Pour sa première sortie internationale, le premier ministre Couillard voulait marquer le coup en réalisant une mission économique en Chine avec comme principal objectif de relancer le Plan Nord. Des efforts ont certes été réalisés afin de réanimer l'intérêt pour le développement du secteur minier québécois, mais les résultats n'ont pas été au rendez-vous.

En premier lieu, l'objectif du premier ministre Couillard ne s'est pas matérialisé par des annonces d'investissements concrets ou même des lettres d'intention de poursuivre un projet précis ou de s'intéresser à un autre.

Le Plan Nord a été abordé à plusieurs occasions tout au long de la mission en Chine, mais il l'a toujours été de façon théorique au cours des entretiens que le premier ministre québécois a eus avec ses interlocuteurs chinois. Pour reprendre une analogie du secteur minier, le sujet est resté au seul stade exploratoire.

Victime de l'effondrement des prix des matières premières et du manque d'intérêt des investisseurs du secteur minier à se lancer dans des dépenses en capital lorsque leur bilan financier est grevé par une demande anémique, le Plan Nord n'est pas moribond, mais il n'est pas fort.

Invariablement, comme il s'agissait du dossier prioritaire que portait Philippe Couillard, je me suis fait un devoir de m'enquérir de sa progression à tous les points de presse que le premier ministre a tenus durant son séjour en Chine.

Invariablement, Philippe Couillard répondait que le dossier obtenait une bonne écoute et que ses interlocuteurs se montraient surtout intéressés par l'état d'avancement des travaux d'infrastructures qui doivent faciliter l'exploitation des minéraux du Nord québécois.

Ç'a été le cas au cours de sa rencontre à Shanghai avec des responsables du groupe Wisco, importante entreprise d'État qui détient 60% d'un gisement de fer dans la fosse du Labrador, en partenariat avec Century Iron Mines, et 60% du gisement de fer de Lac Otelnuk, en partenariat avec Adriana Resources, et enfin 100% d'un important gisement de nickel que la société chinoise a racheté de Canadian Royalties.

À Jinan, le premier ministre a rencontré les dirigeants de cinq sociétés minières de la province du Shandong qui l'ont eux aussi questionné sur les travaux d'infrastructures qui sont menés dans le Nord québécois.

Enfin, à Pékin, Philippe Couillard s'est entretenu, dans le cadre d'une rencontre multilatérale - à laquelle participaient les premiers ministres de l'Île-du-Prince-Édouard et de l'Ontario - avec le ministre chinois des Mines et des Territoires, Jiang Daming. Entretien au cours duquel le ministre Jiang, personnage important dans la hiérarchie chinoise, s'est engagé à faire connaître le Plan Nord aux entreprises du secteur minier qui dépendent de son ministère.

Lui aussi s'est montré intéressé à la mise en place du réseau d'infrastructures qui va permettre de mieux articuler le développement du Plan Nord.

Un travail de préparation

Tout au long de la semaine que nous avons passée en Chine, le premier ministre Couillard a un peu donné l'impression de se livrer à un travail de conditionnement en vue de l'annonce prochaine de dépenses en investissement que le gouvernement devra nécessairement décréter pour réactiver le Plan Nord.

Tout au long de la dernière semaine, Philippe Couillard est revenu systématiquement sur l'importance que revêt aux yeux des Chinois la réalisation du projet de construction d'un nouveau lien ferroviaire entre le port de Sept-Îles et la fosse du Labrador.

En ces temps d'austérité, on veut bien faire comprendre qu'il s'agit d'une nécessité absolue pour la relance du Plan Nord et la suite des choses.

Curieusement, on n'a jamais senti un tel appel de la Chine à l'endroit des dirigeants des pays africains où les entreprises minières chinoises sont allées exploiter les filons dont ils avaient besoin pour réaliser leur programme de développement. Là-bas, les infrastructures n'ont jamais été un enjeu déterminant dans leur décision d'investir ou non.

La bonne nouvelle, c'est qu'à la toute dernière conférence de presse qu'il a donnée en Chine, le premier ministre Couillard a confirmé que deux entreprises chinoises, dont le géant Wisco, étaient prêtes à participer au financement du chemin de fer entre Sept-Îles et le Labrador.

La participation des entreprises chinoises au Plan Nord n'est toutefois pas une garantie de succès, comme nous le rappelle le cas de la société Jilin Jien Nickel qui a racheté, en 2010, la mine Nunavik Nickel que Canadian Royalties s'apprêtait à mettre en exploitation.

Après avoir réalisé d'importants investissements sur le site, la mine tourne au ralenti depuis l'été 2013 et a laissé une quinzaine d'entrepreneurs québécois impayés pour leurs travaux. Tout ce qui provient de l'empire du Milieu n'est pas nécessairement rose.