Les marchés boursiers ont encore permis à la Caisse de dépôt de dégager à son dernier exercice financier un rendement très respectable pour ses déposants québécois. Si les gains de 12 % qu'a générés la Caisse sont en bonne partie attribuables à la très bonne tenue de son portefeuille de titres de qualité mondiale et à la grande générosité des marchés américains, l'institution a aussi pleinement profité de sa forte exposition aux titres québécois.

Depuis plus de 10 ans maintenant, les gestionnaires de caisses de retraite et les actuaires nous rappellent régulièrement que les marchés ne seront plus en mesure de générer des rendements à deux chiffres, comme ils l'ont fait durant les années 80 et 90.

L'atteinte de rendements de 6 à 7 % était dorénavant considérée comme la norme à laquelle il fallait aspirer, et à partir de laquelle on pouvait construire des scénarios permettant d'assurer la pérennité des grandes caisses de retraite.

Depuis le douloureux krach de 2008, les marchés boursiers, tout particulièrement les marchés américains, ont pourtant recommencé à produire des gains à bonne cadence, ce dont la Caisse de dépôt a pleinement profité encore l'an dernier.

Son portefeuille Actions Qualité mondiale, qui compte un nombre important de multinationales américaines, a généré un rendement de 18,5 % l'an dernier, ce qui a permis aux actifs de la Caisse de s'apprécier de 3,9 milliards.

Le portefeuille d'actions américaines a enregistré pour sa part une plus-value de 24 %, grâce notamment à la forte appréciation du dollar américain, pour grossir de 2,2 milliards les actifs de la Caisse.

Et, malgré la dégringolade des prix du pétrole et des titres du secteur de l'énergie, le portefeuille d'actions canadiennes de la Caisse a tout de même été en mesure de produire des gains de 13,4 %, au-dessus du rendement de 10,6 % qu'a enregistré l'indice de la Bourse de Toronto.

La valeur du portefeuille Actions canadiennes s'est ainsi bonifiée de 2,8 milliards, pour totaliser 24,6 milliards à la fin de 2014.

Cette surperformance du portefeuille d'actions canadiennes de la Caisse est directement liée au poids important qu'y occupent les titres d'entreprises québécoises qui constituent 34 % de sa composition, contre 17 % dans l'indice TSX.

On le sait, pour la deuxième année consécutive, la performance des titres québécois mesurée par l'indice Morningstar Québec Banque Nationale a été nettement au-dessus de celle du TSX, alors que les titres québécois ont généré des gains de 20,7 %, l'an dernier.

«On a mieux fait que l'indice TSX en raison de la qualité de nos titres du secteur de l'énergie, qui ont mieux résisté à la chute des prix du pétrole, et de la très bonne performance qu'a enregistrée notre portefeuille de titres québécois», a expliqué mercredi Roland Lescure, premier vice-président et chef des placements de la Caisse.

Toujours très active

La Caisse a encore été très active au Québec en 2014, poursuivant le mandat qu'elle s'est donné d'épauler les entreprises québécoises qui cherchent à prendre de l'expansion à l'étranger.

Elle l'a fait en investissant 200 millions dans la firme de génie WSP (l'ancienne Genivar) pour financer l'acquisition de la firme américaine Parsons Brinckerhoff, mais aussi en prenant une participation au financement de 165 millions qu'a réalisé la firme KDC, de Knowlton, pour acquérir la société américaine ChemAid Laboratories.

La Caisse a aussi injecté 200 millions dans Agropur pour l'accompagner dans son expansion canadienne et américaine, tout en lui assurant la possibilité de souscrire une autre tranche de 200 millions dans son capital.

La Caisse a aussi poursuivi son action auprès des PME québécoises en souscrivant, en partenariat avec le Mouvement Desjardins, quelque 75 millions dans plus de 65 entreprises en région.

«Cela fait quatre ans maintenant qu'on se rapproche des PME en régions, en profitant de la qualité du réseau de Desjardins. On n'était pas là avant, mais on est en train de changer la perception que la Caisse ne s'intéresse pas aux PME», précise Michael Sabia.

La Caisse vient tout juste de participer à l'émission d'actions qu'a réalisée Bombardier pour renflouer ses coffres. L'institution québécoise est aussi impliquée dans le financement que le Cirque du Soleil est en train de finaliser en cédant une partie de son capital-actions à des partenaires financiers de l'extérieur.

Dans le secteur immobilier, l'institution s'est associée à Manuvie en vue de la construction de la Maison Manuvie, une tour de 27 étages au centre-ville de Montréal.

Dernier dossier en liste, mais non le moindre, la Caisse prépare la mise sur pied de sa nouvelle division d'infrastructures publiques, qui aura pour premier mandat de construire et exploiter la navette ferroviaire du nouveau pont Champlain et le nouveau lien ferroviaire avec l'ouest de Montréal.

Au cours des cinq dernières années, la Caisse a haussé de 5 % son exposition mondiale. Les actifs à l'étranger représentent aujourd'hui 47,4 % de ses actifs totaux, soit 117 milliards de ses 226 milliards.

Cette proportion est encore appelée à augmenter, puisque c'est à l'étranger que les occasions de placement sont les plus nombreuses. Mais tant que la Caisse dénichera au Québec des occasions de rendement, elle continuera à en profiter.