C'est aujourd'hui que s'ouvre le Forum économique mondial (FEM) de Davos, la 43e de ces rencontres annuelles où chefs d'État, PDG de multinationales, responsables de grandes organisations humanitaires et chercheurs de tous les domaines se côtoient pour discuter au sommet - Davos est le plus haut village d'Europe - dans le but ambitieux mais fort louable de vouloir améliorer l'état du monde.

Le FEM a vu le jour en 1971, dans la foulée de la décision des États-Unis de Richard Nixon d'abandonner l'étalon-or et, donc, de mettre fin à la convertibilité en or du dollar américain.

C'est pour répondre aux inquiétudes que soulevait cette nouveauté dans le système financier international que des universitaires se sont rencontrés pour discuter d'économie mondiale dans le petit village alpin de Davos, en Suisse.

Le FEM est donc devenu l'un des premiers rendez-vous de discussion autour des grands enjeux économiques liés à ce qu'on n'appelait pas encore la mondialisation à l'époque.

Dans la même mouvance de mondialisation économique, en 1975, à la suite du premier choc pétrolier, le président français Valéry Giscard d'Estaing tient à Rambouillet le premier Sommet des pays industrialisés auquel participent cinq autres nations dans ce qui devient le G6 auquel le Canada se joindra l'année suivante.

À la différence de ces rencontres du G7 (qui se transforme en G8 lorsque la Russie adhère au groupe en 1998) qui se déroulent entre chefs d'État, le Forum économique mondial s'est développé au fil des ans en donnant une place toujours plus importante aux dirigeants des grandes sociétés multinationales.

On voulait y entendre les grands industriels partager leur vision du monde, du développement et de la croissance économique et, de plus en plus depuis les années 2000, les entendre exprimer leur volonté à présider une croissance davantage orientée vers la durabilité et vers un partage plus équilibré de la richesse qu'elle peut générer.

C'est ainsi que le Forum de Davos est devenu le lieu d'échanges sur le développement économique mondial le plus couru et le plus médiatisé du monde. Essentiellement, parce qu'il attire, bon an, mal an, un nombre inégalé de grands décideurs économiques, dont les PDG des plus importantes multinationales - plus de 1600 cette année - qui côtoient des chefs d'État de 45 pays et plus de 1000 chercheurs, professeurs et responsables d'organisations humanitaires.

Cette année, c'est sur le thème «Le dynamisme de la résilience» que vont s'articuler les 260 ateliers du Forum qui vont se dérouler au cours des quatre prochains jours.

On va s'interroger sur les façons de diriger dans l'adversité, on va aussi se demander comment renforcer la résilience sociale et, enfin, comment restaurer le dynamisme économique. Voilà pour les grands enjeux de ces 260 ateliers.

Mais pendant les quatre prochains jours, Davos deviendra surtout le lieu de réseautage le plus prestigieux au monde. Après les séminaires savants et les conférences sérieuses à répétition qui ont lieu le jour, tout le gratin de Davos se rencontre le soir pour échanger de façon informelle dans une multitude de réceptions, de fêtes privées et de cocktails.

Ces soirées organisées par des multinationales en besoin de représentation ou par des multimilliardaires en quête de reconnaissance ou des bureaux de consultants et des gouvernements de partout dans le monde visent à créer des liens d'affaires ou à tisser plus serrés des communautés d'intérêts.

C'est ce qui fait l'intérêt de Davos et c'est pourquoi des entreprises canadiennes y font systématiquement leur pèlerinage annuel. C'est le cas de Bombardier et de son président, Pierre Beaudoin, qui a pris la relève de son père, Laurent, qui a assisté à plus d'une vingtaine de FEM.

Outre le groupe BMO, la Caisse de dépôt et SNC-Lavalin qui sont des habitués de l'événement, Monique Leroux, PDG du Mouvement Desjardins, en sera à sa deuxième participation et le PDG de RIM, Thorsten Heins, profitera surement de sa première présence pour vendre son BB-10 qui doit être lancé dans une dizaine de jours.

Sur le plan médiatique, le Forum économique mondial de Davos a toutefois perdu de son lustre. La place toujours plus omniprésente qui occupe les dirigeants de multinationales a réduit considérablement le nombre d'accréditations pour les journalistes.

De moins en moins de médias peuvent accéder à l'événement, dont la couverture est de plus en relayée par les agences de presse. Une couverture superficielle qui trouve un écho moins grand dans les médias écrits et télévisés.

Le FEM est devenu un business en multipliant les franchises. On a maintenant un Sommet sur les priorités mondiales qui se déroule à Dubaï, un FEM sur l'Inde, un FEM sur l'Amérique latine, un FEM sur l'Afrique, comme on a eu un Forum sur la reconstruction de l'Europe.

À trop vouloir rentabiliser la formule, les organisateurs du FEM en ont fait un événement médiatique suranné, marginalisé par rapport aux autres grandes conférences internationales telles que le G20.