Plus le déclenchement des élections approche, plus on a l'impression que le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) aborde la campagne électorale comme s'il s'agissait d'un match de hockey. Il aligne des trios-vedettes et il n'hésite pas à piger à même le vaste bassin des joueurs autonomes pour donner de la profondeur à sa formation politique qui en avait grandement besoin.

Le chef libéral Philippe Couillard est en train de constituer son équipe électorale comme on met en place une équipe de hockey. En dévoilant des trios.

Le jour même où il présentait son fort médiatisé trio de la santé, dont il est lui-même l'une des composantes, on apprenait que Philippe Couillard avait aussi recruté trois nouvelles recrues de la politique pour former son trio-choc en matière économique.

Carlos Leitao, économiste à la Banque Laurentienne, Jacques Daoust, ex-PDG d'Investissement Québec, et Martin Coiteux, économiste de la Banque du Canada, vont officiellement annoncer demain qu'ils porteront le chandail libéral au cours de la campagne électorale.

Et si on peut parler ici de vertes recrues politiques, on ne peut pas en dire autant de la compétence et du parcours professionnel des trois candidats qu'a recrutés Philippe Couillard pour articuler le discours économique du Parti libéral au cours de la prochaine campagne électorale.

C'est que depuis le départ de Raymond Bachand, l'équipe économique libérale était tout simplement désintégrée, inexistante, désincarnée. Aucun député libéral n'avait l'envergure nécessaire pour éventuellement occuper un poste économique senior dans un cabinet ministériel.

Il était donc impensable d'affronter l'électorat québécois sans l'afflux de sang neuf, et c'est ce que Philippe Couillard a fait en allant débaucher ses trois recrues économiques qu'il doit présenter demain.

Si on poursuit l'analogie avec le hockey, le PLQ est allé chercher un joueur de centre et deux ailiers pour former son premier trioéconomique.

Des horizons complémentaires

Carlos Leitao, économiste et stratège en chef à la Banque Laurentienne, est celui des trois nouveaux venus qui pourrait hériter du poste de joueur de centre, soit de ministre des Finances.

Reconnu pour la justesse de ses prévisions économiques et depuis longtemps un fidèle et perspicace observateur de l'économie québécoise et canadienne, Carlos Leitao pourrait être le joueur d'impact capable de rendre crédible le cadre financier et budgétaire de l'équipe libérale.

À sa gauche, Jacques Daoust pourrait aisément orchestrer le développement économique sous un gouvernement libéral.

Celui qui a été PDG d'Investissement Québec de 2006 à juin 2013, avant d'être limogé par la ministre Élaine Zakaïb, a été préalablement président de Placement Banque Nationale et de BLC-Edmond de Rothschild.

Des trois recrues économiques, cet ex-banquier est celui qui a le plus d'expérience politique puisqu'il a été durant sept ans le bras financier des différents ministres responsables du Développement économique.

On peut présumer qu'il mettrait rapidement un terme au projet péquiste de créer la Banque de développement économique du Québec, auquel il n'a jamais été favorable.

Enfin, Martin Coiteux serait le candidat logique pour chausser les patins sur la glace du Commerce extérieur.

Détenteur d'un doctorat en économie internationale de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Martin Coiteux était professeur agrégé au Service de l'enseignement des affaires internationales de HEC Montréal, avant de se joindre l'an dernier à la Banque du Canada.

En bref, il s'agit ici de l'équipe économique la plus expérimentée que présente le PLQ depuis de longues années. La profondeur et la complémentarité sont au rendez-vous.

Les 35 jours de la campagne électorale vont maintenant nous permettre de mesurer si le trio économique libéral s'est comporté en véritable formation d'attaque massive.

Un trio capable de prendre des engagements non seulement audacieux pour l'avenir du Québec, mais aussi responsables qui respectent le cadre budgétaire et financier que le Parti libéral aura préalablement déposé, tel que l'a demandé hier l'Association des économistes québécois.

Parce qu'il est facile en campagne électorale de se laisser emporter par l'enthousiasme et de perdre de vue la rigueur minimale qu'il faut afficher pour demeurer crédible.

Auquel cas on ne parlera plus du premier trio d'un grand club, mais d'un petit trio de chez McDonald's davantage intéressé à nous vendre «Un petit chausson avec ça?» qu'à faire réellement avancer l'économie du Québec. Il faut s'attendre à de beaux débats.