Décidément, Drummondville n'a pas fini de nous étonner. La ville la plus dynamique du Québec a enregistré l'an dernier un niveau record de 220 millions de dollars de nouveaux investissements industriels qui ont entraîné la création de 1069 nouveaux emplois, là aussi un record. Des sommets historiques bien éphémères puisque la ville du centre du Québec prévoit déjà enregistrer plus de 300 millions de nouveaux investissements en 2015.

Pendant que l'économie québécoise fait du surplace, que nos exportateurs ne profitent toujours pas de la dévaluation du dollar canadien, que la création d'emplois reste essentiellement liée au travail à temps partiel et que de grandes entreprises telles que Bell Helicopter et Résolu viennent d'annoncer coup sur coup d'importantes suppressions de postes, Drummondville nage à contre-courant.

La création de 1069 emplois industriels en 2014 a permis à la municipalité de franchir la marque établie en 2007, il y a huit ans, lorsque la barre des 1000 emplois créés avait tout juste été franchie.

Alors que partout au Québec - et particulièrement dans la région de Montréal - les investissements industriels sont annoncés au compte-goutte, à Drummondville on a enregistré une nouvelle année record avec un grand total de 220 millions qui ont été injectés dans l'économie locale.

Martin Dupont, directeur général de la Société de développement économique de Drummondville (SDED), n'est même plus étonné des résultats qu'a dévoilés son organisme lundi.

«Le pari qu'on a pris, il y a près de 30 ans, c'était de miser sur les PME et sur la diversification, et on a bien fait. On n'est pas tombé dans le piège de vouloir créer une autre technopole», explique Martin Dupont, qui dirige la SDED depuis 20 ans maintenant et qui a été un témoin actif de la transformation économique de la ville.

Il y a 12 ans, Drummondville comptait déjà 540 entreprises industrielles, aujourd'hui on y recense 645 entreprises manufacturières qui sont actives dans 11 secteurs différents, avec une prédominance dans celui de la machinerie-métal-transport (159 entreprises) et aussi des activités de grossiste-distribution (142).

En 2014, Drummondville a accueilli 1200 nouveaux résidants et ce n'est pas un phénomène exceptionnel. Bon an, mal an, la ville qui célèbre son 200e anniversaire de fondation, enregistre ainsi de forts soldes migratoires positifs, en raison de l'attraction générée par son dynamisme économique.

Des projets et de l'audace

Dans la dernière année, la société française Soprema a construit une nouvelle usine de fabrication de revêtements industriels de 250 000 pieds carrés, un investissement de 43 millions.

«On a des gros projets mais on a aussi beaucoup d'investissements plus modestes qui vont créer cinq ou dix emplois. C'est la richesse de la diversification. On est loin de l'époque où le textile était roi et la Celanese employait à elle seule 5000 personnes. On est beaucoup plus équilibré maintenant», souligne Martin Dupont.

Depuis le début de 2015, le Groupe Soucy actif dans la fabrication de systèmes de chenilles en caoutchouc a annoncé des investissements de 107 millions dans ses deux usines de Drummondville. Le groupe industriel emploie déjà 1600 personnes dans ses différents sites de fabrication dans le parc industriel municipal.

Le groupe de quincailleries Canac a pour sa part annoncé qu'il investissait 37 millions pour la construction d'un nouveau centre de distribution à Drummondville.

«J'ai déjà pour 180 millions de projets et je prévois qu'on va terminer l'année avec des investissements totaux de plus de 300 millions», anticipe Martin Dupont, de la SDED, une organisation qui en mène large à Drummondville.

Il y a deux semaines, la Banque Nationale a tenu son assemblée annuelle à Drummondville, dans le nouveau centre d'exposition Cogeco qui a été financé par la SDED qui a investi 30 millions dans le projet et qui en est propriétaire-exploitant.

D'ici l'automne, un entrepreneur de la place va terminer la construction d'un complexe hôtelier de 12 étages, au-dessus du Centre d'exposition, ce qui portera à 53 millions l'investissement total. La SDED est aussi propriétaire du plus gros incubateur d'entreprises au Canada. On va ajouter cette année 15 000 pieds carrés additionnels au complexe industriel de 75 000 pieds carrés.

La SDED prévoit aussi cette année moderniser et agrandir de 4000 à 6000 pieds la piste d'atterrissage de l'aéroport de Drummondville - dont elle est aussi propriétaire (!).

«On veut pouvoir accueillir les jets d'affaires des clients américains de nos entreprises qui viennent visiter leurs installations», explique Martin Dupont.

Le bilan global des exportations québécoises des derniers mois ne démontre pas que nos entreprises ont réellement profité de la reprise économique américaine ni de la faiblesse du dollar canadien. Mais ce n'est pas le cas dans l'oasis industrielle de Drummondville.

«Chez nous, on la ressent la reprise économique américaine. Nos entreprises en profitent et ce n'est pas pour rien qu'on enregistre des niveaux d'investissements records», insiste Martin Dupont.