À défaut d'avoir pu mener à terme la création de la Banque de développement économique du Québec (BDEQ), sa ministre responsable, Élaine Zakaïb, a dévoilé hier un modèle réduit de ce que sera l'institution dont elle souhaite toujours l'implantation prochaine, ce que l'élection d'un gouvernement péquiste majoritaire permettrait.

«Le projet de création de la Banque de développement économique du Québec a été stoppé à l'étape de la commission parlementaire, parce que les libéraux et les caquistes n'en voulaient pas.

«Le projet de loi est toujours là et il sera adopté si on forme le prochain gouvernement majoritaire», a bien fait comprendre la ministre Zakaïb, en entrevue avec La Presse Affaires, à la suite du lancement du programme qui vise à transformer rapidement 300 PME québécoises en fleurons industriels.

Le programme destiné aux gazelles québécoises - des PME à 75% du secteur manufacturier et à 25% du secteur des technologies de l'information, qui ont moins de 250 employés - est en fait la réplique, à échelle réduite, du modèle d'intervention que favoriserait la BDEQ.

La ministre Zakaïb a ainsi annoncé hier la création d'un guichet unique pour épauler ces 300 PME dans leur processus de développement à croissance accélérée.

Ces entreprises à fort potentiel vont avoir accès aux programmes d'aide financière et de soutien technique du ministère des Finances et de l'Économie, d'Investissement Québec et des centres locaux de développement du Québec à partir d'une seule ressource de référence.

Le dédale bureaucratique

Depuis des années, les entreprises québécoises, et plus particulièrement les PME situées en régions, se plaignent de la lourdeur de la gestion des différents programmes auxquels elles sont théoriquement admissibles et du dédale bureaucratique dans lequel elles doivent circuler - au risque de s'y perdre en chemin - pour y accéder.

Ainsi, une PME active dans la transformation alimentaire peut obtenir du soutien pour augmenter sa production grâce à différents programmes du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.

Si elle veut aussi hausser sa productivité en implantant des nouveaux procédés de fabrication ou si elle veut concevoir de nouveaux logiciels de production, elle a droit à une aide à l'innovation que lui consentira le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie.

Si elle veut profiter d'une aide pour développer le marché des exportations, elle peut recourir aux programmes du ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur.

Enfin, si elle veut confirmer sa démarche en élaborant un plan de développement stratégique sur trois ans, elle pourra obtenir l'appui du ministère des Finances et de l'Économie.

Un premier pas

Les 300 PME gazelles potentielles que veut accompagner le gouvernement péquiste au cours des huit prochaines années n'auront pas à subir ce labyrinthe administratif et à sans cesse compulser le bottin téléphonique de la fonction publique québécoise pour obtenir réponses à leurs questions.

Elles vont être secondées d'un chargé de projet du ministère des Finances et de l'Économie qui proviendra d'un des 21 points de services du ministère qui sont disséminés aux quatre coins des 17 régions administratives du Québec.

Ces 21 bureaux régionaux du ministère des Finances vont être arrimés aux 16 bureaux régionaux d'Investissement Québec et au réseau de 120 bureaux des centres locaux de développement économique du Québec (CLD).

Il s'agit exactement de la structure de fonctionnement que prévoyait mettre en place la ministre Zakaïb avec la création de la Banque de développement économique du Québec.

Cette nouvelle structure aurait intégré Investissement Québec et aurait absorbé les 250 fonctionnaires du ministère des Finances qui sont chargés de faire du développement économique.

«C'est un premier pas que l'on fait en intégrant une portion des services aux entreprises du ministère des Finances au programme des gazelles», soulignait hier Élaine Zakaïb.

«C'est pour un nombre limité d'entreprises, mais si on va de l'avant avec la BDEQ, ce sera tout le soutien aux entreprises qui va relever d'une seule structure qui opérera de concert avec les CLD.»

L'an dernier, l'Association des centres locaux de développement du Québec s'était montrée extrêmement favorable à la création de la BDEQ et d'un guichet unique.

Hier, le président de l'ACLDQ, Yves Maurais, saluait l'initiative du programme des gazelles avec beaucoup d'enthousiasme.

Selon lui, les PME québécoises qui veulent s'illustrer sur la scène internationale seront dorénavant aussi bien outillées que l'ont été nos athlètes québécois aux Jeux de Sotchi qui ont surperformé par rapport à l'ensemble des athlètes canadiens.