En dépit d'un contexte économique difficile, la Banque de Montréal et la Banque Scotia ont dévoilé hier des résultats financiers trimestriels au-dessus des attentes du marché et elles se sont même payé le luxe de hausser leurs dividendes. Rien ne semble vouloir arrêter nos banques canadiennes...

BMO Groupe financier et la Banque Scotia ont inauguré hier - et de façon spectaculaire - le festival trimestriel de dévoilement de résultats financiers des grandes banques canadiennes.

Et les deux institutions ont placé haut la barre pour la journée de demain alors que pas moins de quatre banques - CIBC, Royale, TD et BN - vont rendre publics les résultats de leur troisième trimestre.

La Banque de Montréal a enregistré des profits de 970 millions en hausse de 37% sur les 708 millions dégagés l'an dernier. La banque a aussi décidé de redistribuer une partie de ses bénéfices additionnels en haussant de 3% son dividende trimestriel à 72 cents par actions.

Cela faisait cinq ans que la BMO n'avait pas haussé son dividende, soit depuis le déclenchement de la crise financière internationale qui a débuté en août 2007.

La Banque Scotia n'est pas en reste puisqu'elle a dévoilé un bénéfice net de 2,05 milliards - le deuxième plus fort bénéfice trimestriel de l'histoire bancaire canadienne! - en hausse de 57% sur les 1,3 milliard enregistrés l'an dernier.

Il faut préciser que ce joli pactole a été gonflé de 614 millions que la Scotia a récoltés en marge de la vente de l'édifice qui abrite son siège social à Toronto. Sans cet apport exceptionnel, le bénéfice net aurait été de 1,44 milliard et aurait tout de même surpassé les attentes des analystes financiers.

Tout comme la BMO, la Scotia a haussé son dividende trimestriel de 2% pour le porter à 57 cents par action.

Les deux institutions ont réussi à hausser leur profitabilité de leurs opérations domestiques en dépit d'un contexte économique difficile et des taux d'intérêt bas qui réduisent leur marge.

Et les deux institutions ont répondu prestement à l'appel de Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada, qui a récemment demandé aux entreprises canadiennes d'utiliser leur réserve de liquidités en investissant ou en les retournant à leurs actionnaires, sous forme de dividendes, de façon à stimuler l'activité économique.

La hausse des dividendes de la Scotia et de la BMO pourrait toutefois n'être que très théorique pour les investisseurs québécois advenant l'élection du Parti québécois ou de la Coalition avenir Québec qui promettent tous les deux d'imposer davantage cette forme de revenu d'investissement...

Solides et diversifiées

Si la BMO et la Scotia ont été en mesure de livrer de si bons résultats, c'est en bonne partie parce qu'elles ont su diversifier leurs activités à l'extérieur du pays.

La hausse importante des profits de la BMO sont notamment attribuables à l'apport de la banque américaine Marshall&Ilsley Corp qui a été acquise au cours de l'été 2011 et qui a été fusionnée à BMO Harris Bank.

Cette acquisition a permis à BMO de doubler la taille de ses actifs aux États-Unis et de porter à 700 le nombre de ses succursales dans une demi-douzaine d'États du Midwest américain.

BMO profite de la lente reprise économique aux États-Unis alors que les profits de ses opérations américaines ont augmenté de 43% au cours du troisième trimestre pour atteindre 129 millions alors que ceux des opérations canadiennes n'ont augmenté que de 2,3% à 453 millions.

C'est aussi le cas de la Banque Scotia, qui a enregistré une hausse de 29% de ses profits sur ses opérations internationales qui ont atteint 442 millions au troisième trimestre. Cette contribution internationale est sur le point de rejoindre celle des opérations domestiques qui a généré des bénéfices de 521 millions au dernier trimestre.

La plus internationale des banques canadiennes a des activités dans plus de 50 pays et une clientèle de 19 millions d'individus. La Scotia a une très forte présence dans 13 pays d'Amérique centrale et du sud où elle poursuit son développement.

Il y a deux semaines, la Scotia a annoncé l'acquisition de la banque Credito Familiar, qui compte 240 succursales dans la région de Mexico. La Scotia avait déjà un réseau de 700 succursales au Mexique.

Elle a annoncé le même jour l'acquisition de 51% de Colfondos, le quatrième fonds de pension en importance de Colombie avec plus de 9 milliards d'actifs sous gestion. En octobre dernier, la Scotia a dépensé 1 milliard pour réaliser l'achat de 51% des actions de la Banco Colpatria en Colombie qui opère un réseau de 175 succursales.

À l'instar des entreprises québécoises qui doivent réaliser des acquisitions à l'étranger pour assurer leur développement et viser des marchés en expansion, les banques canadiennes aussi doivent occuper des marchés à plus forte croissance pour continuer à générer des profits, comme viennent de nous le démontrer la BMO et la Scotia.