Il ne reste que quelques jours avant que 2013 ne disparaisse à jamais de nos vies et ne devienne déjà de l'histoire ancienne. Je ne connais pas grand monde, toutefois, qui va verser une larme sur cet éphémère chapitre du troisième millénaire. À bien des égards, 2013 a été une année moche au Québec, particulièrement sur le plan économique. Une année de surplace, sans relief ni surprise. Une année qu'on va s'empresser d'oublier.

Pour le gouvernement du Parti québécois, l'année 2013 devait être l'année-charnière ou l'année-tremplin qui allait lui permettre d'atteindre le déficit zéro au cours de l'exercice budgétaire 2013-2014. La morne réalité économique a eu raison de ce beau projet théorique.

De zéro, le déficit passera plutôt à 2,5 milliards l'an prochain, pour redescendre à 1,7 milliard en 2014-2015, puis se matérialiser enfin en 2015-2016, avec deux ans de décalage.

Si le ministre des Finances a notamment mal évalué de près de 1 milliard les revenus qu'il prévoyait tirer de la taxe de vente, il a aussi été victime de l'étonnante faiblesse de l'économie québécoise qui ne réussit pas, depuis deux ans, à progresser au même rythme que l'économie canadienne.

Le Québec aura généré un très timide 0,9% de croissance économique en 2013, contre 1,7% pour l'ensemble du Canada. Les consommateurs ont été plus frileux que prévu, et le resserrement des règles d'attribution des prêts hypothécaires a fait baisser de 30% les mises en chantier.

L'industrie de la construction, qui représente 14% du produit intérieur brut québécois, n'a d'ailleurs pas pleinement joué son rôle économique moteur, en 2013.

La grève de 2 semaines des 77 000 travailleurs de la construction, laquelle a paralysé tous les chantiers de la province, a généré un recul de la croissance économique au deuxième trimestre.

Les nouvelles exigences de conformité et de probité auxquelles doivent se soumettre les entreprises du secteur - conséquence nécessaire de la commission Charbonneau - ont entraîné un ralentissement et des délais dans le démarrage de certains projets.

Un marché en panne

Les entreprises exportatrices québécoises, qui ont fait depuis 10 ans des efforts considérables pour ouvrir de nouveaux débouchés, ont dû composer avec des marchés atones. Les 17 pays de la zone euro ont émergé au deuxième trimestre d'une récession qui a duré plus d'un an. La reprise y est fragile, si ce n'est vacillante.

Même chose avec les économies des pays émergents. Le Brésil, la Russie, la Chine et l'Inde, qui ont longtemps affiché des taux de croissance supérieurs à 7,5%, vivent depuis deux ans leur traversée du désert, enregistrant tous leur plus faible taux de croissance au cours des 10 dernières années.

Les États-Unis auront été l'exception. La poursuite de la reprise que tous anticipaient hésitante en 2013 aura été plus vigoureuse que prévu, et surtout plus systématique, générant des taux de croissance de 1,1% au premier trimestre, 2,5% au deuxième et 4,1% au troisième.

Le réveil du principal partenaire économique du Québec, lequel s'est fait de façon progressive, n'a toutefois pas pleinement profité à nos entreprises, mais on sent que le vent tourne.

En octobre, les manufacturiers québécois - dont les fabricants d'équipements aéronautiques - ont enregistré leurs meilleures ventes en 17 mois, et la conjoncture devrait leur permettre de poursuivre sur cette lancée.

C'est que le recul du dollar canadien que l'on a observé tout au long de 2013 devrait, selon l'avis quasi unanime des économistes, se poursuivre en 2014 et amener le huard sur (ou sous) la barre des 90 cents US.

Le dollar canadien avait pourtant amorcé 2013 pleinement confiant en ses moyens, se transigeant au-delà de la parité avec sa contrepartie américaine. Parti d'un sommet de 1,02$US en janvier, il va terminer l'année sous les 94 cents US.

Des marchés débonnaires

Si 2013 a été une année économique essentiellement moche, elle a toutefois été atypique quand on s'attarde aux généreux rendements qu'ont produits les marchés boursiers. En tête de liste, les Bourses américaines ont, pour la quatrième année consécutive, enrichi les investisseurs bien au-delà de leurs attentes en produisant un rendement moyen de près de 30%.

Une récompense étonnante pour des entreprises qui n'étaient nullement avantagées par des conditions économiques favorables.

Phénomène encore plus surprenant en Europe, où la Bourse de Paris a réussi à générer un rendement moyen de 15% alors que l'économie française a passé la moitié de l'année en récession et l'autre à vivoter avec une croissance chiffrée en décimale.

La Bourse allemande s'est appréciée pour sa part de 20%, tandis que la japonaise va terminer l'année avec une plus-value de près de 50%.

L'indice de la Bourse de Toronto n'a pas été en mesure de livrer une performance comparable, son exposition aux titres des secteurs de l'énergie et des ressources naturelles l'ayant tiré vers le bas. Il terminera l'année avec un gain de moins de 10%.

Fait à rappeler, les titres des entreprises québécoises cotées à la Bourse de Toronto ont largement surperformé l'indice torontois en générant un rendement moyen de près de 30%.

À vrai dire, il y a sûrement un bon nombre d'investisseurs québécois qui vont être déçus que 2013 prenne fin. À ceux-là et à vous tous, chers lecteurs, on vous souhaite que 2014 soit une année de surpassement.