Après une année 2015 que l'on pourrait poliment qualifier de moche, il était normal de nourrir certaines attentes pour la nouvelle année qui s'amorce. La première semaine de janvier vient toutefois de sonner brutalement le rappel du réel et nous force à réduire considérablement les espoirs de profiter d'un environnement économique stable et tonifiant en 2016.

Non, 2015 n'a pas été un grand cru sur le plan économique, et 2016 ne montre pas de signes précurseurs d'une cuvée exceptionnelle non plus.

Après être tombée en récession technique durant le premier semestre, l'économie canadienne n'a pas affiché une vitalité débordante durant les six derniers mois de l'année.

Ainsi, Statistique Canada nous apprenait hier qu'il s'est créé, en 2015, 158 000 emplois au pays, dont 48 000 au Québec. C'est un peu plus de la moitié de la création d'emplois durant le seul mois de décembre (292 000 postes créés) aux États-Unis.

Pour une deuxième année consécutive, la chute des cours du pétrole (- 30 %) et celle des prix des matières premières (- 18 % pour l'aluminium, - 26 % pour le cuivre, - 42 % pour le nickel...) ont lourdement taxé la balance commerciale canadienne et plombé d'un autre 19 % la valeur du dollar canadien.

La perte d'appétit de la Chine et le ralentissement de sa croissance économique ont causé davantage de dommages à l'économie canadienne que les bienfaits qu'elle aurait dû tirer de la reprise américaine.

Non seulement la mauvaise tenue des secteurs de l'énergie et des ressources naturelles a ramolli l'économie canadienne, mais encore elle a été responsable de la chute de 11 % de la Bourse canadienne pour l'année 2015.

MAUVAIS DÉPART

Ça, c'était l'an dernier. Mais la semaine qui vient de se terminer nous a démontré que rien n'a vraiment changé en 2016 et que les choses pourraient même empirer.

Jeudi, le prix du baril de pétrole Brent a touché un creux à 32,16 $US, un niveau de prix qui n'avait pas été atteint depuis avril 2004. On n'attend plus maintenant que les cours du pétrole traversent le plancher des 30 $US, une éventualité que tous jugeaient totalement farfelue il y a 12 mois seulement.

La déroute pétrolière a évidemment entraîné dans son sillage notre pauvre huard qui poursuit sa longue descente aux enfers et qui va bientôt tester le seuil des 70 cents US, un plancher qu'il va rapidement défoncer...

Jeudi également, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a lancé un message clair aux Canadiens. La faiblesse du huard n'est pas un épiphénomène, mais une réalité qui est là pour durer de trois à cinq ans, le temps qu'un nouveau cycle de demande des matières premières se mette en branle.

Parallèlement, les Canadiens devront payer plus cher quantité de produits de consommation qui sont importés des États-Unis ou libellés en dollars américains. Le panier d'épicerie sera évidemment le plus exposé à cette inflation spontanée.

Toujours jeudi, on apprenait que la Bourse canadienne venait d'entrer officiellement en territoire baissier puisque l'indice de la Bourse de Toronto a cumulé une perte de 20 % de sa valeur depuis l'atteinte de son sommet de septembre 2014, à 15 657 points.

L'avènement d'un « bear market » n'est évidemment jamais une bonne nouvelle, surtout pour nos gestionnaires de caisses de retraite qui sont fortement exposés au marché canadien. On peut difficilement anticiper un redressement du marché canadien autrement que par une reprise des prix du pétrole et des ressources naturelles.

Aux États-Unis, les Bourses américaines ont elles aussi enregistré un début d'année catastrophique, les indices Dow Jones et S&P 500 cumulant des pertes de près de 6 %.

Il s'agit du pire début d'année boursière de l'histoire américaine, et cette débâcle n'augure rien de bon pour le reste de l'année puisque trois fois sur quatre, lorsque la Bourse recule au cours des cinq premières séances de janvier, elle termine l'année en baisse.

2016 débute dans l'adversité, et l'année risque d'être longue.