Les résultats financiers dévoilés hier par Bombardier démontrent clairement que l'entreprise est en bonne voie de réaliser le retournement financier et opérationnel qu'elle avait promis de livrer pour l'année 2020. En 2017, Bombardier a enfin réduit le flot de sa saignée financière et a réussi à dégager ses meilleurs flux de liquidités des sept dernières années à son dernier trimestre.

La bonne performance financière de Bombardier a d'ailleurs été accueillie de façon positive par les analystes financiers et n'est pas passée inaperçue auprès de la communauté des investisseurs alors que son titre boursier s'est apprécié de plus de 11 % au terme de la seule séance d'hier.

Cette réaction extrêmement favorable des marchés à la suite du dévoilement des résultats financiers trimestriels d'hier fait contraste par rapport à celles qu'on a eu l'habitude d'observer au cours des dernières années, alors qu'on avait l'impression que Bombardier ne faisait que s'embourber en étant toujours incapable de livrer des résultats probants.

Si cela n'a pas été le cas hier, c'est que la multinationale tient promesse et que son PDG Alain Bellemare exécute son plan de match de façon disciplinée en dépit des obstacles qui se dressent en cours de route.

Des obstacles comme les attaques pour concurrence déloyale de la part du géant Boeing, ou encore la décision de la Caisse de dépôt de ne pas retenir Bombardier Transport pour la fabrication des trains du futur Réseau express métropolitain (REM).

Au cours de la dernière année, Bombardier a dépensé moins de liquidités que ce qui avait été anticipé, soit 786 millions, plutôt que le milliard qui avait été projeté. Le niveau de dépenses dans le très vorace programme de développement de la C Series semble enfin maîtrisé.

Mieux encore, Bombardier a dégagé à son dernier trimestre des liquidités excédentaires de 872 millions, un niveau jamais atteint depuis 2011, grâce notamment à la très bonne performance de sa division ferroviaire.

Bref, Bombardier dépense moins, dégage plus de liquidités et s'aligne pour livrer sa promesse de dégager des flux de trésorerie neutres en 2018, ce qui devrait préparer la voie à un fort retour à la profitabilité pour 2020, alors que ses revenus devraient franchir le cap des 20 milliards par rapport aux 16,2 milliards enregistrés en 2017.

DES IRRITANTS QUI PERSISTENT

La décision de la Commission internationale du commerce des États-Unis (USITC) d'annuler les droits compensateurs de 292 % imposés par le département du Commerce américain sur la vente d'avions de la C Series au transporteur Delta ne permettra pas de corriger l'aberration qui force Bombardier à investir 300 millions US dans la construction d'une nouvelle usine d'assemblage de la C Series à Mobile, en Alabama.

On l'a appris mercredi, non seulement l'USITC a jugé sans fondement la plainte de concurrence déloyale et de dumping formulée par Boeing contre Bombardier, mais la Commission a aussi statué que l'avionneur québécois était en droit de livrer à Delta des premiers avions assemblés à Mirabel.

Malgré ce jugement favorable, Bombardier maintient son projet de financer et de construire une usine aux États-Unis afin de protéger ses futurs clients américains d'éventuels recours de Boeing, surtout lorsque des commandes d'appareils CS300, dont la configuration se rapproche de celle des Boeing 737, seront en jeu.

L'entreprise s'est engagée à investir 300 millions au cours des trois prochaines années alors qu'elle pourrait utiliser ses liquidités à bien meilleur escient. Une équipe de Bombardier est d'ailleurs présentement à pied d'oeuvre à Mobile en vue de la construction de cette prochaine usine.

La décision de la Caisse de dépôt de ne pas considérer Bombardier comme le principal fournisseur des trains du futur Réseau express métropolitain constitue un autre irritant majeur pour l'entreprise québécoise.

Dans tous les gros marchés où Bombardier Transport est active, elle doit composer avec la même réalité, celle de respecter un pourcentage de contenu local dans les produits qu'elle fabrique.

Les TGV de Bombardier en Chine doivent respecter un contenu local de l'ordre de 80 %, en Europe, Bombardier doit fabriquer ses trains en Grande-Bretagne, en France ou en Allemagne pour chacun de ces marchés respectifs. Aux États-Unis, on exige un contenu américain de 65 %, une norme qui passera à 70 %, en 2020.

Au Québec, alors qu'on attribue le plus gros contrat de fabrication de trains depuis celui du métro de Montréal dans les années 60 - décroché par Bombardier à l'époque -, on fait fi de la réalité de contenu national et on privilégie un constructeur européen, Altsom, qui a une activité marginale dans le secteur ferroviaire au Canada.

Bombardier n'avait pas besoin de cet obstacle additionnel. L'entreprise aurait plutôt préféré obtenir une vitrine nationale pour y exposer son savoir-faire.

INFORGRAPHIE LA PRESSE