Bombardier a dévoilé hier matin les résultats financiers de son deuxième trimestre. Des résultats en recul par rapport à ceux de l'an dernier mais néanmoins relativement conformes aux attentes des analystes. Chose certaine, ce n'est pas avec de tels résultats que l'action de la multinationale québécoise va réaliser le décollage que de nombreux investisseurs espèrent depuis longtemps.

Au cours de son deuxième trimestre, Bombardier a enregistré des ventes inférieures à celles réalisées au cours du même trimestre de 2011, 4,2 milliards contre 4,7 milliards.

Même déception au chapitre des profits, l'entreprise a dégagé un bénéfice net de 182 millions plutôt que les 211 millions affichés l'an dernier.

Ce repli temporaire est conforme à ce que l'entreprise avait prévu et ne vient en rien réduire ses prévisions de revenus et de profits pour l'ensemble de l'exercice.

En téléconférence avec les analystes financiers, Pierre Beaudoin, PDG de Bombardier, a expliqué que ce sont les activités de la division transport qui ont marqué une nette régression par rapport à l'an dernier.

Les revenus des activités liées principalement au rail ont totalisé seulement 1,9 milliard contre les 2,7 milliards du trimestre correspondant l'an dernier. Un ajustement cyclique qui s'explique par la terminaison de certaines grandes commandes et la phase de démarrage de nouveaux projets qui ne contribuent pas encore au bilan de la société.

Pour donner une idée de la ponctualité de ce recul des revenus, Pierre Beaudoin a relevé que le carnet de commandes de sa division transport s'était enrichi de 2,9 milliards de nouveaux contrats durant le second trimestre.

Le secteur aéronautique qui depuis quelques années évolue souvent à l'ombre des performances de la division de transport - en termes de revenus générés - a bien fait au second trimestre alors que ses revenus sont passés de 2,1 milliards à 2,3 milliards.

Les analystes espéraient un peu plus de profits mais ils n'ont pas été choqués des résultats dévoilés hier. Le titre de Bombardier a toutefois encaissé une perte de valeur de 2,4% à la Bourse de Toronto pour terminer la journée à 3,67$.

Un prix d'aubaine selon certains analystes, qui considèrent que la valeur intrinsèque de Bombardier est de loin supérieure à celle que lui attribuent les investisseurs.

Le collègue Paul Durivage relevait hier que l'action de Bombardier frayait présentement dans les bas-fonds mais que plusieurs facteurs d'incertitudes extérieures à l'entreprise rebutaient les investisseurs.

Ce qui est vrai. Mais il est tout de même frustrant de constater que depuis les 10 dernières années, l'action de Bombardier ne s'est toujours pas remise des contrecoups des chocs qui l'ont frappée au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001, lorsque toute l'industrie aéronautique a été ébranlée.

Cette crise a forcé une douloureuse restructuration en 2003 lorsque Bombardier s'est même départie de sa division Produits récréatifs et que des dizaines de milliers d'emplois ont été supprimés dans les secteurs transport et aéronautique.

Depuis 2003, l'action du groupe québécois stagne dans les mêmes eaux même si l'entreprise a relevé ses marges et a diversifié ses marchés en lançant la CSeries.

On a souvent comparé Bombardier à un énorme paquebot qu'il n'est pas facile de faire virer rapidement. Et c'est exactement le cas.

L'entreprise manufacturière a des installations aux quatre coins de la planète (24 pays) et elle opère dans des secteurs industriels lourds qui nécessitent une abondante main-d'oeuvre (34 000 personnes).

La construction de trains ultrarapides, de wagons de chemins de fer ou de tramways ne s'exécute pas dans des locaux éthérés au 30e étage d'une tour de bureaux du centre-ville. Même chose pour l'assemblage d'aéronefs.

Tous ces facteurs inquiètent les investisseurs qui boudent le titre de Bombardier. Il faudra bien que l'entreprise trouve les moyens de les rassurer pour qu'on assiste un jour à son décollage boursier.