Pour une deuxième année consécutive, l'économie de Montréal devrait progresser cette année à un rythme supérieur à la moyenne nationale, nous apprend le Conference Board du Canada dans sa plus récente note de conjoncture métropolitaine. Une nouvelle fort positive qui ne peut cependant occulter le fait que Montréal n'arrive toujours pas à développer son plein potentiel économique.

Selon le Conference Board, qui fait chaque année l'analyse économique de 28 régions métropolitaines du Canada, l'économie montréalaise, tout comme celle de la ville de Québec (+ 2 %), va enregistrer une croissance de l'ordre de 2,3 % alors que le produit intérieur brut (PIB) canadien devrait progresser de 1,7 %.

L'an dernier, avec une progression de 1,7 %, le PIB de Montréal avait aussi fait mieux que la moyenne nationale puisque selon les données publiées mardi, l'économie canadienne a progressé de seulement 1,2 % en 2015.

Manifestement, l'économie montréalaise profite de la faiblesse du dollar canadien et de la reprise économique américaine. C'est le scénario que la majorité des économistes et que le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, avaient prédit lorsque les prix du pétrole ont accéléré leur mouvement de chute au tout début de l'année 2015.

L'Ouest canadien allait être pénalisé, mais les provinces manufacturières que sont le Québec et l'Ontario allaient profiter doublement de la chute des prix de l'énergie et de la baisse de valeur du dollar canadien.

C'est le phénomène que l'on observe, mais qui est loin de se manifester de façon spectaculaire. La production manufacturière a été en progression l'an dernier et le sera aussi cette année, mais il reste que les avancées sont modestes et tout juste au-dessus de la croissance économique nationale qui est elle-même extrêmement faible.

Il faut aussi rappeler que si l'économie montréalaise surperforme timidement depuis deux ans par rapport à l'économie canadienne, elle avait systématiquement affiché un taux de croissance inférieur à la moyenne nationale durant les cinq années précédentes. 

On partait donc de loin, mais on n'a pas encore pour autant parcouru un bout de chemin significatif qui permettrait de nous distinguer des autres régions métropolitaines canadiennes. 

Sur les 28 régions métropolitaines analysées par le Conference Board du Canada, 17 devaient afficher une croissance économique supérieure à la moyenne nationale en 2016. Ce sont évidemment les zones urbaines des régions productrices de pétrole qui vont encore souffrir le plus cette année.

Les régions métropolitaines d'Edmonton et de Calgary vont enregistrer une régression de l'ordre de 1,3 % et 1,2 % respectivement. Saskatoon et Regina vont pour leur part afficher une croissance de tout juste 1 %, en deçà de la moyenne nationale prévue de 1,7 %.

Enfin, Montréal se classe loin de Vancouver qui va encore dominer les villes canadiennes en 2016 avec un taux de croissance de l'ordre de 3,4 %. L'an dernier, l'économie de Vancouver a enregistré une robuste croissance de 4 %.

Besoin d'investissements industriels

Montréal a un besoin évident de nouveaux investissements industriels pour renforcer sa base manufacturière qui s'érode. La situation est encore plus criante dans l'île de Montréal qui a assisté depuis le début des années 2000 à la disparition de 40 % du nombre d'usines sur son territoire et de 40 % du nombre de ses travailleurs spécialisés.

Le secteur manufacturier l'a eu à la dure durant la décennie 2000 avec l'arrivée de la Chine comme nouveau concurrent et la flambée du dollar canadien qui, en l'espace de moins de cinq ans, est passé d'un creux à 62 cents US à la parité en 2007.

On attendait beaucoup de la nouvelle faiblesse du huard et on n'a jusqu'à maintenant que peu récolté, mais la situation semble en voie de retournement. Pour trois mois d'affilée, le volume des exportations canadiennes ne cesse de prendre du tonus.

Les statistiques sur le commerce extérieur pour le mois de janvier nous ont appris hier que le volume des exportations canadiennes a fait un bond de 3,6 % durant le mois et que la valeur des expéditions a progressé de 1 % pour atteindre le niveau record de 46 milliards. 

Les exportations vers les États-Unis ont représenté 76 % du total des ventes étrangères canadiennes en janvier, en hausse de 2,6 %. Cette donnée, couplée à une autre journée de hausse des prix du pétrole, a contribué à faire franchir au dollar canadien la marque des 75 cents américains. Nos entreprises manufacturières ont encore du temps et de la marge pour tirer profit de la reprise américaine.