C'est pour ça qu'on aime le baseball au mois d'octobre.

Si vous avez regardé la première période du match Canadiens-Flames plutôt que le match suicide entre les Twins du Minnesota et les Tigers de Detroit, mardi soir, vous vous êtes privés d'un spectacle comme seul le baseball peut nous en offrir. Du grand théâtre: dramatique, imprévisible... et long comme une pièce de Robert Lepage.

Ce n'est pas une critique. J'adore Lepage, mais surtout, l'espace d'une soirée, vissé devant ma télé, j'ai oublié tous mes griefs contre les parties interminables que le baseball majeur a la mauvaise habitude de nous servir. Douze manches? Quatre heures et 37 minutes? J'en aurais pris le double.

 

Je ne veux pas être sacrilège, mais la victoire de 6-5 des Twins m'a rappelé le fameux sixième match de la Série mondiale de 1975 entre les Red Sox de Boston et la «Grosse machine rouge» des Reds de Cincinnati. (Allez revoir le dernier épisode du magnifique documentaire Baseball, de Ken Burns, si vous êtes trop jeune pour savoir de quoi je parle.)

Non, Carlton Fisk n'est pas ressorti du Temple de la renommée pour frapper un coup de circuit victorieux. Mais il y a des ressemblances. Et pas seulement parce que les deux matchs ont nécessité 12 manches.

Magglio Ordonez a frappé un circuit pour égaler la marque en huitième, un peu comme Bernie Carbo l'avait fait il y a 34 ans. Le releveur des Twins Joe Nathan s'est sorti d'une situation impossible - aucun retrait, coureurs au premier et troisième buts - en neuvième, comme Will McEnaney - aucun retrait, buts remplis - l'avait fait jadis pour les Reds. Et le voltigeur de gauche Ryan Raburn, des Tigers, a épinglé Alexi Casilla au marbre en 10e, comme George Foster avait pincé Denny Doyle, à l'époque.

Casilla a eu l'air fou sur le jeu. Mais c'est la beauté du baseball: il s'est racheté à la manche suivante en frappant le simple qui a poussé Carlos Gomez au marbre. D'un seul élan, il a permis au Twins de compléter l'invraisemblable remontée qui les a vus remporter 17 de leurs 21 derniers matchs. Et coiffer au poteau les Tigers, qui détenaient une avance de sept parties en tête de leur division, il y a un mois à peine. Tout ça dans le 163e et dernier match de saison régulière, devant une foule record de 54 088 spectateurs.

«J'imagine qu'il faut dire qu'il y a un perdant, parce que nous avons perdu la partie. Mais j'ai peine à croire qu'il y a un perdant», a dit le gérant des Tigers, Jim Leyland. Il y a certainement un gagnant: l'amateur de baseball et l'amateur de sport tout court.

Dans le sport de Babe Ruth, l'automne est la saison des miracles. La saison où naissent les légendes. Rappelez-vous le sacre inattendu des Mets face aux tout-puissants Orioles lors de la Série mondiale de 1969. Ou les trois circuits en trois élans contre trois lanceurs différents de Reggie Jackson dans le sixième match de la Série mondiale de 1977. Le coup de circuit «sur une jambe» de Kirk Gibson. Et bien sûr la remontée inouïe des Red Sox contre l'Empire du mal en série de championnat de la Ligue américaine, en 2004.

(Les partisans des Red Sox peuvent insérer ici leur blague sur le miracle qu'on attend toujours: une belle performance d'Alex Rodriguez en séries.)

Le miracle, cette fois-ci, serait sûrement que les Twins parviennent à vaincre les intimidants Yankees en série de division. Pourront-ils continuer indéfiniment sur leur lancée et retarder encore bien longtemps leurs adieux au Metrodome, qu'ils quitteront pour un nouveau stade au terme de la saison? La question taraude sûrement le gérant Ron Gardenhire, ses joueurs et le Tout-Minneapolis-St.Paul. Mais vu d'ici, franchement, c'est sans importance. Qu'ils gagnent ou qu'ils perdent, les Twins de 2009 ont écrit mardi une nouvelle page de la riche histoire du baseball automnal. Ils nous ont fait vibrer et nous ont fait croire, l'espace d'une soirée, qu'il n'y a vraiment rien d'impossible. Que peut-on demander de plus?

L'Impact en semi-direct

Bonne nouvelle. Radio-Canada a finalement décidé de télédiffuser le match aller de la finale de l'Impact, qui aura lieu samedi à Vancouver. Enfin, une partie du match. La première demie du duel opposant la troupe de l'entraîneur Marc Dos Santos aux Whitecaps ne sera disponible qu'en webdiffusion - faudrait quand même pas annuler la leçon d'anatomie de la Dre Grey! - mais la seconde demie sera diffusée en direct à la télé à compter de 22h30.

J'imagine que c'est un progrès.