L'agence de presse financière Reuters a fait la manchette avec Bombardier en annonçant que le président exécutif du conseil Pierre Beaudoin devrait quitter l'entreprise au début de 2016 pour céder sa place à un autre. Une rumeur que le vent automnal a vitement balayée.

Selon Reuters, qui de Washington cite une «source qui est au courant des discussions à ce sujet» mais «qui n'est pas autorisée à parler publiquement», Pierre Beaudoin quitterait ses fonctions au début de 2016, mais l'agence ne donne pas toutefois les raisons qui motiveraient ce départ.

Pierre Beaudoin, on le sait, a cédé sa place de président-directeur général de Bombardier à Alain Bellemare, en février dernier, dans l'espoir de donner un second souffle à l'entreprise qui traverse une période difficile, notamment en raison des dépassements de coûts de développement de sa nouvelle famille d'avions commerciaux.

Pierre Beaudoin a laissé les commandes à Alain Bellemare, mais il a pris la direction du conseil d'administration de Bombardier, où son statut de président exécutif lui assure un rôle plus important que la seule supervision des activités du groupe de transport.

Bombardier soulignait hier à Mirabel l'homologation du CS100 et le PDG Alain Bellemare était visiblement étonné d'entendre cette rumeur diffusée hier matin sur le site internet de Reuters. «Je ne sais pas d'où ça vient», a-t-il répondu aux journalistes qui le questionnaient au sujet de l'éventuel remplacement de Pierre Beaudoin.

Pierre Beaudoin, le principal intéressé, n'était pas au courant de la nouvelle de Reuters et c'est Alain Bellemare qui la lui a apprise, tout juste après la conférence de presse de Mirabel.

«Il m'a demandé en riant si je lui cachais des choses. Je ne sais vraiment pas moi non plus où le journaliste est allé chercher ça. Ça vient de Washington, je ne connais personne là-bas», m'a expliqué hier le président exécutif du conseil plus intrigué que choqué par cette fausse nouvelle, basée sur une seule source.

Remarquez que cela aurait pu être possible qu'à 53 ans, Pierre Beaudoin décide de vouloir réorienter sa vie. D'autant plus que les sept dernières années qu'il a passées comme PDG de Bombardier n'ont pas été une sinécure.

Lorsqu'il a succédé à son père, Laurent, en 2008, Pierre Beaudoin a dû composer avec le pire ralentissement économique des 50 dernières années. Il a assisté à l'effondrement des marchés émergents qui constituaient les marchés porteurs pour ses avions d'affaires, tout en développant à grands frais la nouvelle C Series.

«Il n'est pas question que je quitte mon poste. On a décidé, Alain et moi, qu'on allait travailler en équipe. C'est ce qu'on fait», précise le président du conseil, qui semble bien en selle.

Depuis qu'Alain Bellemare a pris la direction de Bombardier en février dernier, l'entreprise a complètement réorganisé sa haute direction, elle a épuré son bilan financier et obtenu un financement commun de la Caisse de dépôt et du gouvernement québécois de 3,3 milliards.

L'article de Reuters évoquait hier l'érosion du pouvoir de la famille Beaudoin-Bombardier pour expliquer le départ possible de Pierre Beaudoin de son poste de président du conseil.

La famille des fondateurs de l'entreprise possède 14% des actions du groupe qui lui assurent 54% du contrôle, grâce au jeu des actions à droit de vote multiple.

La famille Beaudoin-Bombardier est encore bien présente au conseil d'administration de l'entreprise où, outre Pierre Beaudoin, siègent Laurent Beaudoin (également président émérite du conseil), J.R. André Bombardier et Joanne Bissonnette, fille de Janine Bombardier et donc cousine de Pierre Beaudoin. Il y a 14 membres au conseil de Bombardier.

Le brouhaha qu'a généré l'article de Reuters n'est pas étranger au fait que Pierre Beaudoin a récemment démontré sa volonté à la Caisse de dépôt de renouveler prochainement son conseil d'administration.

Selon l'entente liée au financement de la division Bombardier Transport, Bombardier s'est engagée à consulter la Caisse pour toutes les nominations de membres indépendants à son conseil d'administration. Visiblement, le président du conseil n'a pas l'intention de présenter une liste de noms pour un éventuel successeur.