentiment (et parmi lesquels, incidemment, l'on compte de nombreuses femmes). En plusieurs déplacements récents, je n'ai jamais eu à attendre plus de dix minutes, sauf une seule fois. J'espère que mon expérience n'est pas unique.