Cela fait maintenant six semaines que les 1800 salariés d'Aveos à Montréal ont perdu leur emploi. Cela fait aussi six semaines que le gouvernement fédéral ne fait rien pour relancer l'entreprise sous une nouvelle forme ou pour favoriser l'arrivée d'un acquéreur qui pourrait relancer ses activités de maintenance de la flotte d'Air Canada.

Vendredi dernier, le gouvernement du Québec a annoncé qu'il était prêt à offrir une aide financière à un éventuel acquéreur stratégique qui s'engagerait à reprendre les activités d'Aveos et à réembaucher un nombre significatif des 1800 travailleurs qui ont été jetés à la rue.

La vente des actifs d'Aveos devrait être terminée d'ici 10 semaines, selon le processus qu'a mis en branle un juge de la Cour supérieure du Québec.

Voilà les premières bonnes nouvelles qu'ont pu apprendre les 1800 ex-travailleurs d'Aveos depuis l'annonce de la fermeture sauvage de leur entreprise, le 19 mars dernier.

En fait, ils ont eu droit à d'autres nouvelles relativement bonnes. La semaine dernière, plusieurs employés licenciés d'Aveos ont eu droit à un premier chèque d'assurance emploi, même s'ils n'avaient pas encore obtenu leur avis officiel de cessation d'emploi de leur ex-employeur.

Quelques centaines de travailleurs ont aussi reçu leur chèque de paie pour les dernières semaines d'ouvrage qu'ils avaient travaillées chez Aveos. Enfin, les documents officiels de cessation d'emploi ont commencé à être livrés la semaine dernière comme ils auraient dû l'être il y a un bon bout de temps déjà.

Mais mise à part la bonne collaboration de certains fonctionnaires québécois de l'assurance emploi - qui ont facilité l'envoi de chèques malgré l'absence de documents officiels -, la contribution du gouvernement fédéral pour atténuer ou tenter de dénouer ce dossier de fermeture sauvage d'usine a été nulle.

Une non-intervention tout aussi inexplicable qu'inacceptable quand on sait que la loi fédérale qui a permis la privatisation d'Air Canada en 1988 stipulait noir sur blanc que le transporteur aérien devait maintenir ses centres d'entretien à Montréal, Mississauga et Winnipeg.

Dès le lendemain de l'annonce de la fermeture d'Aveos, le ministre fédéral des Transports, Denis Lebel, s'est lavé les mains de cette obligation légale en affirmant qu'Aveos était une entreprise privée et qu'il n'avait pas l'autorité pour intervenir dans une transaction impliquant deux sociétés privées.

Depuis ce jour, c'est le mot d'ordre qu'a suivi scrupuleusement le gouvernement fédéral. «On ne se mêle pas de ce dossier-là.»

J'ai rencontré hier Christian Paradis, ministre fédéral de l'Industrie, qui était conférencier à l'assemblée annuelle du Conseil du patronat du Québec. J'étais convaincu que le ministre allait être emballé par le possible rachat des actifs d'Aveos et qu'il travaillait activement à l'éventuelle reprise des activités de cet important sous-traitant d'Air Canada.

Pas du tout. Le fédéral n'est aucunement lié aux efforts de relance que sont en train d'orchestrer le ministère québécois du Développement économique, Investissement Québec et le Fonds de solidarité de la FTQ en vue de trouver un acquéreur stratégique des actifs d'Aveos.

S'il y a un programme fédéral approprié, le ministère de l'Industrie interviendra. Peut-être la Banque fédérale de développement. À l'heure actuelle, personne ne s'occupe du dossier. On attend, à Ottawa, de voir comment la relance se structure, a résumé le ministre qui se disait toutefois «fort sympathique» au sort des 1800 travailleurs licenciés.

C'est un peu là tout le problème du gouvernement conservateur à Ottawa. Sa sympathie n'est manifestement pas assortie d'une grande empathie tout comme elle est bien silencieuse devant un problème pourtant criant d'injustice.