CGI a dévoilé mercredi des résultats solides pour son troisième trimestre qui confirment que l'entreprise a vu juste en réalisant l'an dernier la plus grosse acquisition de son histoire en allongeant 3,3 milliards pour mettre la main sur le groupe européen Logica. Une transaction qui est aussi, à ce jour, hautement profitable pour la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Le titre de CGI a fait un bond de plus de 10% mercredi en cours de séance à la Bourse de Toronto, emporté par l'enthousiasme des investisseurs qui ont été épatés par les chiffres que leur a présentés l'entreprise-conseil en informatique de Montréal.

Le titre a même réussi à fracasser le sommet de 33,45$ qu'il avait touché en 2000, au zénith de la bulle des titres technologiques lorsque les titres d'entreprises du secteur s'échangeaient à des ratios cours-bénéfice n'ayant aucun lien avec la réalité. Il a finalement clôturé la journée à 35,50$, en hausse de 9,8% par rapport à la veille.

L'action de CGI s'échangeait à 22,94$ en début d'année. C'est donc dire qu'elle cumule à ce jour une appréciation de 55% en 2013, ce qui n'est rien de moins que considérable.

Cette forte valorisation va surtout contribuer - et de façon spectaculaire - aux résultats de la Caisse de dépôt, qui est devenue un actionnaire important de CGI lorsqu'elle a acquis pour 1 milliard de dollars de ses actions en mai 2012 pour financer l'acquisition de Logica.

La Caisse, qui était déjà actionnaire de CGI avec un bloc de 9,5% de ses actions, a haussé sa participation au capital de la société à 22% l'an dernier.

Si la Caisse a pris un risque en épaulant comme elle l'a fait CGI dans son expansion européenne, il s'agit jusqu'à présent d'un risque hautement profitable puisque le bas de laine des Québécois vient d'enregistrer une plus-value de plus de 1,3 milliard sur son placement en sept mois seulement...

Une opération réussie

Pour Michael Roach, PDG de CGI, les derniers résultats de son groupe reflètent la très grande capacité d'intégration qu'a développée la firme montréalaise qui a réalisé pas moins de 75 acquisitions depuis sa fondation en 1976.

«En 2004, on avait déjà réalisé une acquisition d'envergure en déboursant 1,1 milliard pour acheter la société américaine AMS. On en a fait une autre importante, en 2010, en achetant encore aux États-Unis le groupe Stanley pour 1 milliard.

«On a appris avec l'expérience comment implanter notre modèle en faisant bien comprendre aux employés et au management ce qu'on attend d'eux et en développant chez eux un grand sens d'appartenance», résume-t-il.

Est-ce que le fait que l'action de CGI réussisse à traverser - 13 ans plus tard - le sommet qu'elle avait atteint en 2000 représente une étape importante pour lui?

«En mars 2000, lorsque notre action a dépassé la marque des 33$, on lui attribuait une valeur de plus de 40 fois les bénéfices à venir.

«Aujourd'hui, à près de 36$, notre action s'échange à 11 fois les bénéfices prévus, ce qui est une valorisation beaucoup plus réaliste qui démontre que les investisseurs estiment que l'on gère CGI de façon responsable et profitable», convenait hier Michael Roach.

À son dernier trimestre, CGI a haussé de 141% ses revenus, à 2,57 milliards, tout en doublant son bénéfice net à 178,2 millions, en incluant les coûts de 53,5 millions liés à l'intégration de Logica.

Au cours de ce même trimestre, le groupe montréalais a signé pour 2,8 milliards de dollars de nouveaux contrats et affiche un carnet de commandes de 18,7 milliards.

Tous ces éléments confirment que l'acquisition de Logica, réalisée en mai 2012, est une réussite pour CGI qui s'active à compléter l'intégration de la société.

L'an dernier, CGI réalisait 45% de ses revenus aux États-Unis, 45% au Canada et 10% en Europe. Cette année, elle tirera 55% de ses revenus de l'Europe, 25% des États-Unis et 20% du Canada.

«On regarde toujours les opportunités de réaliser une nouvelle acquisition aux États-Unis. Le marché des technologies de l'information est une affaire de 600 à 700 milliards par an. Nos revenus là-bas ne sont que de 2,5 milliards. Il y a de place pour nous, et on va l'occuper», prévient le PDG de CGI.

Malgré l'endettement hérité de l'acquisition de Logica, Michael Roach, souligne que CGI génère des liquidités annuelles de l'ordre de 1 milliard et qu'elle a encore d'importantes facilités de crédit. Il ne faudrait donc pas se surprendre que CGI frappe encore.