Laurent Verreault et son fils Richard, les principaux actionnaires de GLV, ont la faculté de générer de l'étonnement en échafaudant des stratégies de croissance et de diversification que personne ne voyait venir. Ils en ont encore fait la démonstration hier.

Depuis 2008, GLV, anciennement Groupe Laperrière et Verreault, est active dans deux grands secteurs d'activité comme équipementier en machinerie pour les entreprises de pâtes et papiers et comme spécialiste en traitement des eaux via sa division Ovivo.

L'entreprise a annoncé hier qu'elle allait vendre sa division Pâtes et papiers pour se concentrer dorénavant dans le seul secteur des solutions de traitement des eaux, là où elle réalise les deux tiers de ses revenus annuels de 650 millions. C'est aussi et surtout le secteur qui est le plus porteur de croissance pour le groupe.

L'élément-surprise de ce repositionnement stratégique est que la division Pâtes et papiers de GLV sera rachetée par Laurent Verreault, celui qui a fondé l'entreprise il y a près de 40 ans, et son fils Richard, l'actuel PDG de GLV.

La famille Verreault a convenu de débourser 65 millions pour acquérir les actifs du secteur forestier, qui a été le noyau de la GLV que l'on connaît aujourd'hui.

Richard Verreault quitte la présidence de GLV pour prendre la direction de la division qu'il va racheter, et l'ancienne GLV sera renommée Ovivo (le nom de sa division de traitement des eaux) et sera présidée par Marc Barbeau, qui a toujours été le bras droit de M. Verreault fils.

«C'est un retour aux sources, c'est un rêve que je caresse depuis longtemps, confie Richard Verreault. Mais on fait d'abord cette transaction pour donner de l'oxygène à Ovivo qui va pouvoir financer correctement sa croissance.»

La famille Verreault restera d'ailleurs bien présente au sein d'Ovivo. Laurent Verreault y conserve sa fonction de président exécutif du conseil, et la famille préserve son bloc d'actions qui en fait l'actionnaire prépondérant du groupe avec 20% des titres et 30% des droits de vote.

«On croit au potentiel d'Ovivo et on veut assurer son développement», répète Richard Verreault, qui précise que GLV désignera dorénavant la nouvelle société privée dans le secteur des pâtes et papiers qu'il va diriger à temps plein.

Coup de barre



Ce n'est pas la première fois que GLV réalise un coup de barre inattendu comme celui d'hier.

L'entreprise est née en 1975 comme spécialiste en machinerie pour l'industrie des pâtes et papiers. Au fil des ans et d'une quarantaine d'acquisitions, elle s'est fortement diversifiée, développant une division de solutions technologiques pour l'industrie minière et gazière et une autre dans le traitement des eaux.

En 2008, GLV était en voie d'atteindre le milliard de chiffre d'affaires lorsque Laurent Verreault a décidé de vendre toute la division de technologies minières et gazières, sa division principale qui générait 50% de ses revenus mais qui oeuvrait dans un secteur arrivant en fin de cycle, selon lui.

Les actionnaires de GLV ont reçu un généreux dividende de 33$ par action tout en conservant leur titre de propriété sur les deux divisions restantes.

Grâce à cette transaction, Laurent Verreault a encaissé au passage plus de 50 millions et voilà que, six ans plus tard, il utilise cet argent pour racheter la division qui a mis GLV au monde.

Malgré un contexte difficile et un secteur industriel en perpétuel déclin, la division des pâtes et papiers a réussi à maintenir des profits moyens avant impôts de 15 millions par an au cours des cinq dernières années.

Un important actionnaire de GLV s'est d'ailleurs opposé à cette transaction hier, faisant valoir que la famille Verreault allait priver GLV d'une source de profits stables et récurrents.

Richard Verreault rétorque que, par respect pour les actionnaires, le conseil d'administration a mis en place un processus d'enchères qui va permettre à n'importe quel acquéreur potentiel de formuler une offre au cours des 45 prochains jours.

Si le processus permet d'identifier une offre supérieure à celle de 65 millions déposée par la famille Verreault, l'offre la plus élevée l'emportera, précise Richard Verreault. La division Pâtes et papiers réalise des ventes annuelles de 220 millions aux États-Unis (60%), en Europe et en Asie (35%) et au Canada (5%).