Joey Saputo n'a pu contenir ses larmes quand le moment est venu de remercier sa famille. Sans être aussi émotifs, les amateurs de soccer montréalais ne devraient pas être gênés d'afficher la même reconnaissance envers les propriétaires de la nouvelle franchise de la Major League Soccer.

Les Saputo - le groupe, puis la famille - ont porté le soccer professionnel à bout de bras depuis la fondation de l'Impact de Montréal, en 1993. Le club a connu des jours sombres quand il a brièvement appartenu au groupe financier Ionian, au tournant des années 2000, mais les Saputo étaient intervenus pour assurer la relance du club comme organisme sans but lucratif, en partenariat avec le gouvernement du Québec et Hydro-Québec.

 

Depuis, Joey Saputo a navigué habilement pour faire progresser le club qu'il préside, récompensé par trois championnats au fil de son histoire. De l'APSL à l'actuelle D-2 de la Fédération américaine de soccer en passant par la A-League et la USL-1, l'Impact s'est établi au fil des ans comme une organisation de sport aussi solide que crédible, tant sur le terrain qu'à l'extérieur.

Joey Saputo et son entourage ont fait beaucoup pour que Montréal s'inscrive de manière visible sur la carte mondiale du soccer, même si l'Impact était, et demeure jusqu'à nouvel ordre, un club modeste à l'échelle de la planète football. Pour ne citer que deux exemples: ils ont attiré chez nous le match du Trophée des Champions français entre Bordeaux et Guingamp, l'an dernier, et ils ont fait en sorte que le mythique AC Milan et la Fiorentina joueront à Montréal dans quelques semaines.

Sous la gouverne de Saputo, l'Impact a aussi investi dans le développement du soccer au Québec, que ce soit par des programmes de bourses ou, tout récemment, par la création de l'Académie de l'Impact de Montréal, son club pour les joueurs âgés de 17 à 21 ans. Cela devrait contribuer à assurer une relève québécoise de qualité - un aspect à ne pas négliger si l'Impact veut maintenir la présence de joueurs d'ici dans son alignement après son passage en MLS.

Surtout, les Saputo n'ont pas hésité à puiser dans leurs goussets. Il s'en trouvera sûrement pour déplorer que Québec accorde une subvention de 23 millions à l'expansion du stade Saputo. Mais la réalité est que la famille a payé de sa poche les 17 millions qu'a coûté la première phase du projet. Comme elle paiera les 40 millions de droits d'entrée dans la MLS.

C'est un investissement considérable dans un sport qui, il y a quelques années à peine, vivotait encore au stade du centre Claude-Robillard. C'est aussi un acte de foi dans l'avenir du foot à Montréal, un geste qui, peut-on espérer, contribuera à rétablir un certain équilibre dans l'écosystème sportif de Montréal. La ville vit pour le hockey, surtout ces jours-ci, et c'est très bien ainsi. Mais un peu de diversité ne fait jamais de tort. Juste pour ça, Joey Saputo et sa famille méritent qu'on leur dise merci.