La nouvelle diffusée tôt hier matin aurait normalement dû faire trembler les marchés. L'économie américaine s'est contractée de 2,9% au premier trimestre et a enregistré sa pire performance depuis le premier trimestre de 2009, lorsque le pays était plongé en pleine récession.

Si les marchés boursiers ont été légèrement ébranlés en début de séance par le dévoilement de ces nouvelles et surprenantes statistiques économiques, ils ont rapidement effacé leurs pertes matinales pour reprendre leur parcours à la hausse.

En mai, le département américain du Commerce avait estimé à 1% la contraction qu'avait subie l'économie des États-Unis au premier trimestre de 2014.

Tous les économistes étaient alors d'avis que cette première estimation était trop généreuse et que l'économie américaine avait plutôt enregistré une croissance négative d'au moins 1,8%.

Confrontée à un hiver exceptionnellement rigoureux, caractérisé par la formation d'un «vortex polaire» qui a laissé sa marque sur de nombreux États du Midwest, du centre et de l'est des États-Unis, l'économie américaine a tourné au ralenti, les consommateurs préférant rester à la maison plutôt que d'exercer leur activité normale.

Le recul de 2,9% de l'activité économique a été aussi le résultat de l'annulation de milliers de vols, d'une baisse des dépenses des États et d'une forte réduction des dépenses en investissements des entreprises.

L'amplitude de la contraction est d'autant plus surprenante que le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis avait enregistré une croissance de 2,6% au quatrième trimestre de 2013.

Il faut dire que le déploiement d'un «vortex polaire» n'est pas un événement usuel chez nos voisins du Sud. Au Canada, les chiffres officiels du premier trimestre ont démontré un ralentissement économique, mais jamais de l'ampleur de celui observé aux États-Unis malgré des conditions climatiques équivalentes.

À Winnipeg, l'hiver est un long «vortex polaire». Ce n'est donc pas une température persistante de quelques dizaines de degrés sous zéro qui va ramener l'activité économique en territoire négatif.

À preuve, le PIB canadien a progressé de 1,2% au premier trimestre de 2014 malgré le froid et le fait que l'économie américaine était embourbée jusqu'au cou.

Pas de menace pour la reprise

En reculant de 2,9% au premier trimestre, l'économie américaine a réalisé son plus gros plongeon des cinq dernières années, mais les marchés ont interprété hier cette contre-performance comme un simple accident de parcours. Et ils ont tout à fait raison.

Le recul est épisodique et ne marque sûrement pas le début d'une tendance. Techniquement, si la contraction du premier trimestre était suivie d'un second recul au deuxième trimestre, on assisterait au début d'une nouvelle récession.

Or, à la suite de la mise à jour de nombreux indicateurs économiques, la réalité observée depuis quelques semaines déjà confirme que l'économie américaine est en voie d'enregistrer une solide performance pour la période de trois mois qui se terminera dans quelques jours.

Plus encore, on peut maintenant confirmer que l'économie américaine arrive enfin au terme de sa sortie de crise depuis la récession de 2008-2009.

Le mois dernier, on apprenait que l'économie américaine avait enfin récupéré les 8,7 millions d'emplois détruits par la crise. Les expéditions manufacturières, en hausse de 30% depuis 2008-2009, sont revenues à leur niveau d'avant la crise.

Les ventes de maisons neuves ont enregistré le mois dernier un bond de près de 20% pour atteindre la marque annualisée des 500 000 unités, retrouvant ainsi leur niveau d'il y a six ans, au moment où le pays tombait en récession.

Enfin, le taux de confiance des consommateurs à l'endroit de l'économie que calcule mensuellement le Conference Board des États-Unis a atteint la marque des 85 points en juin, un sommet des six dernières années.

Les consommateurs américains affichent un taux de confiance équivalent à celui qui les animait en janvier 2008, un mois après le déclenchement de la récession.

En février 2009, ce même indicateur de confiance avait sombré à un creux de 25,3 points, les consommateurs américains ayant été littéralement engloutis par le plongeon de la principale économie mondiale.

On est donc à même de constater que le «vortex polaire» dévastateur du premier trimestre n'a pas découragé les consommateurs, qui restent les principaux moteurs de la croissance économique aux États-Unis. Ce qui est une excellente nouvelle pour nos entreprises exportatrices.