On croyait qu'Osisko, qui était propriétaire de la mine Canadian Malartic, principale société minière québécoise, allait lentement disparaître à la suite de sa vente aux groupes Yamana Gold et Agnico Eagle. Redevances aurifères Osisko, qui est née dans la foulée de la transaction de 2014, a pourtant la ferme intention de se relancer dans l'exploitation de mines d'or au Québec et a des projets plein les bras.

En avril 2014, Osisko est officiellement vendue au tandem Yamana Gold et Agnico Eagle à un prix évalué à 4,3 milliards, à la suite d'une première offre hostile qu'avait lancée au début de l'année le géant minier Goldcorp.

Pour chacune de leurs actions, les actionnaires d'Osisko ont obtenu dans la transaction une action de la nouvelle société Redevances aurifères Osisko, officiellement créée en juin 2014, qui allait gérer un fonds de redevances annuelles de 5 % sur l'or produit à la mine Canadian Malartic, la plus importante mine d'or du Canada.

Quelques mois plus tard, Redevances aurifères Osisko fusionnait avec la société Mines Virginia, qui détenait elle-même une redevance escalatoire (qui va en grossissant d'année en année) de 2,2 à 3,5 % dans la production de la mine d'or Éléonore, située à la Baie-James.

« Au total, nous avons aujourd'hui des redevances potentielles sur 54 propriétés minières. On a 450 millions de liquidités, 150 millions de ligne de crédit et 250 millions d'actions de sociétés minières inscrites en Bourse », ajoute Bryan Coates, président de Redevances aurifères Osisko et architecte financier de la création d'Osisko à l'époque de sa création en 2007.

Originaire de Normétal, en Abitibi, comptable de formation, Bryan Coates a toujours été actif dans le secteur minier. Il a travaillé pour différents groupes miniers avant de se joindre à Cambior, en 1990, à titre de vice-président, contrôle.

Puis il se joint à Bre-X, qui était alors la grande vedette des sociétés aurifères canadiennes, en septembre 1996, quelques mois avant que n'éclate le gigantesque scandale entourant le prétendu plus important gisement d'or jamais découvert, en Indonésie.

À titre de vice-président, contrôle, Bryan Coates devra mener l'enquête interne qui l'amènera à témoigner devant la Securities and Exchange Commission (SEC), aux États-Unis.

« Le scandale a éclaté en mars 1997. J'ai dû aller en Jamaïque et en Indonésie pour enquêter et j'ai témoigné devant la SEC en octobre, après quoi je me suis joint à titre de vice-président, finances, à la société Antamina, au Pérou, où je suis resté trois ans », se remémore-t-il.

En 2001, il retourne chez Cambior comme chef de la direction financière et il vit alors la vente de la plus importante société minière québécoise à la société Iamgold, en 2006.

TROIS EMPLOYÉS, UN FINANCEMENT DE 1 MILLIARD

Après avoir agi durant moins de deux ans à titre de chef de la direction financière d'Iamgold, il décide de rejoindre Sean Roosen, qui vient de lancer la société Osisko avec le projet fou de créer une mine à ciel ouvert en plein coeur de Malartic.

« Quand je suis arrivé chez Osisko, on était trois employés et j'étais le seul avec un contrat en poche... Luc Lessard, notre expert en ingénierie, a évalué que notre projet pouvait être rentable avec une once d'or qui s'échange à 775 $. On a foncé. »

- Bryan Coates

En 2009, en pleine crise financière, Osisko réussit un financement par actions de 403 millions, assorti de 240 millions de droits de souscription. Le groupe obtient du financement auprès de la SGF (75 millions), de l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada (150 millions) et de Caterpillar (125 millions).

On connaît la suite : la mine Canadian Malartic est devenue la plus importante mine d'or du Canada, la 17e du monde, et elle a suscité la convoitise qui a mené à sa vente.

« Mais la redevance de 5 % que l'on a conservée nous assure cette année entre 35 000 et 37 000 onces d'or. Avec les droits qu'on a conservés sur des gisements en Abitibi et en Ontario et ceux que l'on a ajoutés en fusionnant avec Mines Viriginia, on a 54 propriétés de redevances en poche », précise Bryan Coates.

En juin dernier, Redevances aurifères Osisko a transféré les propriétés qu'elle détenait par l'entremise d'Oban Mining dans une nouvelle entité baptisée Minière Osisko et dont le mandat sera d'exploiter des gisements au potentiel avéré.

« On a 15 % des actions de Minière Osisko, ce qui fait de nous le plus important actionnaire, et on prévoit pousser des projets qui sont déjà avancés tels que le bloc Marban, près de Val-d'Or, ou Kirkland Lake, en Ontario », prévient le vétéran de l'industrie.

UN LONG COGNEUR

Bryan Coates a appris à jouer au golf dès qu'il a déménagé à Rouyn après avoir passé les 10 premières années de sa vis à Normétal.

« J'ai commencé à jouer à l'âge de 10 ans. Puis j'ai occupé divers emplois au golf qui avait été construit et qui était administré par la mine. Tout en continuant à jouer sur ce terrain qui était très long. C'est là que j'ai appris à faire de longs coups de départ », explique-t-il.

De tous les joueurs que j'ai côtoyés au fil des entrevues réalisées sur les verts, Bryan Coates est certes celui qui a affiché l'élan le plus fluide d'entre tous. Ça paraît qu'il a commencé à jouer jeune et que les plaines abitibiennes lui ont été profitables...