Un gouvernement conservateur solidement majoritaire, qui tire sa force de l'Ontario et de l'Ouest, pendant que le Parti libéral s'étiole à l'ouest de l'Ontario sans même parvenir à faire des gains dans un Québec plus que jamais en retrait, toujours dominé par le Bloc...

Tel est le portrait qui aurait résulté d'élections automnales, si les libéraux avaient réussi dans leur tentative masochiste de renverser le gouvernement.

 

Selon Strategic Council, les conservateurs de Harper ont 13 points d'avance sur les libéraux sur la scène pan-canadienne, le PLC se retrouvant aussi mal pris sous la gouverne d'un Michael Ignatieff dont il attendait pourtant mer et monde, que sous celle de Stéphane Dion. Pendant que le PLC plafonnait, le PC a pris une avance qui lui permettrait de former un gouvernement majoritaire.

Pour ce qui est du Québec, il faut plutôt se fier au sondage de CROP, antérieur de deux semaines à celui du Strategic Council, mais qui a le mérite de reposer sur un échantillon de 1000 personnes. Ce sondage montre lui aussi la dégringolade des libéraux - une dégringolade que les sorties belliqueuses de Denis Coderre et le cafouillage dans Outremont ont certainement accentuée. Malgré ses indéniables qualités, Marc Garneau, le nouveau bras droit de M. Ignatieff au Québec, n'a pas les atouts nécessaires (soit l'expérience politique et la connaissance du terrain) pour faire des miracles.

Logiquement, le vote fédéraliste se déplace vers les Tories, dont la cote a remonté de quatre points en un mois. M. Harper a appris de ses erreurs, l'économie ne va pas aussi mal que prévu, le premier ministre a bonne presse - et il n'a pas renoncé au Québec.

Il a commencé à faire la paix avec Brian Mulroney, qui reste l'incontournable figure de proue pour les «bleus» du Québec. Cameron Charlebois, un acteur important dans le paysage urbanistique, vient d'être nommé à la tête de la Société immobilière du Canada (section Québec), et va s'attaquer aux fameux silos qui longent la rive montréalaise du fleuve. Le Vieux-Port et ses environs sont une responsabilité fédérale. Si l'on réussit à relever ce secteur et à en faire un beau lieu d'activités mixtes comme on l'a fait dans l'île Granville, à Vancouver, le crédit de cette opération très visible en reviendra au gouvernement Harper.

Dans le comté de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-loup, où une élection partielle aura lieu le 9 novembre, les conservateurs ont déniché un candidat intéressant - l'ancien maire de La Pocatière Bernard Généreux, un homme jeune, dynamique et bien vu. La circonscription est bloquiste (l'ancien député Paul Crête, en place depuis 1993, a eu 6500 voix de majorité en 2008), mais face à une nouvelle venue, le PC pourrait afficher une meilleure performance.

L'époque où la politique attirait des vedettes connues partout dans la province est révolue. Le mieux qu'un parti politique puisse espérer, c'est de recruter des gens compétents et bien implantés dans leur milieu. Or, et c'est bon signe, les conservateurs viennent d'attirer un candidat de qualité dans un comté théoriquement «perdu»... alors que les libéraux n'ont pas encore choisi le leur, l'ironie étant que M. Généreux est libéral au provincial.

Le sondage du Strategic Council contient d'autres mauvaises nouvelles pour les libéraux. D'une part, le PLC recule dans l'électorat féminin qui lui était pourtant traditionnellement acquis. D'autre part, l'extrême faiblesse du parti dans l'Ouest, et son recul en Ontario, va profiter au NPD... Si le déclin du PLC se confirme, le NPD pourrait être tenté par l'aventure électorale et cesser de soutenir le gouvernement. M. Harper ne serait que trop heureux de lui en fournir le prétexte.