La saison du Canadien n'est pas encore commencée, mais l'influence positive de Jacques Martin se fait déjà sentir.

La rétrogradation de Sergei Kostitsyn dans la Ligue américaine n'est pas seulement une claque méritée derrière la tête d'un jeune joueur talentueux qui a pris de bien mauvais plis. Elle constitue aussi un message sans équivoque à l'ensemble des joueurs qui entreprendront la saison 2009-2010 à Montréal: faites votre travail avec sérieux, sinon...

En juin, j'ai passé une heure en tête-à-tête avec Jacques Martin, dans son bureau au centre d'entraînement du Canadien à Brossard. L'article qui en avait résulté s'intitulait: «Le professeur». Un clin d'oeil au premier métier du nouvel entraîneur du CH, qui a longtemps enseigné dans un collège d'Ottawa, mais aussi une allusion à ses indéniables qualités de pédagogue du hockey.

Or, les professeurs qui nous marquent le plus ne sont habituellement pas ceux qui laissent la pagaille s'installer. Ceux-là, on les aime sur le coup, mais on les oublie vite. Non, ceux qui nous laissent une impression durable sont ceux qui nous poussent constamment à nous dépasser, quitte à imposer une discipline serrée dans les rangs de la classe (ou, en l'occurrence, dans le vestiaire). Qui aime bien châtie bien.

Le cadet des frères K. était une cible évidente pour Martin, qui l'avait déjà houspillé publiquement lors d'une séance d'entraînement, la semaine dernière. Quand un coéquipier n'hésite pas à remettre publiquement en question ton ardeur au travail, comme l'a fait Tomas Plekanec à l'endroit du cadet des frères K., c'est que tu commences à avoir poussé le bouchon un peu trop loin.

Il faut souhaiter que Kostitsyn, déjà renvoyé chez les Bulldogs l'hiver dernier dans la foulée des révélations de La Presse sur ses accointances douteuses avec une figure connue du crime organisé montréalais, profite de l'occasion qui lui est donnée pour finalement se prendre en main.

On le saura bien assez tôt. En attendant, nul doute que tous les joueurs du Canadien, les nombreux nouveaux venus comme les vétérans de la campagne désastreuse de l'an dernier, ont capté le signal sans équivoque envoyé par leur entraîneur.

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La dernière fois qu'on s'est parlé, c'était dans le journal du 2 juillet, juste avant que je ne parte en congé de paternité (le petit deuxième se porte à merveille, merci beaucoup). Et Bob Gainey venait de connaître sa journée la plus hyperactive en six ans à titre de directeur général du Canadien.

Vingt-quatre heures après avoir fait l'acquisition de Scott Gomez et de son imposant contrat, Gainey a embauché Mike Cammalleri, Jaroslav Spacek, Hal Gill et Brian Gionta en moins de temps qu'il n'en faut pour dire «du passé, faisons table rase». Paul Mara et Travis Moen se sont ajoutés dans les jours suivants.

Exit Saku Koivu, Alex Kovalev, Alex Tanguay, Mike Komisarek, Chris Higgins, Robert Lang, Mathieu Dandenault, Francis Bouillon, Tom Kostopoulos, Mathieu Schneider et Patrice Brisebois. Ouf! Une purge sans précédent, que n'aurait pas reniée Joseph Staline à l'époque où il envoyait ses compatriotes par millions dans les goulags de Sibérie. (Aujourd'hui, on se contente gentiment de les exiler à Ottawa ou à Anaheim.)

Pour sauver ce qui restait de l'année du centenaire et relancer une équipe en pleine débandade, il fallait sans doute faire maison nette. Mais l'histoire de la Ligue nationale de hockey nous enseigne que pareil roulement de personnel n'est pas une garantie de succès. Bien au contraire. Pensez aux Penguins d'après le lock-out, qui avaient ajouté non seulement Sidney Crosby, mais aussi des gros noms tels Sergei Gonchar, Mark Recchi, John LeClair et Zigmund Palffy à leur formation. Quelques mois de médiocrité plus tard, l'entraîneur Ed Olczyk et le DG Craig Patrick étaient au chômage...

Un tel sort ne menace toutefois pas Jacques Martin. Sa vaste expérience et l'attention qu'il porte aux moindres détails devraient lui permettre de faire naître assez rapidement la cohésion essentielle à une équipe gagnante. Et le style de jeu serré qu'il préconise devrait donner à Carey Price un environnement idéal pour retrouver ses marques et relancer une carrière partie de travers à l'hiver 2009.

En fait, c'est en grande partie à cause de Martin et de son influence stabilisante que j'ai prédit au Canadien une septième place dans l'Est. Ça et la relative faiblesse de l'Association dans laquelle évolue le CH. Il en arracherait pas mal plus s'il jouait dans l'autre moitié du continent. La concurrence y est autrement plus féroce.

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