L'Institut de la statistique du Québec en a surpris plus d'un, vendredi dernier, en dévoilant les dernières données mises à jour sur la croissance du Produit intérieur brut québécois (PIB) pour les trois premiers mois de l'année. Notre PIB a ainsi progressé à un rythme annualisé de 2,4%, au cours du premier trimestre, soit deux fois plus que le PIB canadien, qui a enregistré une croissance de 1,2%.

À première vue, ces statistiques semblent aller en totale contradiction avec le discours habituel voulant que l'économie québécoise soit éternellement à la traîne de l'économie canadienne, et plus particulièrement de celle de l'ouest du pays, vitaminée aux pétrodollars et autres produits de ressources naturelles.

Plus étonnant encore, si l'on songe que l'économie canadienne a particulièrement souffert au cours du premier trimestre de la contre-performance de l'économie américaine - qui s'est contractée, a-t-on appris la semaine dernière, d'un solide 2,9% -, l'économie québécoise, elle, semble n'avoir aucunement pâti du fort ralentissement américain.

À preuve, l'essentiel de la progression du produit intérieur brut québécois a été le résultat de la hausse de ses exportations internationales, qui ont affiché au premier trimestre une progression de 12% sur une base annualisée, dont une bonne proportion, plus de 70%, a pris le chemin des États-Unis.

On avait noté récemment que le niveau des exportations internationales québécoises avait franchi pour la première fois en six ans, en mars dernier, la marque des 12 milliards, renouant ainsi avec un flot de livraisons manufacturières équivalant à celui observé avant la grande récession de 2008-2009.

Sans cet apport solide des exportations internationales, le PIB québécois n'aurait pas eu aussi fière allure.

Dans une note du Groupe Économie et Stratégie de la Banque Nationale, l'économiste Marc Pinsonneault souligne que les dépenses des ménages québécois ont reculé de 0,2% au premier trimestre, alors qu'on observe une hausse de 1,2% dans l'ensemble du Canada.

Il est vrai que les dépenses à la consommation avaient connu au Québec une solide progression de 5,3% au quatrième trimestre de 2013.

Mais on a aussi enregistré une baisse de près de 10% des investissements des entreprises dans la construction non résidentielle et de 8% dans l'achat de machinerie et d'équipements. Enfin, la construction résidentielle a aussi reculé au Québec de 1,8% au cours du premier trimestre.

Malgré tous ces éléments négatifs, il faut retenir de la dernière lecture économique de l'Institut de la statistique du Québec que le secteur manufacturier affiche un bel allant et que les entreprises affichent une belle croissance de leurs profits.

Ces deux facteurs ne sont pas étrangers au fait que l'indice de confiance des chefs de PME est passé d'un creux de 53, en décembre, pour atteindre la marque de 60, en mai, et de 62 en juin. Si la conjoncture peut suivre le moral, on est sur la bonne voie...

L'économie canadienne déçoit

Les choses ne sont pas aussi claires pour l'économie canadienne. Les économistes avaient été déçus de la faible appréciation de 1,2% du PIB canadien au premier trimestre, mais ils avaient relativisé cette performance décevante avec la publication des nouveaux chiffres américains qui a fait passer de 1 à 2,9% la contraction du PIB des États-Unis au premier trimestre.

Les économistes prévoyaient donc que l'économie canadienne se redresserait au second trimestre et enregistrerait une croissance de 2,5%.

Les chiffres sur la croissance enregistrée en avril, dévoilés lundi par Statistique Canada, n'ont pas satisfait les attentes des économistes qui tablaient généralement sur une hausse moyenne de 0,2% de l'activité économique en avril.

En avril, la fin du vortex polaire et le début de la reprise anticipée aux États-Unis n'ont pas profité à l'économie canadienne, qui a enregistré un faible taux de 0,1% de croissance, soit un niveau d'activité équivalent à celui observé en mars.

Fait à souligner, la Banque Nationale avait déjà établi que le secteur sport et spectacle n'aurait pas d'impact significatif sur la croissance canadienne en raison du fait qu'une seule des sept équipes canadiennes a réussi à participer aux séries éliminatoires qui ont débuté à la fin avril.

Reste à voir si les trois rondes de séries qu'a disputées le Canadien, de la mi-avril au 29 mai, auront contribué à générer un taux d'activité économique additionnel pour le Québec. Un secteur manufacturier fort et le Canadien en séries, c'est une base solide pour l'économie québécoise...