Le Canadien a montré hier soir qu'il avait du coeur.

Il n'avait pas le choix: il devait gagner, au risque d'être hors de course. Combler un déficit de 0-3, ça arrive une fois par 30 ou 40 ans. Et comme les Flyers l'ont fait la semaine passée...

Le Canadien devait gagner. Mais il devait faire plus. Il devait dominer. S'affirmer. Pas juste marquer un petit but de plus que l'adversaire et se sauver avec une victoire plus ou moins méritée: prouver, après s'être fait javelliser deux fois de suite à Philadelphie, qu'il pouvait vraiment renverser la vapeur et lutter à armes égales avec les Flyers. Sur le plan de la robustesse, certes, mais aussi de la vitesse - la marque de commerce de l'équipe montréalaise, mal exploitée dans les premier et deuxième matchs.

Mission accomplie: le Canadien a joyeusement botté le cul des Flyers.

Le Canadien a joué avec une hargne qui lui faisait singulièrement défaut au cours des deux premiers matchs. Les nombreuses escarmouches survenues après les coups de sifflet résultaient en partie de la frustration grandissante des joueurs des Flyers, mais surtout du fait que deux ou trois joueurs du Canadien bourdonnaient constamment autour de la rondelle, prêts à saisir le moindre rebond un tantinet favorable - ou à défendre Jaroslav Halak si le jeu se déroulait près de son filet. Quand on fonce dans le trafic au lieu de prendre les voies de contournement, les collisions sont inévitables.

Au cours des deux premiers matchs, les gros défenseurs des Flyers, Chris Pronger en tête, avaient pour l'essentiel cadenassé l'enclave et les abords du filet de Michael Leighton. Pas hier soir. Soumis à une forte pression, même le grand Pronger, qui a fini sa soirée avec une fiche de -3, a cafouillé. Il a été directement responsable du deuxième but du Canadien, celui de Tom Pyatt, en échappant la rondelle aux mains de Dominic Moore à la sortie de sa zone.

Il faut dire que le troisième trio du Canadien, complété par Maxim Lapierre, a été sensationnel du début à la fin de la soirée. Moore a été un peu chanceux sur son but, la rondelle ayant rebondi sur Daniel Brière et Braydon Coburn avant de revenir sur son bâton. Mais le jeu a été la récompense d'une longue présence au cours de laquelle Moore, Lapierre et Pyatt avaient emprisonné les Flyers dans leur territoire. Du beau travail.

Depuis quelques jours, on répète, avec raison, que les Flyers comptent sur trois trios capables de produire à l'attaque. Hier, le Canadien a prouvé qu'il pouvait en dire autant quand tout le monde pousse à la roue.

«C'est une des clés, a dit Michael Cammalleri après la rencontre. Pour nous rendre où nous voulons aller, nous avons besoin de la contribution de tous les joueurs, tant en attaque qu'en défense. Personne n'a jamais gagné de championnat sans l'apport de tout le monde.»

La vitesse du Canadien a été pour beaucoup dans les nombreux cafouillages des défenseurs des Flyers, qui ont constamment dû précipiter leurs gestes. «C'est une question de timing, a dit Brian Gionta. On se présente ensemble en zone neutre, on entre plus vite en territoire adverse et on arrive à frapper leurs défenseurs avant qu'ils ne se débarrassent de la rondelle. On les force à se commettre, on est les premiers sur la rondelle et on remporte les batailles.»

Fait particulièrement encourageant, le Canadien n'a pas commis l'erreur de s'asseoir sur son avance et a plutôt maintenu un échec-avant serré du début à la fin. Il a aussi blanchi l'attaque à cinq des Flyers après avoir eu toutes sortes de problèmes sur ce plan à Philadelphie. Seule note négative: le CH a une fois de plus peiné à marquer en supériorité numérique. Le but de Marc-André Bergeron était un joli pied de nez aux Flyers dans les dernières secondes du match, un point d'exclamation pour remercier les bruyants partisans réunis au Centre Bell, mais il est quand même survenu à cinq contre trois.

Finalement, le Canadien a démontré qu'il ne craignait nullement le jeu rude. Les Flyers ont peut-être évacué leur frustration avec leurs punitions en fin de match, mais côté «message», c'est surtout celui du Canadien qu'on retient: nous ne reculerons pas.

On les croyait déjà morts et enterrés. On se trompait.