Le plus récent budget Marceau nous a confirmé que le Québec ne roule pas sur l'or. Ceux qui cherchent des voies d'enrichissement devraient jeter un coup d'oeil sur le comportement du marché boursier canadien, qui s'est littéralement enflammé depuis le début du mois.

Bien qu'il soit trop tôt pour déterminer s'il s'agit d'un brasier durable ou d'un simple feu de paille, il vaut la peine que l'on s'attarde quand même sur l'étonnante vivacité qu'affiche l'indice TSX de la Bourse de Toronto depuis le début du mois de février.

Mine de rien, la Bourse de Toronto a réalisé jeudi sa 12e séance consécutive de gains. C'est la première fois en près de 20 ans que la Bourse canadienne enregistre pareille séquence haussière.

En mars 1995, l'indice TSX avait aligné 12 séances consécutives de gains, qui se sont traduites par une appréciation totale de 4,13 % de l'indice. Avec la poussée de 90 points enregistrée jeudi, le S&P/TSX a accumulé des gains de 723 points en 12 jours, ce qui représente une plus-value de 5,4 %.

Mine de rien, l'indice a clôturé jeudi à 14 210 points, à quelques grenailles du dernier sommet de 14 270 points qu'il avait touché en avril 2011, avant de dégringoler lamentablement pour terminer l'année avec un rendement de - 11 %, ce qui n'était pas très brillant.

Depuis 2011, la Bourse canadienne n'arrive pas à produire les mêmes rendements que ses semblables aux États-Unis. Sa forte exposition aux titres des ressources naturelles et de l'énergie l'a rendue incapable de suivre la parade.

C'est pourquoi il est aussi étonnant de voir que le TSX affiche depuis le début de l'année des gains de 4,67 %, alors que le Dow Jones et le S&P 500 sont toujours en territoire négatif avec des rendements de - 2,3 % et - 0,17 %.

Petit rappel: l'an dernier, le TSX a terminé l'année avec un rendement de 9,5 %, alors que le Dow Jones cumulait des gains de 26,5 % et que le S&P 500 a frôlé les 30 % de valorisation.

Ironiquement, ce sont les secteurs perdants des trois dernières années qui permettent au TSX de se démarquer. Les titres du secteur aurifère, qui ont reculé de 31 % l'an dernier, ont repris du tonus, alors que plusieurs sociétés juniors ont repris du lustre.

Même chose avec certains titres de producteurs gaziers qui profitent des hausses de prix, commandées par un hiver particulièrement rigoureux, pour améliorer leur sort boursier.

Mais tout ne se résume pas aux titres de l'énergie et des ressources naturelles. Ainsi, depuis le début de l'année, l'indice Morningstar Québec Banque Nationale - qui suit la progression des titres des 55 plus grandes entreprises publiques québécoises - a réussi à produire un rendement de 5,4 %, jusqu'à présent.

Il n'y a pas de titres de sociétés pétrolières là-dedans (pas encore!), mais des titres d'entreprises qui ont produit l'an dernier un très respectable rendement de 33 %.

Cela dit, 12 jours enflammés ne font pas nécessairement une année d'enfer. La Bourse de Toronto vient d'enregistrer une bonne séquence, mais il faudrait, selon les analystes, qu'elle maintienne durant quelques semaines les gains qu'elle vient de réaliser pour espérer que le ralliement boursier se poursuive au-delà d'un trimestre.

Inversement, si les gains vite faits s'effacent dans les prochains jours, on peut même appréhender une année assez moche en perspective.

De toute façon, contrairement aux Bourses américaines qui ont toutes franchi leur niveau de valorisation d'avant la crise de 2008, le S&P/TSX est encore loin de son sommet de juin 2008, lorsqu'il avait atteint la marque historique des 15 154 points.