C'est un bon coup que viennent de réaliser les dirigeants de Redevances aurifères Osisko et de Mines Virginia. En annonçant leur regroupement, les deux entreprises viennent de créer un groupe de propriété québécoise de premier plan dans le secteur aurifère, une résurrection de bon augure pour le développement minier du Nord québécois.

En janvier dernier, la société minière Osisko - seule société minière québécoise d'envergure et la 17e société québécoise en importance inscrite à la Bourse de Toronto - a fait l'objet d'une offre d'achat publique (OPA) hostile du géant canadien Goldcorp.

Une OPA de 2,6 milliards de dollars contre laquelle la direction d'Osisko a livré un combat de tous les instants, mais qui a tout de même conduit à une surenchère qui s'est soldée par la vente de Canadian Malartic en mai dernier, aux sociétés canadiennes Agnico Eagle et Yamana Gold pour 4,3 milliards.

Au terme du processus, Osisko s'est transformée en Redevances aurifères Osisko, une petite entreprise regroupant une dizaine d'anciens dirigeants d'Osisko qui allait poursuivre ses activités d'exploration minière tout en récoltant des redevances annuelles de 5% sur la production de la Canadian Malartic.

Il s'agissait d'un épilogue en queue de poisson, compte tenu de la volonté maintes fois réaffirmée de la direction d'Osisko de tout faire pour empêcher la vente de ses actifs.

Plusieurs pensaient que les dirigeants de l'ancienne Osisko allaient maintenant profiter de leurs généreuses primes pour sillonner les terrains de golf du Québec et de la Floride.

«Faut croire qu'on est des mauvais joueurs de golf, m'a confié, hier, Bryan Coates, président de Redevances aurifères Osisko.

«On a toujours dit qu'on voulait développer un groupe minier québécois d'envergure et c'est ce qu'on va faire en fusionnant avec Mines Virginia. On s'associe avec une équipe d'exploration qui a développé une forte culture entrepreneuriale dans la découverte de nouveaux gisements.»

En fusionnant, Redevances aurifères Osisko et Mines Virginia vont donner naissance à une société dont la capitalisation boursière sera d'environ 1,3 milliard, dont le siège social sera à Montréal et dont le mandat sera de découvrir de nouveaux gisements aurifères pour les amener en exploitation.

Deux destinées qui s'unissent

Mines Virginia a découvert au début des années 2000 l'important gisement aurifère Éléonore, dans le territoire de la Baie James. En 2005, la société Goldcorp - la même qui a lancé une OPA sur Osisko en janvier - a fait l'acquisition de la mine Éléonore qui vient de commencer ses opérations.

Mines Virginia a obtenu une redevance nette de fonderie de 2,2% sur la production de la mine Éléonore et ce pourcentage augmentera avec le temps pour atteindre un plafond de 3,5%.

C'est donc dire que la nouvelle société récoltera dans les prochaines années des redevances sur les deux plus importantes mines d'or en exploitation au Québec.

Déjà, les deux entreprises qui vont devenir la nouvelle Redevances aurifères Osisko ont des liquidités combinées de 270 millions qui vont servir à confirmer le potentiel des propriétés qu'elles ont déjà commencé à sonder.

«Chez Osisko, on a un projet au Mexique sur lequel on travaille, mais on a aussi identifié des sites entre Val-d'Or et Rouyn-Noranda et dans le nord de l'Ontario.

«Mines Virginia et son président André Gaumond ont identifié plusieurs sites prometteurs dans le Territoire de la Baie-James. Avec la volonté du gouvernement de relancer le Plan Nord, on va se mettre en marche pour valoriser cette région», prévient Bryan Coates.

Le nouveau groupe bénéficiera de l'expertise en financement et en exploitation qu'a développée Osisko et celle en exploration qui a fait la renommée de Mines Virginia.

Il aura les liquidités pour réaliser ses travaux et il compte sur deux partenaires financiers d'importance, le Fonds de solidarité et la Caisse de dépôt, qui ont financé en partie la fusion annoncée hier.

La naissance de ce nouvel acteur québécois dans le secteur aurifère est une excellente nouvelle pour la relance du Plan Nord. Une nouvelle beaucoup plus probante et structurante que la venue éventuelle d'investisseurs stratégiques - qu'ils soient chinois ou autres - dont le seul intérêt est de mettre la main sur un filon pas cher à exploiter, quitte à ce qu'on leur finance à gros prix le coût des infrastructures.

Les deux sociétés québécoises qui ont annoncé leur regroupement hier ont fait la preuve qu'elles ne sont pas là seulement pour exploiter le Nord québécois, mais pour le développer aussi. En construisant même une mine en plein milieu d'une ville. On parle ici de développement mais aussi d'engagement durables.