Patrick Roy n'a sûrement pas besoin de l'avis d'un chroniqueur pour prendre sa décision, mais s'il a l'occasion de devenir entraîneur de l'Avalanche du Colorado, il devrait sauter dessus.

Après quatre saisons à la barre des Remparts de Québec, Roy a fait le tour du jardin. Il a déjà gagné la Coupe Memorial (en 2006). Et malgré les couacs occasionnels (qu'on pense à l'agression commise par son fils Jonathan aux dépens du gardien Bobby Nadeau), il a prouvé que son leadership, même s'il s'exprime aujourd'hui différemment, reste aussi efficace qu'à l'époque où il brillait devant le filet du Canadien et de l'Avalanche.

Pour un homme aussi compétitif que Roy, le moment est venu d'aller se mesurer aux meilleurs. C'est-à-dire dans la Ligue nationale de hockey. Après tout, il a déjà exaucé son souhait de diriger ses deux fils. L'aîné, Jonathan, vient d'abandonner le hockey pour la musique, tandis que le plus jeune, Frédérick, n'est pas certain de vouloir revenir chez les Remparts l'an prochain.

Il y a une dizaine de jours, Roy a visité Pierre Lacroix, son ancien agent, à Denver. À son retour à Québec, il a dit au Soleil qu'il était prêt à écouter toute offre qu'un club de la LNH pourrait lui présenter. Il a mentionné précisément l'Avalanche et le Canadien. Le genre de déclaration qui donne à penser que Roy est mûr pour faire la transition vers les rangs professionnels.

Si Lacroix lui a bel et bien proposé de remplacer Tony Granato à la barre de l'Avalanche, comme le rapportait hier le Denver Post, Roy devrait sauter dans le premier avion pour le Colorado. Joint hier par Radio-Canada, Roy a toutefois nié avoir reçu une offre. «Mais je ne commenterai pas», a-t-il ajouté. Se pourrait-il qu'il joue avec les mots? Se pourrait-il que Lacroix lui ait dit : «Si tu veux le job, tu l'as» et que Roy n'ait tout simplement pas terminé sa réflexion?

L'avenir nous le dira. Mais une chose est sûre: il serait préférable pour Roy de connaître son baptême d'entraîneur chez les pros à Denver plutôt qu'à Montréal. Il est déjà difficile pour un entraîneur de faire le saut des rangs juniors à la Ligue nationale. Ça l'est doublement si l'atterrissage a lieu dans la poudrière du Centre Bell.

On l'adore ou on le déteste

Le Canadien tirerait sûrement profit du désir de vaincre surdimensionné d'un gars comme Roy. Mais on disait la même chose de Guy Carbonneau. Ça n'a pas empêché le règne de Carbo, autre entraîneur qui n'avait jamais dirigé une équipe de la LNH, de connaître la fin abrupte que l'on sait.

À Montréal, Roy demeure une figure polarisante. On l'adore ou on le déteste. Même si le retrait de son chandail a marqué la réconciliation de l'enfant prodigue avec la famille qu'il avait quittée en décembre 1995, il y a encore bien des partisans (et des journalistes) qui demanderaient sa tête au moindre prétexte.

Au Colorado, Roy ne serait pas plongé dans la marmite médiatique tous les jours. Il n'aurait pas 36 caméras braquées sur lui soir après soir, prêtes à capter le moment, inévitable, où son tempérament bouillant prendrait le dessus. Il aurait le temps de trouver ses marques sous la protection bienveillante de Lacroix.

Roy ne pourrait pas faire pire que Granato, qui a mené cette année l'Avalanche au dernier rang de l'Association de l'Ouest et à la pire fiche offensive de la LNH.

De toute façon, l'avenir du CH baigne toujours dans l'incertitude. Les acheteurs potentiels étudient les livres du club ces jours-ci, dit-on. On ignore à qui appartiendra le club dans quelques semaines. Alors il est doublement difficile de savoir si Roy est sur les rangs pour le poste d'entraîneur-chef. Pas sûr que Bob Gainey lui-même le sache, d'ailleurs...

Ward impressionne

Le Canada, c'est connu, veut terminer les Jeux olympiques de Vancouver en tête du tableau des médailles. Mais si on sondait le coeur du Canadien moyen, mon petit doigt me dit qu'il serait prêt à laisser tomber quelques médailles en skeleton ou en bobsleigh en retour de l'assurance que le pays gagnera l'or au hockey.

Rien n'est moins sûr. L'équipe nationale masculine s'est inclinée devant la Russie au récent championnat du monde, l'équipe féminine avait fait de même contre les États-Unis, quelques semaines plus tôt, tandis que l'équipe (masculine) de hockey sur luge s'est contentée du bronze.

À Hockey Canada, on sent poindre l'inquiétude. «La médaille d'argent ne suffit pas. Nous ne devrions pas nous en contenter. On m'a donné plein pouvoir afin que je fasse tout ce qui est possible pour que nous gagnions trois médailles d'or (à Vancouver)», a dit ce week-end le PDG de l'organisation, Bob Nicholson.

Bien de l'eau coulera sous les ponts d'ici février 2010. Permettez-moi tout de même une petite suggestion. Elle tient en deux mots : Cam Ward. Au cours des séries actuelles, le vainqueur du trophée Conn-Smythe en 2006 présente une fiche de 3-0, une moyenne de 1,51 et un taux d'efficacité de 0,948 dans les matchs où les Hurricanes de la Caroline font face à l'élimination. Sa fiche en carrière dans le septième match d'une série : quatre victoires, aucune défaite. La pression? Connaît pas.

En voilà un qui pourrait faire la barbe à Roberto Luongo et à Martin Brodeur.