Après Aerolia la semaine dernière et Ubisoft cette semaine, ce sera au tour prochain de Pratt&Whitney d'annoncer un investissement majeur à ses installations de Longueuil. Avec des statistiques qui lui sont défavorables depuis quelques mois, le gouvernement péquiste tient à capitaliser sur ces annonces pour démontrer qu'il a la capacité de bien gérer l'économie et de générer de nouveaux investissements au Québec.

Depuis la mi-septembre, la première ministre Pauline Marois s'est mise en mode de recherche active de nouveaux emplois. C'est que les statistiques sur le chômage pour le mois d'août ont démontré que la situation de l'emploi continuait de se détériorer au Québec.

Ainsi, le Québec a enregistré une perte nette de 5000 emplois en août, alors que le Canada affichait une création nette de 59 200 postes. Il s'est pourtant créé 21 200 emplois à temps plein en août au Québec, alors qu'il s'est perdu 26 000 emplois à temps partiel.

Au Canada, le solde net de 59 200 nouveaux emplois a été obtenu grâce à la création de 41 800 emplois à temps partiel. En termes qualitatifs, les travailleurs québécois qui ont obtenu un emploi s'en sont donc mieux sortis que leurs homologues canadiens.

Mais peu importe la façon dont on analyse les statistiques, une réalité demeure: le Québec n'arrive pas, depuis le début de l'année, à créer des emplois au même rythme que l'on observe ailleurs au pays. Et à moins d'un revirement de tendance, toujours possible au cours des quatre derniers mois de l'année (les chiffres de septembre seront connus la semaine prochaine), le Québec pourrait terminer l'année avec un solde de création d'emplois négatif.

C'est donc pourquoi la première ministre Marois et son ministre des Finances, Nicolas Marceau, tentent depuis la rentrée de septembre de modifier les perceptions que distillent les deux partis d'opposition, selon qui le gouvernement péquiste est incapable de s'occuper correctement de l'économie.

De l'obsession à la réalité

«Regardez-nous bien aller, vous allez voir que notre obsession, c'est l'emploi», a déclaré au milieu du mois de septembre la première ministre Marois dans la foulée de l'annonce d'un appui financier à une PME du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

La semaine précédente, son ministre des Finances annonçait une subvention de 1 million de dollars à la société pharmaceutique Servier Canada pour la construction à Laval d'un centre en recherche clinique. Un investissement de 16,3 millions qui va consolider 56 emplois et en créer 38 autres.

La semaine dernière, le tandem Marois-Marceau était à Mirabel pour le coup d'envoi de la construction d'une nouvelle usine du Groupe Aerolia, un fournisseur de Bombardier qui se rapproche du donneur d'ordres en investissant 82 millions qui vont créer 170 emplois.

Même si cet investissement avait déjà été officiellement annoncé en juin, au Salon de l'aéronautique du Bourget, en présence du ministre Marceau, on a décidé de profiter de la première pelletée de terre pour le réannoncer.

Lundi, c'est le développeur de jeux vidéo Ubisoft qui a annoncé un investissement de 300 millions pour la construction d'un nouveau studio montréalais, qui va créer 500 emplois sur 7 ans, grâce au soutien financier du gouvernement québécois à l'endroit de l'industrie du multimédia.

Au ministère des Finances, on a confirmé à La Presse que Nicolas Marceau allait participer dans les prochains jours à l'annonce d'un investissement de 80 millions de la société Pratt&Whitney pour la modernisation de ses chaînes de production de moteurs d'avions à Longueuil.

Cet investissement ira essentiellement à la robotisation et à l'utilisation systématisée de cellules intelligentes sur les chaînes de production, afin d'augmenter considérablement la productivité de l'usine.

Québec participera financièrement à cette modernisation qui ne se traduira pas nécessairement par l'ajout de postes à l'usine, mais qui pourrait profiter à des fournisseurs québécois qui vont se greffer au projet.

Pauline Marois et son ministre des Finances sont manifestement en campagne pour démontrer que l'économie québécoise n'est pas au neutre et que des entreprises vont au front pour la dynamiser davantage.

Ce qui est bon en soi, mais ça ne garantit en rien que l'obsession de l'emploi de Mme Marois se traduira dans la réalité par un nombre suffisant de postes capables de combler tous ceux qui n'ont pas été créés depuis le début de l'année.