Il serait beaucoup plus facile de rejeter du revers de la main les allégations d'un obscur culturiste de la Floride qui affirme avoir vendu des stéroïdes à des joueurs des Capitals de Washington si le programme antidopage de la Ligue nationale de hockey n'était pas une véritable passoire et, disons-le, un appel à la tricherie.

La LNH n'a pas perdu de temps à réagir quand la nouvelle a fait surface que Richard Thomas, un homme arrêté lors d'une importante saisie de stéroïdes anabolisants, mardi, prétendait être un fournisseur de joueurs des Caps et des Nationals de Washington.

Dans un communiqué, le commissaire adjoint Bill Daly a souligné que chaque joueur des Capitals avait été testé à trois reprises au cours des deux dernières saisons, sans qu'aucun contrôle ne se révèle positif.

C'est de bonne guerre. Avant de se mettre à faire le procès des joueurs des Capitals, attendons de voir si l'enquête de la police du comté de Polk, en Floride, produira des informations plus solides que les vagues allégations d'un individu douteux.

La LNH reste néanmoins éminemment vulnérable au dopage, quoi qu'en dise son commissaire, Gary Bettman, qui affirmait sans rire, l'an dernier, que «les bénéfices allégués de l'usage de stéroïdes ne sont pas compatibles avec le fait de jouer au hockey au plus haut niveau».

La politique antidopage sur laquelle se sont entendus la LNH et l'Association des joueurs au retour du lock-out de 2004-2005 est éminemment laxiste. Les joueurs de la LNH ne sont pas testés au cours de l'été, ce qui ouvre toute grande la porte aux abus pendant la préparation physique de l'intersaison. Ils ne sont pas testés pendant les séries éliminatoires. Ils ne sont pas testés pour les stimulants, qui sont sans doute un problème plus aigu que les stéroïdes (il y a quelques années, Stéphane Quintal affirmait que 40% des joueurs qu'il avait côtoyés au cours de sa carrière y avaient eu recours). Et ils ne sont pas soumis à des tests sanguins, seule manière de détecter la présence d'hormone de croissance humaine.

Le fait qu'un seul joueur (Sean Hill) ait jusqu'ici échoué à un test administré par la LNH est tout sauf une preuve que le hockey, entre tous les sports, est miraculeusement épargné par le dopage. Avec une politique aussi pleine de trous, c'est déjà un miracle que quelqu'un ait été pris en flagrant délit. «Il faut être un idiot - un crétin fini - pour se faire prendre avec un système comme ça», disait ce printemps Charles Yesalis, un spécialiste américain du dopage.

Je ne saurais mieux dire.

Le silence d'Éric Gagné

Comme me le faisait remarquer un collègue, on a crucifié des athlètes amateurs soupçonnés de dopage pour moins que ça.

Éric Gagné continue de répéter qu'il ne veut pas parler du passé lorsqu'on lui demande comment il se fait que son nom s'est retrouvé dans le rapport Mitchell sur le dopage dans le baseball majeur. Les sceptiques - dont je suis - ne manqueront pas de souligner que la meilleure façon de ne pas mentir est encore de ne rien dire.

La venue de Gagné chez les Capitales de Québec est tout de même bienvenue, dans la mesure où elle stimulera l'intérêt pour cette sympathique équipe en dehors de la Vieille Capitale, où elle est déjà fort populaire. Mais après toutes les blessures qui ont affligé l'ancien vainqueur du trophée Cy-Young ces dernières années, il est difficile de ne pas être sceptique quant à ses chances de revenir un jour dans le baseball majeur.

Bute-Froch toujours dans les cartes

Il est toujours possible que Lucian Bute affronte l'Anglais Carl Froch dans un combat d'unification des ceintures IBF et WBC des super-moyens, cet automne, mais les chances qu'un tel combat ait lieu à Montréal sont faibles.

«Avec sa victoire contre Jermain Taylor, Froch a plus de leverage avec la télé américaine. Il a battu un boxeur américain populaire aux États-Unis, ce qu'on n'a pas encore fait, reconnaît Jean Bédard, d'InterBox. Les chances qu'un combat contre Froch ait lieu à Montréal ne sont pas fortes.»

InterBox négocie présentement avec le promoteur de Froch, Mick Hennessy. Celui-ci aimerait que le combat ait lieu à Nottingham, la ville natale du «Cobra». «Tu veux bien traverser l'océan, mais la question est de savoir à quel prix», dit Bédard. Froch - qui se dit prêt à se battre à deux heures du matin pour que le combat soit diffusé aux heures de grande écoute aux États-Unis - avait conquis à Nottingham le titre vacant du WBC en remportant une décision unanime contre Jean Pascal, en décembre.

Il ne fait pas de doute qu'InterBox préférerait un combat Bute-Froch au match de défense obligatoire que le boxeur montréalais doit livrer à Librado Andrade. «On est heureux avec Andrade, mais on essaie de voir comment on pourrait être encore plus heureux», dit Bédard.

Ça se comprend: remplir le Centre Bell pour Bute-Andrade II, c'est bien. Empocher les gros sous de la télé américaine, c'est mieux. À condition bien sûr que Showtime soit vraiment intéressé à sortir les billets verts pour un combat entre un Britannique et un Canadien d'origine roumaine...