L'Impact de Montréal est plus proche que jamais d'un passage en MLS. L'annonce du transfert en 2012 de l'équipe vers la meilleure ligue de soccer américaine pourrait même être faite d'ici moins d'un mois.

C'est du moins ce que croit le président de l'Impact, Joey Saputo. «S'il y a un délai, il sera assez court pour qu'on puisse faire une annonce avant notre saison», a-t-il dit, hier, en marge d'une conférence visant à annoncer la création d'un nouveau club-école à Montréal.

L'Impact ouvre sa saison à Austin le 11 avril et le premier match local aura lieu deux semaines plus tard. Si les prévisions de Saputo sont justes, les espoirs des amateurs de soccer montréalais, qui espèrent que l'Impact deviendra la troisième équipe canadienne de la MLS, après le Toronto FC et les Whitecaps de Vancouver, se concrétiseront donc très bientôt.

En fait, à entendre Saputo, l'affaire serait probablement déjà réglée si les négociations entourant le renouvellement de la convention collective des joueurs de la MLS ne traînaient pas en longueur.

Les joueurs, sans contrat de travail depuis le 25 février, menacent de faire la grève si une entente n'est pas conclue d'ici le 23 mars, 48 heures avant le match d'ouverture de la 15e saison de la MLS.

Même si un médiateur fédéral est impliqué depuis peu dans les négociations, le ton a monté au cours des derniers jours. Les joueurs rêvent notamment d'obtenir le droit à l'autonomie, une demande qui hérisse les dirigeants de la ligue, qui ont fait du contrôle des coûts une priorité absolue.

Le chef de la direction d'AEG, propriétaire du Galaxy de Los Angeles et du Dynamo de Houston, Tim Leiweke, a déclaré lundi au L.A. Times que les joueurs «manquaient de respect» envers les propriétaires d'équipes qui ont porté la ligue à bout de bras depuis sa fondation.

«Je ne sais pas comment réagir quand j'entends que les joueurs disent maintenant que nous les avons mal traités et qu'ils vont faire la grève.

«Le Galaxy ne fera pas d'argent cette année. Seules quelques équipes de la MLS (qui en compte 16) feront des profits cette saison. (...) S'ils veulent faire la grève, ils vont nous perdre.»

Malgré cette rhétorique enflammée, Joey Saputo n'est pas inquiet. «Ce n'est qu'une opinion personnelle, mais je ne pense pas qu'il y aura une grève, estime-t-il. Ça ne ferait pas seulement mal à la ligue, mais aussi aux joueurs. Le bon sens va l'emporter et la situation sera résolue.»

Le commissaire Don Garber le tient au courant de la situation, dit-il. «La négociation de la convention collective a retardé un peu notre processus, mais ça ne nous a pas découragés d'embarquer, pas plus que ça n'a découragé la MLS de nous inclure. Nous allons reprendre les discussions aussitôt que l'entente surviendra. Si ça se règle le 24 ou le 25, on espère reprendre les discussions dès la semaine du 29.»

En décembre, Don Garber avait rencontré à Montréal les dirigeants de l'Impact, le maire Gérald Tremblay et le ministre des Finances, Raymond Bachand. Qualifiant Montréal de «marché extraordinaire» pour la MLS, le commissaire avait qualifié les rencontres de «très productives». Joey Saputo avait dit espérer des nouvelles «dans le premier trimestre de l'année 2010».

Hier, il a indiqué qu'il ne reste que «de petits détails» à régler. Le coût de la franchise n'en fait pas partie: ce sera environ la même chose que ce qu'ont déboursé Vancouver et Portland, qui se joindront à la MLS l'an prochain: 35 millions.

La famille Saputo avait refusé de payer un tel prix lors de la dernière ronde d'expansion, à l'automne 2008, mais a depuis changé son fusil d'épaule. La différence, c'est que Québec, même si aucun engagement n'a été pris publiquement, semble désormais prêt à financer à hauteur de 25 millions l'agrandissement qui portera à 20 000 places la capacité du stade Saputo, le minimum exigé par la MLS. «Le gouvernement va attendre qu'on fasse l'annonce officielle de la franchise à Montréal pour annoncer que l'argent sera là pour agrandir le stade, a dit Saputo. Ce n'est pas un dossier qui m'inquiète du tout.»

Au fil des ans, le tennis et les Alouettes ont bénéficié de coups de pouce des gouvernements pour des travaux d'infrastructure. Franchement, ce ne serait que justice qu'on trouve quelque chose pour le soccer, surtout que la famille Saputo, qui a mis 17 millions dans la construction de la première phase du stade qui porte son nom, a prouvé qu'elle était prête à faire sa part.

Un nouveau club-école

Les amateurs de soccer montréalais en auront plus à se mettre sous la dent cet été: l'Impact a fait l'acquisition d'une franchise de la Ligue canadienne et installera son nouveau club-école, l'Académie de l'Impact de Montréal, au stade Saputo.

L'Académie remplacera l'Attak de Trois-Rivières, qui n'appartenait pas à l'Impact, et se concentrera sur le développement de joueurs québécois de 17 à 21 ans. L'Impact, qui a annoncé hier la mise sous contrat de trois joueurs issus de l'Attak - l'attaquant Reda Agourram, le gardien Andrei Badescu et le milieu de terrain Pierre-Rudolph Mayard -, y voit la première étape d'un programme de développement qui pourrait un jour inclure des équipes U16 et U14.

Le club vise la Major League Soccer, mais il puise de toute évidence son inspiration dans les programmes de développement des grands clubs européens. Ce n'est pas une mauvaise idée.

 

Photo: Robert Skinner, La Presse

Le président de l'Impact de Montréal, Joey Saputo.