Fidèle à l'engagement qu'il a pris lors de sa dernière rencontre annuelle du 1er mai avec les leaders syndicaux, le premier ministre Philippe Couillard va présider cet automne le Rendez-vous de la main-d'oeuvre, un sommet sur l'emploi qui réunira les forces vives du monde du travail et de l'économie en vue d'articuler une stratégie pour relancer la création d'emplois plutôt anémique au Québec.

Cette excellente initiative devait au départ être pilotée par la ministre de l'Économie, Dominique Anglade. C'est elle qui a assuré la relance de la proposition de Philippe Couillard auprès des leaders syndicaux et des représentants du patronat, qui ont accepté avec enthousiasme de participer à ce premier Sommet sur l'emploi.

Le Rendez-vous de la main-d'oeuvre vise large et conviera une foule de participants de tous horizons - communautaire, syndical, patronal, académique, économique, démographique... - avec l'implication de la Commission des partenaires du marché du travail.

Mercredi matin, un comité de pilotage s'est réuni pour la première fois afin de discuter des grands paramètres qui devraient encadrer les ateliers qui prendront forme durant le Sommet.

Les leaders de la CSN, de la FTQ, de la CSQ et de la CSD y participaient de même que les présidents des Manufacturiers et exportateurs du Québec, de la Fédération des chambres de commerce, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante et du Conseil du patronat du Québec.

Du côté gouvernemental, le ministre François Blais, de l'Emploi et la Solidarité sociale, la ministre Hélène David, de l'Enseignement supérieur, et la ministre Dominique Vien, responsable du Travail, étaient présents.

Seule ombre au tableau, la ministre Anglade brillait par son absence, ce qui a été déploré unanimement par les participants qui s'attendaient à ce que la ministre responsable du développement économique joue un rôle de premier plan dans l'organisation de ce Sommet sur l'emploi.

Les présidents de la CSN et de la FTQ n'ont pas voulu commenter l'absence de la ministre, précisant qu'on ne leur avait pas confirmé si Mme Anglade allait participer aux autres réunions préparatoires de l'événement.

Le président par intérim de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Stéphane Forget, a dit lui aussi ignorer si Mme Anglade allait participer à l'organisation et au déroulement du Sommet.

« Les défis liés à l'emploi sont nombreux et on est heureux de participer à ce sommet. Mais les principaux défis auxquels on fait face sont des défis économiques. La ministre n'était pas à la réunion, mais on ne nous a pas précisé si elle sera là ou non au cours des prochaines rencontres », a-t-il expliqué.

Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), s'est dit lui aussi surpris de l'absence de Mme Anglade, alors qu'il était convaincu qu'elle serait de la partie.

« Il va y avoir beaucoup de tables de discussion durant ce Sommet. On va beaucoup discuter de formation, d'éducation, d'immigration et de démographie.

« Mais, à la base, la situation de l'emploi est directement liée à la situation économique. Jusqu'à quel point on peut avoir un rassemblement porteur, si l'économie n'est pas au centre des discussions ? », relève le président du CPQ.

En effet, il ne peut pas y avoir de création d'emplois sans une activité économique conséquente pour la soutenir, tout comme on ne peut pas imaginer une saine croissance économique sans la main-d'oeuvre qualifiée et disponible pour l'alimenter.

Bref, l'absence de Dominique Anglade, ministre de l'Économie, de l'organisation du Sommet sur l'emploi est pour le moins étonnante.

Au bureau de la ministre, on explique que Mme Anglade se trouvait justement, mercredi matin, avec une cohorte d'entrepreneurs de la région de Kamouraska et qu'elle discutait avec eux de plusieurs enjeux, dont ceux de l'emploi.

Selon l'attachée de presse de Mme Anglade, c'est le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, qui est le responsable de l'organisation du Sommet de l'emploi, et il n'est pas acquis que la ministre de l'Économie s'implique davantage dans la préparation de ce Rendez-vous de la main-d'oeuvre.

Dans la vraie vie toutefois, le développement de l'emploi passe inexorablement par le développement économique. L'un ne peut se soustraire à l'autre, et la ministre ne pourra sûrement pas, elle non plus, se soustraire à l'événement.