Comme il fallait s'y attendre, Donald Trump en a remis dans la guerre commerciale qu'il a ouvertement déclarée à l'ensemble des nations commerçantes, mais de façon plus spectaculaire et vindicative à la Chine. Au besoin, le grand stratège militaire s'est dit prêt à taxer la presque totalité des 505 milliards d'importations chinoises aux États-Unis. Rien de moins.

Depuis son élection en novembre 2016, on a toujours cru que Donald Trump finirait bien un jour par s'assagir, que la nature même de sa fonction et le poids de ses responsabilités allaient invariablement l'obliger à adopter un comportement plus cohérent et plus conciliant avec ses ennemis et aussi, idéalement, avec ses amis.

On sait maintenant que ce ne sera jamais possible et que l'excès et l'imprévisibilité sont à demeure à Washington et qu'on ne peut qu'assister, impuissant et médusé, à ce vaudeville qui se renouvelle quotidiennement.

La guerre commerciale n'est plus une simple menace brandie par un président hystérique. Donald Trump a sorti l'artillerie lourde et l'utilise comme un dément pour bien affirmer sa supériorité sur tous ceux qui se trouvent en travers de son tortueux chemin.

Vendredi, Trump a donc décrété des tarifs douaniers de 50 milliards US en imposant une taxe de 25 % sur des importations ciblées en provenance de la Chine.

On le sait, le chef républicain veut renverser le déséquilibre commercial important que les États-Unis présentent avec la Chine, tout comme il veut punir l'empire du Milieu pour le non-respect des droits de propriété intellectuelle sur les technologies américaines.

La Chine exporte pour 505 milliards US de biens aux Américains, alors que les entreprises américaines exportent seulement 130 milliards US de produits vers la Chine. Un déficit de 375 milliards US que Trump veut combler notamment par des mesures de représailles tarifaires.

Il était évidemment impensable que la Chine subisse pareil affront sans réagir. De bonne guerre, le gouvernement chinois a clairement indiqué qu'il allait répliquer en taxant lui aussi les importations américaines pour une valeur équivalente de 50 milliards US.

La riposte trumpienne n'a pas tardé. Lundi, en fin de journée, les États-Unis ont annoncé que si la Chine met à exécution sa menace tarifaire, ils imposeront alors une taxe de 10 % sur 200 milliards US d'importations chinoises additionnelles.

Si la Chine répond par de nouveaux tarifs, les États-Unis vont alors élargir la taxe de 10 % sur 200 milliards US d'importations additionnelles, pour un total de 450 milliards US de biens qui seront soumis à une barrière tarifaire. Du grand délire pourtant pleinement assumé par ceux qui ont formulé cette stratégie guerrière de l'escalade.

Les marchés ont bien mal réagi à la nouvelle offensive tarifaire américaine. La Bourse de Shanghai a chuté de plus de 3 % pour se retrouver à son plus bas niveau des deux dernières années.

À New York, le Dow Jones a chuté de plus de 400 points avant de clôturer en baisse de 1,15 %, hier, ce qui a éliminé les quelques gains que l'indice avait réussi à grappiller depuis le début de l'année.

UNE POPULARITÉ RECORD

Autant cette dernière frasque économique de Donald Trump - aux conséquences diplomatiques potentiellement désastreuses - nous apparaît comme excessive, tordue et issue d'un cerveau malade, autant elle représente l'expression du gros bon sens aux yeux du président américain.

Trump livre ce qu'il a promis durant la campagne électorale. Il faut que les États-Unis retrouvent leur lustre d'antan et qu'ils cessent d'être la risée du monde entier.

Plus Trump se radicalise - en taxant l'aluminium et l'acier canadiens, en torpillant systématiquement les négociations de l'ALENA, en refusant de signer le communiqué du G7, en s'attaquant de plein front à la Chine... -, plus il gagne le soutien de la population américaine.

Un sondage Gallup dévoilé hier nous a appris que la cote de popularité de Donald Trump a atteint un sommet, alors que 45 % des Américains disent approuver sa façon de gouverner.

S'il y a bien sûr 50 % des Américains qui désapprouvent la gestion présidentielle, il n'en reste pas moins que Trump alimente à merveille un nombre de plus en plus grand d'Américains qui adhèrent à son discours sur la menace économique étrangère et sur l'urgence d'agir avec fermeté.

Si bien des Canadiens ont décidé de ne pas visiter les États-Unis cet été pour marquer leur désapprobation envers l'attitude générale méprisante de Donald Trump, il y en aura davantage qui vont faire pareil en constatant que le peuple américain soutient aujourd'hui en grand nombre ce président pourtant tellement erratique et fallacieux.